Le style d’aujourd’hui
De la couleur, un espace repensé pour la vie de famille, des meubles et des oeuvres sur mesure… Pour un couple et ses enfants, le décorateur Pierre Yovanovitch a transformé un appartement classique en vrai lieu à vivre.
De la couleur, un espace repensé, des meubles et des oeuvres sur mesure… le décorateur Pierre Yovanovitch a transformé un appartement classique en lieu à vivre en famille.
C’est un appartement parisien classique, que veut investir un couple pour y vivre avec ses enfants. S’ils sollicitent plusieurs décorateurs et architectes d’intérieur, la décision ne se fait pas attendre : ce sera Pierre Yovanovitch qui prendra en main leur chantier, lui dont ils sentent qu’il a le potentiel de leur imaginer un décor simple et pourtant sophistiqué, confortable mais cultivé, correspondant à la vie quotidienne d’une famille tout en restant élégant. L’appartement, dans un immeuble ancien, a eu plusieurs vies ; la dernière lui a laissé un décor Napoléon III assez chargé, tout en velours et couleurs sombres. Il va falloir balayer ce passé et laisser entrer la lumière. Autre nécessité, celle d’imaginer une nouvelle circulation dans l’espace puisque le couple a fait l’acquisition de garages dans la cour qui, réunis à l’étage, vont transformer l’espace en duplex. Enfin, la cuisine étant au fond de l’appartement, il faut la remettre au centre de l’espace, parce qu’aujourd’hui c’est une pièce clé de la vie de famille.
Dont acte
Pierre Yovanovitch crée une enfilade entre la cuisine, la salle à manger et la terrasse, laquelle est aménagée comme une pièce supplémentaire de la maison – avec une fresque pleine d’animaux de la mosaïste Delphine Messmer. Cela devient un axe majeur de l’activité familiale, avec le salon bleu qui ouvre lui aussi sur la terrasse, au sud. Une chambre et sa salle de bains remplacent l’ancienne cuisine, et un escalier est créé pour rejoindre les deux chambres des enfants à l’étage inférieur. Cet escalier ne comportant pas d’ouvertures vers l’extérieur, le décorateur y fait réaliser une fresque par le jeune artiste Alexandre Benjamin Navet qui revisite dans son style naïf et hautement coloré le motif de la galerie classique avec ses moulures et ses fenêtres, et imagine un plafond spectaculaire.
Du décor Second Empire, Pierre Yovanovitch ne conserve rien, en revanche des traits plus anciens de l’appartement réapparaissent : un somptueux sol de marbre dans l’entrée, le bois blond des boiseries qu’il fait sabler le plus clair possible. D’autres, moins intéressantes, sont en revanche peintes d’un bleu-vert profond que le décorateur affectionne et qu’il met au point sur place, en fonction de la lumière. « C’est ce que je fais pour toutes les couleurs des murs, je règle très précisément le ton. Trop de vert, trop de jaune… on recommence ! Les peintres en deviennent fous, mais il faut que ce soit parfait. Il m’arrive aussi de faire varier la nuance du plafond pour produire le même ressenti que sur les murs. »
Dans la salle à manger, l’architecte d’intérieur crée un décor de boiseries absolument contemporain, avec des reliefs minimalistes, comme esquissés sur les murs peints en gris rose, qui cachent derrière leurs pans de grands vaisseliers. Aucune moulure, juste une corniche sans ornement, pour habiller et donner de la hauteur. Ce décor met en valeur le somptueux parquet Versailles ancien ; une cheminée en terre chamottée de la céramiste Armelle Benoit, avec qui Pierre Yovanovitch collabore de longue date, et une table dessinée par le décorateur, en chêne raboté à la main et noirci, apportent une sophistication très particulière à la pièce.
Des meubles et des oeuvres
Enfin, Pierre Yovanovitch a dessiné des meubles sur mesure, en a choisi d’autres, de Tloupas Philolaos, de Fernando et Humberto Campana ou d’Edward Wormley, ainsi que des luminaires de Tapio Wirkkala et de Paavo Tynell, ces designers du nord de l’Europe qu’il aime tant ; il a commissionné des artistes, et a sélectionné avec ses clients des oeuvres dans des galeries. « Les clients savaient que j’aime donner une place d'importance à l’art dans mes projets. Ce ne sont pas particulièrement des collectionneurs d'art contemporain, mais ils étaient très enthousiastes à l’idée de découvrir la jeune scène qui pourrait “twister” leur intérieur. C’est l’esthétique parisienne d’aujourd’hui. »
« Des choses simples, luxueuses mais confortables, pour une vie de tous les jours, c’est cela l’esthétique parisienne. »
—— L’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch
« J’ai remis la cuisine au centre de la maison car c’est comme ça que l’on vit aujourd’hui. »
—— L’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch
CLAIRE ET NETTE, LA CUISINE s’articule autour d’un îlot en noyer et pierre de Magnan, auquel on s’attable sur des tabourets Tractor (BassamFellows) sous une triple suspension en verre soufflé de Jeremy Maxwell Wintrebert dont la crédence en céramique d’Armelle Benoit, au fond, reprend les couleurs. Les façades de placard en verre de l’Atelier Emmanuel Barrois comme le sol en granit jouent avec la lumière dans cette pièce exposée au sud. Coupe en céramique d’Alexandre Kostanda, Vallauris, années 1950.