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Une parenthèse enchantée

À Los Angeles, l’architecte d’intérieur Pamela Shamshiri a revampé une vaste demeure de style espagnol, jardin compris, lui faisant remonter le temps jusqu’aux années 1920, comme une rêverie cinématogr­aphique devenue réalité.

- Stephen Kent Johnson PHOTOS Michael Reynolds STYLISME Nicolas Milon TEXTE

Dans la vie, il y a des rencontres qui comptent plus que d’autres, qui changent tout même. Pour ce qui est de celle entre Jana Bezdek, nouvelleme­nt propriétai­re d’une belle demeure non loin de Santa Monica et de l’océan Pacifique, et Pamela Shamshiri, à la tête avec son frère Ramin de l’agence d’architectu­re d’intérieur Studio Shamshiri, les changement­s allaient être tangibles, architectu­raux. « Lorsque j’ai rencontré Pam, j’ai tout de suite aimé son charme, son chic et son travail, la palette de ses connaissan­ces et la richesse de ses références, confie la propriétai­re. Cela tient au fait qu’elle appartient à une longue lignée de personnes qui connaissen­t la décoration, l’architectu­re d’intérieur, le mobilier et l’art. Pam et moi avons aussi quelque chose en commun : elle a étudié la scénograph­ie pour le théâtre, j’ai étudié le décor de cinéma ; nous partagions donc un langage totalement visuel, idéal pour obtenir une image parfaite de ce que nous voulions. »

Une vieille maison de famille

« Vous savez, intervient l’architecte d’intérieur, dans le jazz, chacun pense à ce qu’il joue, sent ce que les autres veulent et vous ne savez jamais trop comment, mais tous sont en phase et délivrent une superbe prestation. C’est ainsi que nous avons fonctionné, mais ce n’est possible qu’avec une cliente qui s’investit dans la collaborat­ion et l’enrichit sans cesse ; c’est ainsi qu’émergent les idées les meilleures. » « Lors de ma première visite, poursuit Pamela Shamshiri, j’ai été impression­née par la maison, son architectu­re et les arbres qui l’entourent dans le grand jardin, en plein milieu de la ville, comme une échappée. J’ai alors imaginé une vieille maison de famille de style espagnol, à la campagne, dans les années 1920, mais la propriété familiale la plus extraordin­aire qui soit, et à Los Angeles. J’ai visionné tous les films de Luca Guadagnino, étudié la façon dont la maison est un personnage dans la vie des protagonis­tes, et comment nous allions faire de la maison un personnage dans la vie de Jana et de sa famille. C’est un Los Angeles 1920 recomposé certes, mais je voulais donner l’illusion qu’il a toujours été là et toujours été leur, avec la même dispositio­n et la même circulatio­n intérieur-extérieur qu’actuelleme­nt, sans que l’on puisse se douter de toutes les restructur­ations nécessaire­s pour y parvenir. »

Car pour que tout semble aujourd’hui si évident au premier coup d’oeil, des modificati­ons de structure ont été réalisées, des murs démolis, des cloisons déplacées, les plafonds remaniés… « Pour réaliser le hall d’entrée avec une double hauteur sous plafond, explique Jana Bezdek, deux chambres en façade ont été supprimées afin de créer la mezzanine en arches qui surplombe le hall. Ensuite, le reste de la maison a été complèteme­nt mis à nu, des liaisons établies entre les trois bâtiments – la maison principale, celle des invités et la pool house –, des agrandisse­ments et des extensions créés pour la cuisine et la salle à manger afin de les ouvrir sur l’extérieur. Finalement, nous avons juste gardé l’enveloppe de la maison. Nous avons même déplacé la piscine, tout à fait fonctionne­lle mais pas assez mise en valeur dans le jardin. Rien ne nous a arrêté pour coller à ce que nous avions imaginé. » « J’ai ajouté beaucoup d’arches et de détails,

complète Pamela Shamshiri. Sur la façade, les fenêtres ont été repeintes en bleu, on a remplacé la porte d’entrée, installé des appliques de part et d’autre, redonné son aspect naturel à la pierre de l’encadremen­t de porte et du médaillon situé au-dessus, totalement revu l’allée, déplacé et remplacé la fontaine, dessiné de nouveaux massifs arborés… »

À l’évocation d’une rénovation à quatre mains, les deux répondent en choeur « Oui bien sûr ! » et comparent le travail accompli à l’écriture d’un scénario dont il aurait fallu nourrir l’intrigue. Pamela Shamshiri file la métaphore : « L. A. est un endroit où vous pouvez exprimer votre fantaisie, vous réinventer à travers une nouvelle narration et je pense que cette maison, que nous voulions comme ces belles vieilles maisons de famille, y répond, tout autant qu’à la vie contempora­ine de Jana et de sa famille. »

« Les arbres et le grand jardin sont comme une échappée en plein milieu de la ville. » —— L’architecte d’intérieur Pamela Shamshiri

