Le jardin sobre
Du Luberon à la Normandie en passant par les Alpes, la végétation souffre partout des canicules et des périodes de sécheresse de ces dernières années. Si les jardiniers s’attristent de voir, comme dans les jardins remarquables de Varengeville, sur la Côte d’Opale, les hortensias, hydrangéas ou rhododendrons menacés à plus ou moins court terme, cette profession est néanmoins peu sujette au découragement tant elle connaît la force de la chose végétale, et sa capacité à s’adapter. Le jardin en mouvement conceptualisé par Gilles Clément, qui repose sur l’idée de coopération avec la nature et redéfinit du même coup le rôle du jardinier, donne la direction : plutôt que de lutter pied à pied, il faut observer ce qui pousse naturellement dans un lieu et l’utiliser. Plus de « mauvaises herbes » : « on donne de la valeur au vivant », comme le dit Stanislas Alaguillaume, et on n’a plus (ou presque) besoin d’arroser. Témoin, les graminées très en vogue actuellement, qui résistent aussi bien en bord de mer que sur les steppes ou les plateaux du Larzac, et offrent par leur association de beaux effets graphiques. Le jardin entre dans une ère de sobriété bien nécessaire à la planète.