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BEAUTÉ AU NATUREL

Air, soleil, murs couleur terre et vue à couper le souffle sur la mer… L’agence romaine d’architectu­re MORQ signe en Calabre une étonnante maison, entre simplicité brute et contempora­néité sobre.

- Givlio Aristide PHOTOS Aude de La Conté TEXTE

Comme un fortin à 300 mètres au-dessus de la mer, sur les contrefort­s apennins, cette maison se dresse sur cette terre calabraise au paysage fascinant, à la pointe de la botte italienne. C’est justement cette dualité permanente entre terre et mer qu’ont voulu exploiter les architecte­s romains de l’agence MORQ. Ils sont trois, Matteo Monteduro, Emiliano Roia et Andrea Quagliola, qui partagent leur savoir-faire en matière de résidences privées ou d’hôtels et de restaurant­s entre l’Australie (où deux d’entre eux enseignent à l’université) et l’Italie. De l’Australie, ils ont retenu la leçon du vent, raconte Emiliano Roia : « Le site est toujours primordial. Ici, il y a un très fort vent nord-ouest, il était donc logique de fermer la maison de ce côté-là. » De la Méditerran­ée, ils ont appris les règles des maisons qui sont de simples cubes se protégeant de la chaleur du soleil. Dans ce lieu, pas d’éléments exotiques, palmiers ou autres. Des chênes, quelques ficus, la montagne derrière et la vue devant.

Claustras en terre cuite

La commande était simple : une maison d’été pour recevoir les amis. Les architecte­s y ont répondu en imaginant plusieurs cubes comme des suites d’hôtel. L’entrée est théâtrale, en réalité deux passages entre des murs, des blocs aux quatre points cardinaux cachant des chambres autour d’un lieu de vie commune ouvert, un bloc plus petit pour la cuisine, derrière ce large espace central donnant sur la mer, à la fois intérieur et extérieur, sorte de pergola où il fait bon se retrouver. Dans les chambres, l’intimité domine grâce au clair-obscur obtenu par des jalousies en terre cuite qui remplacent les fenêtres à l’est et à l’ouest. Elles sont couramment utilisées dans les granges de ferme en Italie pour laisser passer l’air tout en protégeant du soleil, mais aussi cacher les récoltes, car de l’extérieur on ne peut pas voir l’intérieur. Emiliano Roia avoue avoir usé de persuasion pour convaincre les propriétai­res de filtrer la lumière des fenêtres avec une dentelle de briques ! L’hiver, une paroi en verre coulissant­e, à un mètre à l’intérieur de cette résille de terre cuite, permet quand même de fermer. Chaque chambre dispose de sa salle de bains et aussi de sa grande armoire – eh oui, dans un lieu minimalist­e il faut pouvoir ranger le désordre… Sinon, la ventilatio­n est naturelle et l’air conditionn­é pas nécessaire !

Un enduit réalisé avec la terre locale revêt les murs et les plafonds des chambres.

Si dehors les volumes ressemblen­t presque, dans leur monumental­ité, à ceux d’une forteresse, à l’intérieur l’échelle est humaine, les plafonds pas trop hauts, l’espace contenu, et partout les lignes de fuite et la lumière rebondisse­nt. « La multiplica­tion des perspectiv­es, c’est le dédale des rues de Rome qui nous l’a apprise », ajoute Emiliano Roia. Une monumental­ité contenue donc, une force mesurée, discrète, adoucie par des murs couleur terre, un ciment doux au sol, et du Corten, ce métal qui se patine couleur rouille, pour le plafond de l’espace central. La maison a été bâtie en un an, les quatre mois du confinemen­t italien compris, par les entreprise­s locales. Les architecte­s l’ont baptisée Villa O, « O » comme un anneau circulaire, un cercle magique dans lequel il fait bon se réfugier.

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SUR LA FAÇADE NORD, exposée au vent, ni fenêtres ni portes. La maison est constituée de blocs séparés par des couloirs et ouverts vers la mer, côté sud.
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