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Retour aux sources

Après avoir vécu aux quatre coins du monde, le décorateur Nicolò Castellini Baldissera est revenu à Milan, sa ville natale, où il s’est installé dans un intérieur chatoyant constellé de références érudites.

- Christophe­r Garis RÉALISATIO­N Guido Taroni PHOTOS Nancy Hass TEXTE

Revenu à Milan, sa ville natale, le décorateur Nicolò Castellini Baldissera s’est imaginé un intérieur coloré constellé de références érudites.

Lorsqu’il n’avait que 18 ans, Nicolò Castellini Baldissera trouvait Milan étouffante, tant la capitale lombarde présentait d’évocations de son illustre famille. Son arrière-grand-père paternel n’était autre que le légendaire architecte Piero Portaluppi (1888-1967), qui dissémina des constructi­ons dans toute la ville – dont la villa Necchi Campiglio, rendue célèbre par le film Amore du réalisateu­r Luca Guadagnino. Piero Castellini Baldissera, son père, architecte et fondateur de la marque de textile de luxe C&C Milano, vivait quant à lui dans un appartemen­t de la Casa degli Atellani, célébrissi­me maison du xve siècle restaurée par Piero Portaluppi dans les années 1920 où ce dernier avait d’ailleurs vécu jusqu’à sa mort.

« Dans ces conditions, déambuler dans les parages peut parfois être pesant », remarque Nicolò Castellini Baldissera. Alors, tout jeune homme, il part à Londres étudier l’histoire de l’art et achète une maison victorienn­e à Chelsea, qu’il décore intégralem­ent. Une fois marié, il élève ses enfants avec sa femme à Notting Hill et à Knightsbri­dge, où il montre déjà un penchant pour les coloris ultra saturés. En 2009, il s’offre une maison dans la médina de Tanger, confiant terrasses et jardins aux bons soins du paysagiste Umberto Pasti. Cette demeure trouvera une bonne place dans son ouvrage Inside Tangier: Houses & Gardens ( Vendome Press, 2019).

Aucun détail n’est laissé au hasard

Puis, après plus de trois décennies à ricocher entre Londres, Paris, Gstaad ou l’Amérique, il se livre à ce qu’il qualifie de « plus doux des rapatrieme­nts ». En 2019, accompagné de son compagnon, l’éditeur de mobilier et consultant en décoration Christophe­r Garis, il cherche un logement à Brera, le quartier des galeries d’art et de la décoration. C’est en pleine pandémie de Covid-19 qu’ils s’installent dans un immeuble du début du xxe siècle. Dans l’entrée, les décoration­s néoclassiq­ues sont restées en l’état, ainsi que les murs en marbre et les sols en terrazzo. Mais les lieux sont dépouillés de leur charme d’origine, les murs ont été repeints en blanc et « un canapé triste est posé devant un énorme téléviseur ».

Le nouveau propriétai­re des lieux prend bien vite les choses en main et métamorpho­se intégralem­ent la résidence de 260 mètres carrés. Comme à son habitude, sa palette de couleurs, presque choquante à première vue, se révèle étonnammen­t harmonieus­e.

Grâce aux artisans de l’atelier de décoration murale Pictalab, les murs de l’entrée sont recouverts de fresques inspirées d’un salon xviiie du Tivoli Palácio de Seteais, au Portugal. Les murs du salon deviennent turquoise, ceux de la salle à manger or bruni, ceux de la chambre principale bleu de Prusse. Quant aux rayures murales en deux tons de paille d’une autre chambre, elles sont couronnées de lambrequin­s en trompe-l’oeil ornés de pompons, une allusion au style de l’architecte Renzo Mongiardin­o dans les années 1950. Dans le salon, près d’un canapé tapissé de velours C&C Milano bleu pétrole et d’une paire de tables rondes de Casa Tosca, un suzani aux tons abricot et écarlate chiné au marché de Tanger voisine avec un cabinet noir et blanc de l’artiste et designer Piero Fornasetti. La table de la salle à manger s’inspire d’un modèle en bronze réalisé par Piero Portaluppi pour la Casa Corbellini-Wassermann, une résidence privée à Milan conçue dans les années 1930 et récemment transformé­e en galerie d’art par Massimo De Carlo.

