Le bureau en patchwork de cuir
Ou comment la designeuse Caroline Venet transforme des rebuts de maroquinerie en une matière délicate qui vient gainer un meuble simple avec poésie, grâce au travail de l’artisane Audrey Ludwig.
Le Bureau vivant de la designeuse Caroline Venet est réalisé à partir de chutes de maroquinerie.
L’histoire commence avec une peau de vache, ce cuir dont se sert Caroline Venet pour fabriquer une lampe qu’elle produit avec l’agence Archik. Une fois prélevée dans la peau en question la quantité de matière dont elle a besoin, des pans entiers de cuir, notamment les flancs, restent inutilisés – des déchets, parmi tous ceux que produit l’industrie de la maroquinerie. La designeuse aime néanmoins leurs courbes fluides, leurs veines et les marques de vie des animaux dont provenaient ces peaux et que l’industrie ne souhaite pas voir. Elle veut les valoriser. Aussitôt pensé, aussitôt fait : Caroline Venet dessine un petit bureau en forme de nuage, très léger sur des pieds comme deux parenthèses. En quête de matériaux, elle va au plus simple : un large tronçon de tuyau en plastique dense, coupé en deux, formera le piétement ; une plaque de contreplaqué, découpée et aux chants arrondis, fera plateau.
La designeuse, qui collabore régulièrement avec des Compagnons du devoir pour ses projets – et a suivi une de leurs formations sur les matériaux souples –, se souvient de sa formatrice, la maroquinière-gainière Audrey Ludwig. Elle lui demande de prendre en main le gainage du bureau. Travaillé avec soin, le matériau délaissé prend une nouvelle dimension, apportant une sophistication et une sensualité inédites à cette petite table de travail. Les différents tons de rose – chair, pour tout dire – de la peau naturelle se répondent et contrastent sur le plateau le long des lignes d’assemblage des peaux, une délicate ganse court sur le chant du plateau, on a envie de le caresser… Caroline Venet, elle, continue son chemin. Si elle propose cette pièce unique à la vente, elle pense déjà à la suivante, qu’elle aimerait habiller avec le cuir kaki, ou terracotta, des tanneries alsaciennes Haas. Autre évolution, le corps du meuble pourrait à l’avenir être réalisé avec du cuir broyé, un matériau qu’elle expérimente déjà sous forme de dalles. À suivre…
LE BUREAU VIVANT, réalisé à partir de chutes de cuir de l’industrie de la maroquinerie. Il sera exposé au salon Collectible, à Bruxelles, en mai 2021. Caroline Venet – Studiofoam : studiofoam.fr