Une parenthèse enchantée
À Los Angeles, l’architecte d’intérieur Pamela Shamshiri a revampé une vaste demeure de style espagnol, jardin compris, lui faisant remonter le temps jusqu’aux années 1920, comme une rêverie cinématographique devenue réalité.
Dans la vie, il y a des rencontres qui comptent plus que d’autres, qui changent tout même. Pour ce qui est de celle entre Jana Bezdek, nouvellement propriétaire d’une belle demeure non loin de Santa Monica et de l’océan Pacifique, et Pamela Shamshiri, à la tête avec son frère Ramin de l’agence d’architecture d’intérieur Studio Shamshiri, les changements allaient être tangibles, architecturaux. « Lorsque j’ai rencontré Pam, j’ai tout de suite aimé son charme, son chic et son travail, la palette de ses connaissances et la richesse de ses références, confie la propriétaire. Cela tient au fait qu’elle appartient à une longue lignée de personnes qui connaissent la décoration, l’architecture d’intérieur, le mobilier et l’art. Pam et moi avons aussi quelque chose en commun : elle a étudié la scénographie pour le théâtre, j’ai étudié le décor de cinéma ; nous partagions donc un langage totalement visuel, idéal pour obtenir une image parfaite de ce que nous voulions. »
Une vieille maison de famille
« Vous savez, intervient l’architecte d’intérieur, dans le jazz, chacun pense à ce qu’il joue, sent ce que les autres veulent et vous ne savez jamais trop comment, mais tous sont en phase et délivrent une superbe prestation. C’est ainsi que nous avons fonctionné, mais ce n’est possible qu’avec une cliente qui s’investit dans la collaboration et l’enrichit sans cesse ; c’est ainsi qu’émergent les idées les meilleures. » « Lors de ma première visite, poursuit Pamela Shamshiri, j’ai été impressionnée par la maison, son architecture et les arbres qui l’entourent dans le grand jardin, en plein milieu de la ville, comme une échappée. J’ai alors imaginé une vieille maison de famille de style espagnol, à la campagne, dans les années 1920, mais la propriété familiale la plus extraordinaire qui soit, et à Los Angeles. J’ai visionné tous les films de Luca Guadagnino, étudié la façon dont la maison est un personnage dans la vie des protagonistes, et comment nous allions faire de la maison un personnage dans la vie de Jana et de sa famille. C’est un Los Angeles 1920 recomposé certes, mais je voulais donner l’illusion qu’il a toujours été là et toujours été leur, avec la même disposition et la même circulation intérieur-extérieur qu’actuellement, sans que l’on puisse se douter de toutes les restructurations nécessaires pour y parvenir. »
Car pour que tout semble aujourd’hui si évident au premier coup d’oeil, des modifications de structure ont été réalisées, des murs démolis, des cloisons déplacées, les plafonds remaniés… « Pour réaliser le hall d’entrée avec une double hauteur sous plafond, explique Jana Bezdek, deux chambres en façade ont été supprimées afin de créer la mezzanine en arches qui surplombe le hall. Ensuite, le reste de la maison a été complètement mis à nu, des liaisons établies entre les trois bâtiments – la maison principale, celle des invités et la pool house –, des agrandissements et des extensions créés pour la cuisine et la salle à manger afin de les ouvrir sur l’extérieur. Finalement, nous avons juste gardé l’enveloppe de la maison. Nous avons même déplacé la piscine, tout à fait fonctionnelle mais pas assez mise en valeur dans le jardin. Rien ne nous a arrêté pour coller à ce que nous avions imaginé. » « J’ai ajouté beaucoup d’arches et de détails,
complète Pamela Shamshiri. Sur la façade, les fenêtres ont été repeintes en bleu, on a remplacé la porte d’entrée, installé des appliques de part et d’autre, redonné son aspect naturel à la pierre de l’encadrement de porte et du médaillon situé au-dessus, totalement revu l’allée, déplacé et remplacé la fontaine, dessiné de nouveaux massifs arborés… »
À l’évocation d’une rénovation à quatre mains, les deux répondent en choeur « Oui bien sûr ! » et comparent le travail accompli à l’écriture d’un scénario dont il aurait fallu nourrir l’intrigue. Pamela Shamshiri file la métaphore : « L. A. est un endroit où vous pouvez exprimer votre fantaisie, vous réinventer à travers une nouvelle narration et je pense que cette maison, que nous voulions comme ces belles vieilles maisons de famille, y répond, tout autant qu’à la vie contemporaine de Jana et de sa famille. »
« Les arbres et le grand jardin sont comme une échappée en plein milieu de la ville. » —— L’architecte d’intérieur Pamela Shamshiri