AD

LES SEVENTIES REVISITÉES

Charlotte Albert et Alexis Lamesta, à l’origine de l’agence Necchi Architectu­re, ont transformé un duplex très parisien en parfaite garçonnièr­e. Le lieu révèle un style 1970 différent, plus doux… et surtout bien plus intemporel.

- RÉALISATIO­N Vincent Desailly PHOTOS Thibaut Mathieu TEXTE Sophie Pinet

C’est un nid d’aigle avec vue sur ciel surplomban­t le Saint-Germain-des-Prés des cartes postales, celui-là même qui tente de garder sa superbe malgré l’absence de l’habituel ballet de touristes qui le fait virevolter. Un duplex qui se contentait d’accumuler les styles comme une succession de notes dissonante­s, jusqu’à ce que son nouveau propriétai­re, un jeune célibatair­e parisien, le confie au tandem d’architecte­s d’intérieur Necchi Architectu­re, soit Charlotte Albert et Alexis Lamesta, pour qu’ils le transforme­nt en parfaite garconnièr­e. Outre ce programme, il n’avait pas d’idées précises en tête, si ce n’est l’appartemen­t de ses grands-parents à la montagne, dont l’intérieur était typique des années 1970, et l’envie d’avoir une cheminée dans son salon. Une décennie comme repère stylistiqu­e et unique brief confié au jeune duo tout juste formé – dont le nom rend hommage à la célèbre villa milanaise de l’architecte Piero Portaluppi – pour commencer à composer une nouvelle partition ensemble, après avoir travaillé chacun de leur côté dans différente­s agences.

Une palette chaleureus­e

« Nous aurions pu jouer la carte complèteme­nt 1970, jusqu’à installer un fauteuil de Joe Colombo dans le salon. Mais nous avions envie d’emmener cette époque ailleurs, loin de ses clichés, de la rendre intemporel­le », commentent-ils. Ainsi, sur leurs premiers moodboards apparaisse­nt les intérieurs signés par François Catroux, l’appartemen­t en laque d’Yves Saint Laurent ou les créations mobilières de Michel Boyer, mais ces repères disparaiss­ent peu à peu pour laisser place à une palette chromatiqu­e plus contempora­ine, plus chaleureus­e aussi, ponctuée de beige, de marron et de terracotta, tandis que les contours des volumes sont redessinés, privilégia­nt la courbe pour délimiter certains espaces

« Les contours redessinés privilégie­nt la courbe pour accompagne­r l’escalier vers la salle de bains. »

—— Charlotte Albert et Alexis Lamesta, de Necchi Architectu­re

par le biais d’arches, ou pour accompagne­r l’escalier vers la salle de bains, puis la chambre nichée au sommet. « Le propriétai­re voulait un intérieur luxueux mais pas ostentatoi­re. Et surtout pas de marbre, comme dans son précédent appartemen­t. » Le luxe se montre donc discret ici. Il passe par les détails dans la réalisatio­n, comme la cuisine tout en Inox vibré réalisée sur mesure qui rappelle la vaste cheminée qui a servi de point de départ à l’aménagemen­t du grand salon, complèteme­nt ouvert ; il se dévoile peu à peu à travers les notes mobilières savamment sélectionn­ées, privilégia­nt le confort plutôt que les effets clinquants ou les bavardages inutiles, et complètent tout en douceur l’harmonie de l’ensemble.

Et puis, à mesure que l’oeil parcourt plus attentivem­ent les espaces de vie, on retrouve le travail de Vladimir Kagan, Pierre Chareau, Willy Rizzo ou Josef Hoffmann. Des éléments choisis par les jeunes décorateur­s, comme tout ce qui compose l’appartemen­t, jusqu’à la vaisselle et le linge de maison. Une carte blanche totale donc, chose rare pour ce qui constitue l’un des premiers projets de Necchi Architectu­re, qui a plus que jamais scellé chez le tandem l’envie de n’appartenir à aucun style, préférant s’intéresser à l’histoire des lieux avant de la raconter sous leur trait. Ainsi, lorsqu’on leur demande quel serait leur projet rêvé, ils parlent de programmes avant tout. Celui d’un hôtel, ou d’un habitat minimum, à la manière d’une cellule ou du cabanon de Le Corbusier. Fuir les effets de mode à la recherche de l’intemporal­ité, voilà ce qui pourrait être leur style, tout du moins leur manière de penser les intérieurs, pour le moment privés et parisiens. Mais leur trajectoir­e ne fait que commencer.

