Hilton McConnico, un Américain à paris
Ce des igner, scénographe, décorateur de cinéma et même créateur de mode à ses débuts égaya de ses créations frappadingues les années 1980-1990. Une exposition lui rend hommage.
Designer, scénographe et même créateur de mode, il égaya de ses créations frappadingues les années 1980-1990. Une exposition rend hommage à ce poète de l’objet.
Pour une génération ayant goûté la pétillance créative des années 1980, trinquer avec des flûtes à pied en forme de cactus dessinées par Hilton McConnico (1933-2018) pour Daum ne manque pas de charme. L’objet ramène à un temps ou les arts appliqués se voulaient légers, malicieux, voire même déconnants, à mille lieues des discours vertueux aujourd’hui de rigueur. Le cactus demeure l’un des motifs récurrents dans la product ion bousculée de cet Américain basé à Paris, qui en ornait aussi bien des tapis pour Toulemonde Bochart que des miroirs réalisés avec le verrier Guillaume Saalburg ou encore des carrelages Carocim. Autres leitmotivs : les piments, les chatons ou encore les tranches de kiwi. Plus qu’en designer produit, Hilton McConnico, peintre à ses heures, oeuvrait en artiste, en ornementaliste même.
« Ses créations prenaient bien souvent leurs racines dans ses souvenirs d’enfance », note sa femme, Jacqueline McConnico.
« Les aplats de couleurs vives propres à son univers, je les ai découverts égayant les façades des mais ons de sa ville natale de Memphis , dans le Tennessee, poursuit-elle. La nature l’insp irait aus si beaucoup, d’où ses chais es en fer forgé dont le dossier et l’assis e s’ouvrent en corolle. Il était également très gourmand ! Mais avant tout, Hilton aimait raconter des his toires au travers d’objets imaginaires, son travail était narratif. »
Des débuts dans la mode
Avant qu’il n’incarne une forme de postmodernisme à la française, bambin, c’est la mode qui anime Hilton McConnico. À 16 ans, il fonde dans sa ville natale une maison de couture spécialisée dans les robes de débutantes et de mariages. Le goût pour la fête, déjà ! Il oeuvre quelque temps à New York avant de venir parfaire sa
formation à Paris. Au mitan des années 1960, on le retrouve chez Ted Lapidus, couturier précurseur du prêt-à-porter, puis en freelance, avant qu’il ne glisse à partir de 1974 vers la réalisation de costumes et de décors de films. Sa collaboration, au début des années 1980, avec le réalisateur Jean-Jacques Beineix le révèle. Avec Diva, Hilton McConnico consacre l’esthétique du loft crépusculaire éclairé au néon bleu, la poésie des parkings en sous-sol et des couloirs de métro sans fin.
Un faiseur d’image éclectique
L’univers destroy chic qu’il compose pour les besoins de La Lune dans le caniveau lui vaudra même un César. Il glisse alors vers la réalisation de films publicitaires, pour les parfums Rochas ou les aliments pour chats Friskies. Suivront des clips pour une Eartha Kitt en plein revival disco ou Buzy, jolie comète new-wave, des décors de méga shows pour Johnny Hallyday au Zénith… À l’instar d’un Jean-Paul Goude ou d’un Jean-Baptiste Mondino, Hilton McConnico incarne le faiseur d’image visionnaire cher aux eighties. Moustache impeccablement taillée, cheveux argentés, le visage parcouru d’un sourire solaire, l’allure sport, des tonalités acidulées, Hilton McConnico s’impose comme un personnage incontournable du Tout-Paris d’alors. Toupary, c’est justement le nom du restaurant surplombant la Seine, au dernier étage de la Samaritaine, dont il signe l’agencement nocturne. Plus que dans l’architecture d’intérieur à proprement parler, c’est à travers la création de décors éphémères que Hilton McConnico connaîtra l’apogée de sa carrière. Collaborateur au long cours de la maison Hermès, il conçoit à partir de 1989 et jusqu’à la fin des ses jours des expositions itinérantes illustrant les thématiques chères à la maison du « 24, Faubourg ». Gants grattant une mandoline en lévitation pour les besoins d’une vitrine, présentoirbalançoire… de ses installations émane un parfum de surréalisme.
Une exposition à la Rupture House rend aujourd’hui hommage aux créations de ce dandy du décor. Plutôt que de proposer une simple sélection d’objets iconiques, le commissaire d’exposition Thomas Erber a préféré confier à trois talents d’aujourd’hui – Vincent Darré, Pierre Gonalons et Atelier Baptiste et Jaina – le soin de revisiter quelques créations phare du Monsieur.
À voir
L’exposition se visite du 4 juin au 31 juillet inclus à la Rupture House, 1, place André-Malraux, 75001 Paris. Visites sur réservation uniquement les vendredis et samedis de 10 h à 18 h. house@rupture.tv