Nicolò Castellini Baldissera n’emporte jamais tous ses meubles lors de ses nombreux déménageme­nts, considéran­t chaque nouvelle résidence comme une occasion de se réinventer. Vendre ses affaires – chez Christie’s notamment – lui permet de repartir en quête d’antiquaire­s, de ventes aux enchères ou de marchés aux puces locaux. Il sélectionn­e aussi des pièces de Casa Tosca, sa propre ligne de mobilier : un canapé en rotin, un tapis en roseau ou des tables d’appoint de style marocain en cèdre, peintes en moutarde, indigo ou turquoise.

Mais, malgré son envie répétée de renouvelle­ment, il est des objets dont Nicolò Castellini Baldissera ne veut pas se séparer. À l’instar d’une tortue empaillée achetée à Drouot, d’un corail rouge artificiel acquis à Londres, et bien sûr du portrait de sa grand-mère maternelle réalisé par le peintre Guido Tallone. « Il m’accompagne partout », admet le Milanais reconverti. Le fait qu’ils se retrouvent tous deux dans cet endroit à la fois familier et inédit lui apporte un sentiment de paix inattendu.

« Revenir à Milan a été aussi réjouissan­t pour moi que d’en partir. Qui est assez chanceux pour pouvoir en dire autant ? »

Dans l’entrée, une fresque inspirée du salon d’un ancien palais portugais couvre les murs.

Meubles et objets, acquis récemment ou de longue date, cohabitent ici avec bonheur… et en couleur !

La palette de couleurs fortes, utilisées avec audace, se révèle joyeusemen­t harmonieus­e.

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 ??  ?? DANS LA SALLE À MANGER, un lustre en bronze surplombe une table en miroir et bois laqué, un hommage à Piero Portaluppi, arrière-grandpère de Nicolò Castellini Baldissera. L’oeuvre Pagoda, 1996, de Didier Massard, trône entre les appliques Alma d’Allegra Hicks. Pommes de pin en céramique de Caltagiron­e et palmiers Kentia.
DANS LA SALLE À MANGER, un lustre en bronze surplombe une table en miroir et bois laqué, un hommage à Piero Portaluppi, arrière-grandpère de Nicolò Castellini Baldissera. L’oeuvre Pagoda, 1996, de Didier Massard, trône entre les appliques Alma d’Allegra Hicks. Pommes de pin en céramique de Caltagiron­e et palmiers Kentia.
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 ??  ?? LE SALON qui jouxte la salle à manger foisonne, sur un tapis XXL, d’objets hétéroclit­es soigneusem­ent sélectionn­és, dans une palette de couleurs chatoyante­s.
UN SUZANI sert de fond à un cabinet (Fornasetti) qui abrite divers objets décoratifs, dont une lampe en verre de Murano et une sculpture de Nicola Lazzari.
LE DÉCORATEUR Nicolò Castellini Baldissera.
LE SALON qui jouxte la salle à manger foisonne, sur un tapis XXL, d’objets hétéroclit­es soigneusem­ent sélectionn­és, dans une palette de couleurs chatoyante­s. UN SUZANI sert de fond à un cabinet (Fornasetti) qui abrite divers objets décoratifs, dont une lampe en verre de Murano et une sculpture de Nicola Lazzari. LE DÉCORATEUR Nicolò Castellini Baldissera.
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 ??  ?? DANS UN COULOIR conduisant à la salle à manger et ses palmiers Kentia, une série de tableaux représenta­nt des toucans.
DANS UNE DES CHAMBRES À COUCHER, les rayures murales en deux tons de paille sont couronnées d’un lambrequin en trompe-l’oeil. Le tableau et le siège ont été chinés.
DANS LA CHAMBRE, la tête de lit dessinée par Nicolò Castellini Baldissera est tapissée d’un tissu en lin (Osborne & Little).
Le lit est recouvert d’un suzani en soie et velours. À gauche, une lampe Tizio de Richard Sapper. Une collection de tableaux et de souvenirs orne le mur bleu de Prusse.
DANS UN COULOIR conduisant à la salle à manger et ses palmiers Kentia, une série de tableaux représenta­nt des toucans. DANS UNE DES CHAMBRES À COUCHER, les rayures murales en deux tons de paille sont couronnées d’un lambrequin en trompe-l’oeil. Le tableau et le siège ont été chinés. DANS LA CHAMBRE, la tête de lit dessinée par Nicolò Castellini Baldissera est tapissée d’un tissu en lin (Osborne & Little). Le lit est recouvert d’un suzani en soie et velours. À gauche, une lampe Tizio de Richard Sapper. Une collection de tableaux et de souvenirs orne le mur bleu de Prusse.
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