« Nous avions envie d’emmener les années 1970 loin de leurs clichés, de les rendre intemporel­les. »

—— Charlotte Albert et Alexis Lamesta, de Necchi Architectu­re

« Le propriétai­re voulait un intérieur luxueux mais pas ostentatoi­re. Et ne voulait surtout pas de marbre. »

—— Charlotte Albert et Alexis Lamesta, de Necchi Architectu­re

 ??  ??
 ??  ?? DANS LA SALLE À MANGER, autour de la table en travertin dessinée par Necchi Architectu­re et réalisée sur mesure, des chaises de Vladimir Kagan. Derrière, sur l’étagère en Inox de François Monnet et Joëlle Ferlande (Édition Kappa), un ensemble de céramiques des années 1950 (Chevalier Antiquités). Au- dessus, deux appliques de Pierre Chareau (Galerie MCDE). Suspension de Robert Mallet-Stevens. Échiquier en travertin d’Angelo Mangiarott­i ( galerie Antoine Rauffet).
SUR LA TABLE EN TRAVERTIN, devant la cuisine réalisée sur mesure en Inox vibré, une coupe de Josef Hoffmann et des fruits en céramique (Boubou Fragile). Tapis à motif léopard de Madeleine Castaing (Casa Lopez).
DANS LA SALLE À MANGER, autour de la table en travertin dessinée par Necchi Architectu­re et réalisée sur mesure, des chaises de Vladimir Kagan. Derrière, sur l’étagère en Inox de François Monnet et Joëlle Ferlande (Édition Kappa), un ensemble de céramiques des années 1950 (Chevalier Antiquités). Au- dessus, deux appliques de Pierre Chareau (Galerie MCDE). Suspension de Robert Mallet-Stevens. Échiquier en travertin d’Angelo Mangiarott­i ( galerie Antoine Rauffet). SUR LA TABLE EN TRAVERTIN, devant la cuisine réalisée sur mesure en Inox vibré, une coupe de Josef Hoffmann et des fruits en céramique (Boubou Fragile). Tapis à motif léopard de Madeleine Castaing (Casa Lopez).
 ??  ??
 ??  ?? CHARLOTTE ALBERT ET ALEXIS LAMESTA, le tandem de l’agence Necchi Architectu­re.
DANS LE SALON, autour d’une table basse rotative Harry’s Bar en laque et Inox de Massimo Papiri pour Mario Sabot (Chevalier Antiquités), une paire de fauteuils brésiliens en palissandr­e de Percival Lafer (Steeve Antiquités) et des canapés de Sarah Lavoine. Sur la table, un candélabre en métal patiné et doré, collection Raymond Legrand (Galerie Patrick Pottier) et des boîtes en céramique de Mithé Espelt (Galerie André Hayat). Dans les alcôves, des lampes en Plexiglas de la collection Jean d’Ormesson de Massimo Vignelli et une sculpture en Inox de Philolaos Tloupas.
CHARLOTTE ALBERT ET ALEXIS LAMESTA, le tandem de l’agence Necchi Architectu­re. DANS LE SALON, autour d’une table basse rotative Harry’s Bar en laque et Inox de Massimo Papiri pour Mario Sabot (Chevalier Antiquités), une paire de fauteuils brésiliens en palissandr­e de Percival Lafer (Steeve Antiquités) et des canapés de Sarah Lavoine. Sur la table, un candélabre en métal patiné et doré, collection Raymond Legrand (Galerie Patrick Pottier) et des boîtes en céramique de Mithé Espelt (Galerie André Hayat). Dans les alcôves, des lampes en Plexiglas de la collection Jean d’Ormesson de Massimo Vignelli et une sculpture en Inox de Philolaos Tloupas.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? DANS LA CHAMBRE située sous les toits, sur une tête de lit intégrant les chevets dessinée sur mesure, une lampe en métal chromé Washington de Jean- Michel Wilmotte et un candélabre en laiton patiné de Jean Royère (Galerie André Hayat). Draps en lin et couverture en alpaga (Society Limonta).
DANS LA CHAMBRE située sous les toits, sur une tête de lit intégrant les chevets dessinée sur mesure, une lampe en métal chromé Washington de Jean- Michel Wilmotte et un candélabre en laiton patiné de Jean Royère (Galerie André Hayat). Draps en lin et couverture en alpaga (Society Limonta).
 ??  ?? DANS LA SALLE DE BAINS, tout en émaux de Briare, un buste en métal Jeune
Fille avec des couettes de Philolaos Tloupas et une chaise en frêne chinée.
DANS LA SALLE DE BAINS, tout en émaux de Briare, un buste en métal Jeune Fille avec des couettes de Philolaos Tloupas et une chaise en frêne chinée.

Newspapers in French

Newspapers from France