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Milano mix

Quand le duo créatif de Studiopepe rafraîchit un appartemen­t années 1920 pour que l’une d’elles y vive avec son mari et sa fille, on pressent que l’endroit, forcément intéressan­t, fera l’objet d’une rénovation subtile et hautement excitante.

- Andrea Ferrari PHOTOS Nicolas Milon TEXTE

Cet appartemen­t est une sorte de manifeste, à la fois projet privé et projet de l’agence, expliquent Arianna Lelli Mami et Chiara Di Pinto, les fondatrice­s de Studiopepe. Il contient beaucoup d’éléments que nous avons conçus ou de couleurs sur lesquelles nous avons travaillé, superposan­t oeuvres d’art, collection­s d’objets et photos. Il traduit notre façon d’envisager notre travail. » Situé au quatrième étage d’un immeuble dont l’escalier Art déco et la statue en marbre impression­nent, même à Milan, le grand appartemen­t en double exposition offre à la fois une vue inoubliabl­e sur la ville, de très hauts plafonds et beaucoup de lumière. La rénovation fut rapide – à peine quatre mois – car s’il fut décidé de mettre au jour les sols d’origine, de supprimer les moquettes, les faux plafonds et quelques portes

– et d’en ouvrir d’autres –, il ne fut pas question d’intervenir sur la structure. En revanche, la décoration prit plus de temps… trois ans ! « Nous avons emménagé au bout d’un an, précise Arianna, mais lorsqu’il s’agit de votre propre maison, vous avez beaucoup d’idées et surtout, vous en changez souvent… Vous voulez quelque chose de spécial mais aussi un intérieur dans lequel vous pourrez vivre. »

Un travail particulie­r a été mené sur la couleur, une des marques de fabrique de Studiopepe. « Elle vous aide dans la perception de l’espace, le rend plus grand ou plus petit ou, selon les angles, donne des reflets et des nuances qui l’architectu­rent. » D’où l’utilisatio­n dans le couloir, par exemple, d’une tonalité sombre pour le rendre plus intime. Ou, pour le salon, d’un marron glacé très doux qui se marie bien avec les meubles et objets en matières naturelles, rehaussé de touches de couleurs subtiles, comme les coussins du canapé. Le vert de la chambre a été plus difficile à trouver, car c’est un ton

qui absorbe beaucoup la lumière, d’où l’équilibre à trouver dans une nuance foncée mais pas trop, tout en étant intense. « Nous avons fait tellement de tests… On est en général plus rapides », s’amuse le duo.

Minutieuse­s associatio­ns

Afin de laisser s’exprimer les couleurs, les meubles sont peu nombreux et les murs ont été gardés libres pour les tirages d’Andrea Ferrari, le mari photograph­e d’Arianna, ainsi que des tableaux et collages d’Arianna, des portraits de famille… Dans le bureau, de grands placards occupent tout un pan de mur, revêtu de peinture unie à la façon de boiseries contempora­ines. Dans le hall d’entrée, qui a gardé ses amples dimensions, une lampe réalisée spécialeme­nt par Studiopepe et une assise en marbre, prototype destiné à l’éditeur Atelier de Troupe, côtoient les photograph­ies d’Andrea. Ailleurs, une lampe de Michele De Lucchi, une table de Joe Colombo et une chaise de Carlo Scarpa cohabitent avec un vase Kora noir, toute première création design de Studiopepe devenue iconique, ou encore une console, autre prototype d’un projet mené autour du marbre recyclé… Des pièces travaillée­s avec des chutes de matériaux, des rebuts dont la beauté provient justement de leur imperfecti­on. « Nous avons beaucoup expériment­é et conçu de nombreuses choses sur mesure. » Comme le canapé, les chaises, le tapis en laine naturelle Lunar Addiction, sans teinture ni couleurs, mais comprenant différents types de laine, de nouage, tout en superposit­ion, qui sera finalement édité par cc-tapis. Un travail de fabricatio­n très soigné a donc été mené pour cet appartemen­t des années 1930 qui évoque la célèbre Villa Necchi de Piero Portaluppi et présente de nombreux éléments typiques de l’époque, tels le sol en mosaïque de marbre et les portes au dessin si particulie­r. Un appartemen­t qui reflète toutes les obsessions du duo de Studiopepe pour les marchés aux puces, les objets trouvés, la collecte de pièces disparates, pierres, coquillage­s, et pour qui

« collection­ner des choses, c’est collection­ner des idées ».

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 ??  ?? DANS LE COULOIR, la bibliothèq­ue en bois et peinture brossée a été conçue par Studiopepe. Les portes, tout comme le sol en mosaïque de marbre, sont d’origine.
DANS LE SALON, devant un canapé conçu par Studiopepe et habillé de velours (Dedar), une table Os en aluminium (Atelier de Troupe). On aperçoit dans le couloir la bibliothèq­ue et ses pieds en marbre Cipollino.
DANS LE COULOIR, la bibliothèq­ue en bois et peinture brossée a été conçue par Studiopepe. Les portes, tout comme le sol en mosaïque de marbre, sont d’origine. DANS LE SALON, devant un canapé conçu par Studiopepe et habillé de velours (Dedar), une table Os en aluminium (Atelier de Troupe). On aperçoit dans le couloir la bibliothèq­ue et ses pieds en marbre Cipollino.
 ??  ?? DANS LE BUREAU, des boiseries très géométriqu­es dissimulen­t de grands placards. Devant, un fauteuil vintage d’Afra et Tobia Scarpa pour Cassina et une table de jeu de Joe Colombo pour Zanotta. Suspension Two Spheres ( Atelier Areti).
DANS LE BUREAU, des boiseries très géométriqu­es dissimulen­t de grands placards. Devant, un fauteuil vintage d’Afra et Tobia Scarpa pour Cassina et une table de jeu de Joe Colombo pour Zanotta. Suspension Two Spheres ( Atelier Areti).
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L’ARCHITECTE D’INTÉRIEUR Arianna Lelli Mami, le photograph­e Andrea Ferrari et leur fille Sofia Clara. Le placard-boiserie en arrière-plan est décoré de dessins géométriqu­es au crayon inspirés de Gio Ponti.

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