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 ??  ?? LA VILLA DE STYLE ESPAGNOL et son jardin en façade entièremen­t revu par le paysagiste Matthew Brown s’inspire des demeures européenne­s. Des appliques en fer espagnoles anciennes illuminent la porte d’entrée. De part et d’autre, des jarres à huile d’olive françaises du xixe siècle. Devant, un banc en pierre sculptée à la main de la même époque et une chaise en fer forgé française des années 1910.
LA VILLA DE STYLE ESPAGNOL et son jardin en façade entièremen­t revu par le paysagiste Matthew Brown s’inspire des demeures européenne­s. Des appliques en fer espagnoles anciennes illuminent la porte d’entrée. De part et d’autre, des jarres à huile d’olive françaises du xixe siècle. Devant, un banc en pierre sculptée à la main de la même époque et une chaise en fer forgé française des années 1910.
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 ??  ?? DANS LA CUISINE, largement ouverte sur le jardin, huisseries et meubles bas sont peints en bleu Hague Blue (Farrow & Ball). Autour de l’îlot, éclairé par deux suspension­s ( Atelier MVM), des tabourets en noyer et cuir (BDDW). Pots en céramique (Obsolete). Tapis (Amadi).
DANS LA CUISINE, largement ouverte sur le jardin, huisseries et meubles bas sont peints en bleu Hague Blue (Farrow & Ball). Autour de l’îlot, éclairé par deux suspension­s ( Atelier MVM), des tabourets en noyer et cuir (BDDW). Pots en céramique (Obsolete). Tapis (Amadi).
 ??  ?? « J’ai imaginé une maison de style espagnol, extraordin­aire, à la campagne, dans les années 1920. » —— L’architecte d’intérieur Pamela Shamshiri
« J’ai imaginé une maison de style espagnol, extraordin­aire, à la campagne, dans les années 1920. » —— L’architecte d’intérieur Pamela Shamshiri
 ??  ?? LA SALLE DE BAINS et sa baignoire à l’ancienne Aegean ( Albion), de même que la robinetter­ie Henry ( Waterworks). Devant, une assise de Pierre Yovanovitc­h retapissée par Ian Tyson ( Ty-Teck Inc). Suspension Branching Bubble (Lindsey Adelman).
LA SALLE DE BAINS et sa baignoire à l’ancienne Aegean ( Albion), de même que la robinetter­ie Henry ( Waterworks). Devant, une assise de Pierre Yovanovitc­h retapissée par Ian Tyson ( Ty-Teck Inc). Suspension Branching Bubble (Lindsey Adelman).
 ??  ?? LA CHAMBRE PRINCIPALE et ses murs et plafond bleus Wellfleet (Portola Paints & Glazes). De part et d’autre du lit réalisé sur mesure (Rojas Fabricatio­n), deux tables de nuit en parchemin (Emily Savoie). Dessus, deux lampes françaises des années 1930 en galuchat (Blackman Cruz). Suspension (Castiglion­i Vintage Viscontea). Parure de lit (Society Limonta). Tapis (Mansour Modern).
LA CHAMBRE PRINCIPALE et ses murs et plafond bleus Wellfleet (Portola Paints & Glazes). De part et d’autre du lit réalisé sur mesure (Rojas Fabricatio­n), deux tables de nuit en parchemin (Emily Savoie). Dessus, deux lampes françaises des années 1930 en galuchat (Blackman Cruz). Suspension (Castiglion­i Vintage Viscontea). Parure de lit (Society Limonta). Tapis (Mansour Modern).
 ??  ?? DANS LA SALLE À MANGER, un cabinet années 1940 de Paolo Buffa et une chaise danoise en bois courbé des années 1950 (Fritz Hansen). Au mur, un tableau de Benjamin Abramowitz (Galerie Provenance). Porte en verre teinté (Judson Studios).
DANS LA SALLE À MANGER, un cabinet années 1940 de Paolo Buffa et une chaise danoise en bois courbé des années 1950 (Fritz Hansen). Au mur, un tableau de Benjamin Abramowitz (Galerie Provenance). Porte en verre teinté (Judson Studios).
 ??  ?? À L’EXTÉRIEUR, la cheminée est habillée d’une compositio­n de céramique du sculpteur Stan Bitters. De chaque côté, les assises, et les coussins sont habillés de tissu écru outdoor (Loro Piana). Devant, autour d’une table basse ( Ten10), des chaises et ottomans vintage de John Salterini.
À L’EXTÉRIEUR, la cheminée est habillée d’une compositio­n de céramique du sculpteur Stan Bitters. De chaque côté, les assises, et les coussins sont habillés de tissu écru outdoor (Loro Piana). Devant, autour d’une table basse ( Ten10), des chaises et ottomans vintage de John Salterini.
 ??  ?? DANS LA SALLE À MANGER, autour d’une table ovale en bronze avec plateau en marbre de Carrare (BDDW), des chaises de Hans Wegner. Au- dessus, la sculpture lumineuse Fertility Form du designer Rogan Gregory, 2018 (R & Company). Dans le coin salon, un canapé Turkish Sofa (George Smith). Appliques Raku-Yaki (Emmanuelle Simon).
DANS LA SALLE À MANGER, autour d’une table ovale en bronze avec plateau en marbre de Carrare (BDDW), des chaises de Hans Wegner. Au- dessus, la sculpture lumineuse Fertility Form du designer Rogan Gregory, 2018 (R & Company). Dans le coin salon, un canapé Turkish Sofa (George Smith). Appliques Raku-Yaki (Emmanuelle Simon).
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