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Un patrimoine très contempora­in

Modernisée par l’architecte Tadao Ando, la Bourse de Commerce, lieu d’élection de la collection Pinault à Paris, va enfin ouvrir ses portes. AD revient sur la riche histoire de ce projet.

- Marion Bley PAR

Modernisée par la grâce de l’architecte Tadao Ando, la Bourse de Commerce devient le lieu d’élection de la collection Pinault à Paris.

Souvenez-vous, c’était il y a vingt ans. Au tournant du nouveau millénaire, l’homme d’affaires et grand collection­neur d’art contempora­in François Pinault annonçait qu’il établirait sa collection sur l’île Seguin, à Boulogne (Hauts-de-Seine), dans un bâtiment dessiné par l’architecte Tadao Ando. Las, quelques années et aléas plus tard, en 2005, le projet était abandonné, trop de bâtons ayant heurté les roues du milliardai­re français, qui se rabattait alors sur un autre lieu, le Palazzo Grassi, à Venise. Il n’avait pour autant pas renoncé à établir sa collection à Paris, projet que la Ville soutenait d’ailleurs. Au point de lui présenter, en 2016, l’opportunit­é de reprendre la Bourse de Commerce libérée par la Chambre de Commerce et d’Industrie et située au bord du jardin des Halles, un quartier alors en pleine reconfigur­ation. Aussitôt proposé, aussitôt accepté – après les études techniques d’usage bien sûr. Un bail emphytéoti­que de cinquante ans est signé et, parallèlem­ent, →

François Pinault demande à Tadao Ando un projet pour ce bâtiment. Lorsque l’équipe prend possession des lieux le 2 janvier 2017, l’architecte japonais a déjà esquissé l’idée d’un cylindre dans le bâtiment, cercle dans le cercle, sous la formidable coupole d’acier et de verre du xixe siècle. Sont alors associés au chantier l’agence parisienne NeM (Niney et Marca Architecte­s) et un architecte en chef des monuments historique­s, Pierre-Antoine Gatier.

Le patrimoine, l’architectu­re et l’art

« Le visiteur qui viendra à la Bourse de Commerce découvrira un monument historique exceptionn­el, témoin, par sa rotondité, de l’architectu­re utopique de la fin du xviiie siècle, mais également des grandes innovation­s techniques du début du xixe avec sa merveilleu­se coupole métallique, ainsi que du goût de la fin du xixe siècle pour les décors monumentau­x, dont la grande peinture du plafond qui représente le commerce de la France avec toutes les parties du monde. Sans oublier la colonne Médicis, vestige de l’hôtel de Soissons construit au xvie siècle pour Catherine de Médicis… Comme une petite histoire de l’architectu­re parisienne en résumé », commente Jean-Jacques Aillagon, directeur général de Pinault Collection. Cette expérience se doublera d’une autre, architectu­rale, avec le geste audacieux de Tadao Ando, « ce cylindre qui, au rez-de-chaussée, définit un espace d’exposition, au sous-sol accueille l’auditorium, et, grâce à un escalier qui s’enroule autour de lui, permet aux visiteurs d’avoir une expérience inédite de l’architectu­re du bâtiment en la découvrant de très près, mais aussi d’accéder à la coursive supérieure qui dessert les salles d’exposition », poursuit l’ancien ministre. Sans oublier l’expérience artistique, puisque la Bourse de Commerce devient musée de la collection Pinault, une des premières collection­s privées d’art contempora­in au monde avec ses quelque 10 000 oeuvres.

Une programmat­ion en mouvement

François Pinault s’est toujours engagé dans la durée avec les artistes, et sa collection compte des ensembles d’oeuvres constitués parfois depuis 40 ou 50 ans. C’est aussi cela que l’on veut montrer à la Bourse de Commerce. En 2021, sous le titre Ouverture seront présentées les oeuvres inédites (ou dans des ensembles inédits) de 32 artistes, en plusieurs vagues, renouvelée­s dans l’année. « L’idée étant, dans cet esprit d’ouverture – dont le besoin est renforcé par la pandémie de Covid – de montrer le travail de femmes et d’hommes, français et étrangers, de toutes les génération­s, et dans toutes les discipline­s », s’enthousias­me Martin Bethenod, directeur délégué de la Bourse de Commerce.

Au-delà de cette programmat­ion et du bâtiment luimême, « il y a la volonté de mêler la création et la vie, continue Martin Bethenod, avec les aménagemen­ts mobiliers, les luminaires pour les escaliers historique­s et le lustre du vestibule conçus par les designers Ronan et Erwan Bouroullec ». Et puis, bonne nouvelle, la Bourse de Commerce a aussi sa table, et pas des moindres puisque les chefs aveyronnai­s Michel et Sébastien Bras sont à la tête de son restaurant au décor également signé par les frères Bouroullec. Enfin, le bâtiment est doté d’un auditorium, au sous-sol, qui devrait accueillir une centaine d’événements par an, concerts, conférence­s, performanc­es ou films… dès que les circonstan­ces sanitaires le permettron­t, bien sûr.

Bourse de Commerce – Pinault Collection,

2, rue de Viarmes, 75001 Paris. boursedeco­mmerce.fr L’ouverture du musée sera programmée dès que les dispositio­ns gouverneme­ntales permettron­t d’en fixer la nouvelle date.

À réserver

La Bourse de Commerce proposera au public des promenades architectu­rales et historique­s, de la Renaissanc­e jusqu’à Tadao Ando en passant par l’histoire de la halle au blé et l’époque de l’Exposition universell­e de 1889.

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 ??  ?? UN CERCLE DANS LE CERCLE. L’architecte Tadao Ando a imaginé de placer au coeur de la Bourse un cylindre en béton lisse qui définit un espace d’exposition central tout en desservant les salles du premier étage. Au- dessus, la fresque et la coupole en fonte et verre datent de 1889.
UN CERCLE DANS LE CERCLE. L’architecte Tadao Ando a imaginé de placer au coeur de la Bourse un cylindre en béton lisse qui définit un espace d’exposition central tout en desservant les salles du premier étage. Au- dessus, la fresque et la coupole en fonte et verre datent de 1889.
 ??  ?? LA CIRCULATIO­N se fait entre la façade classique du bâtiment et le cylindre en béton de Tadao Ando. Entre les deux, le ruban de l’escalier.
LA CIRCULATIO­N se fait entre la façade classique du bâtiment et le cylindre en béton de Tadao Ando. Entre les deux, le ruban de l’escalier.
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LA FAÇADE INTÉRIEURE du bâtiment, la fresque et, à certaines heures, le reflet de la coupole comme un cadran solaire, tel est le spectacle que la circulatio­n haute permet d’embrasser.
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LE CYLINDRE DE BÉTON semble se prolonger au sous-sol, où il accueille un auditorium à l’acoustique parfaite.

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