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Un été chez Andy Warhol

- Sophie Pinet PAR

En 1972, l’artiste reçoit ses amis, les personnali­tés les plus glamour de l’époque, dans sa nouvelle propriété de Montauk, dans les Hamptons, pour des vacances devenues mythiques.

En 1972, le célébrissi­me artiste vient d’acquérir une propriété à Montauk, dans les Hamptons. Dans cet ensemble de petites maisons typiques de la côte est, il reçoit ses amis, les personnali­tés les plus glamour de l’époque, de Jackie O. à Mick Jagger. Récit d’un été brûlant.

sur la plage au pied de la maison, dans le journal filmé de Jonas Mekas.

DANS LA CUISINE,

Après cet été de l’année 1972, rien ne sera plus comme avant. La parenthèse heureuse vécue par ce petit groupe issu de la scène artistique et aristocrat­ique assurément la plus glamour du moment se refermera, laissant derrière elle ses idylles et ses souvenirs se muer en légendes avec le temps, au gré des retrouvail­les des uns, et des disparitio­ns des autres. Alors que se passa-t-il de si particulie­r cette année-là ? On parla d’une ode au bonheur et à l’amitié initiée par Andy Warhol. Et ce fut réellement le cas. Tout commença en 1971 quand le pape du pop art, qui régnait depuis plus d’une décennie sur la scène artistique après avoir fondé la Factory et essuyé une tentative d’assassinat, se mit en quête d’une résidence secondaire. Fuyant les stations balnéaires

huppées de la côte est, il se retrouva à Montauk, au bout de la presqu’île de Long Island. Là où Stanford White avait bâti, dans les années 1930, un chapelet de maisons en bois blanc surmontées de toits en ardoises, surplomban­t l’océan Atlantique. Ce riche homme d’affaires venu d’Idaho avait l’habitude d’y passer ses mois de septembre, entouré de sa famille, pour se consacrer à son activité favorite : la pêche au bar. L’ensemble, isolé dans la nature, que l’on rejoignait après avoir emprunté un long chemin sinueux, séduisit d’emblée l’artiste qui l’acheta en copropriét­é avec Paul Morrissey – son manager mais surtout le cinéaste officiel de la Factory – pour 225 000 dollars.

Ainsi, la factory possédait désormais son summer camp. Ou sa propre version de Hyannis Port – historique propriété des Kennedy située un peu plus au nord sur la presqu’île de Cape Cod –, mais avec les deux soeurs Bouvier en figures tutélaires de la bonne société américaine. Car elles débarquère­nt dès le premier été, louant la maison principale.

Le temps d’un été

Prologue. La saison estivale avait en réalité connu quelques balbutieme­nts un peu plus tôt, ou plus précisémen­t quelques mois auparavant, de l’autre côté du globe, lorsque l’ancienne first lady devenue Onassis avait invitée sa soeur Lee Radziwill à venir passer quelques jours sur l’île de Skorpio, petit cailloux grec posé au milieu des eaux turquoises de la Méditerran­ée, et propriété mythique de son nouvel époux, le célèbre armateur milliardai­re. Lee était venue en famille, avec son prince de mari, Stanislas Radziwill, dit « Stas », et leurs enfants, Tina et Anthony. Et puis il y avait Peter Beard, un ami, qui avait récemment pris l’habitude de suivre Jackie en vacances, et s’était pris d’affection pour ses enfants, Caroline et John Jr., incarnant désormais pour eux une sorte d’oncle bienveilla­nt, voire une figure paternelle. Il faut dire que Peter Beard aurait pu être un Kennedy. Même famille aisée, même genre d’éducation, stricte et cultivée, scellée sur les bancs de Yale. Mais il aurait été le plus irrévérenc­ieux d’entre eux, celui qui agace autant qu’il attire par sa beauté insolente. Celui capable d’arriver en smoking pieds nus à une soirée, et d’emporter la foule par son esprit aussi irrésistib­le que son sourire. « Mi-Byron mi-Tarzan », écrira plus tard Bob Colacello dans Vanity Fair. Soit le genre d’homme dans lequel les femmes se perdent. Ce fut le cas de Lee. Un coup de foudre immédiat. Au lendemain de son séjour à Skorpio, elle quitta son prince et sa vie mondaine londonienn­e pour poursuivre sa romance avec le photograph­e sous les cieux de Montauk. Et c’est ainsi que l’histoire d’Eothen, nom de la propriété, démarra. Lee Radziwill connaissai­t bien Andy Warhol. « Pee Bee », surnom de Peter Beard, aussi. À vrai dire, tout le monde se connaissai­t. Et si les deux soeurs Bouvier et leurs enfants avaient investi

ANDY WARHOL,

dansent dans le salon devant la caméra de Jonas Mekas.

L’ÉCRIVAIN TRUMAN CAPOTE la maison principale.

depuis le jardin.

 ??  ?? DEUX PAGES EXTRAITES d’un des carnets réalisés cet- été là par le photograph­e Peter Beard. La petite bande (dont Andy Warhol, Lee Radziwill, ses enfants Anthony et Tina), sur la plage située au pied de la propriété. On retrouve ces pages dans le livre Happy Times de Lee Radziwill (Éditions Assouline).
DEUX PAGES EXTRAITES d’un des carnets réalisés cet- été là par le photograph­e Peter Beard. La petite bande (dont Andy Warhol, Lee Radziwill, ses enfants Anthony et Tina), sur la plage située au pied de la propriété. On retrouve ces pages dans le livre Happy Times de Lee Radziwill (Éditions Assouline).
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Andy Warhol et son business manager Fred Hughes.
ANTHONY RADZIWILL ET JOHN F. KENNEDY JR Andy Warhol et son business manager Fred Hughes.
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photograph­ié dans le salon par Peter Beard.
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ANTHONY RADZIWILL ET JOHN F. KENNEDY JR.
KEITH RICHARDS prépare à manger dans la cuisine.
PETER BEARD revient de la plage avec une chèvre. ANTHONY RADZIWILL ET JOHN F. KENNEDY JR. KEITH RICHARDS prépare à manger dans la cuisine.
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SUR UN BATEAU offert par Aristote Onassis à Caroline Kennedy, Bianca Jagger (de dos), Mick Jagger et Lee Radziwill.
LA MAISON devant SUR UN BATEAU offert par Aristote Onassis à Caroline Kennedy, Bianca Jagger (de dos), Mick Jagger et Lee Radziwill.

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