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Un été à Sorrente

Dans une esthétique associant couleurs du paysage et matières naturelles, l’architecte Massimo Adario a revu la maison de ses étés d’enfance. Entre nostalgie et modernité réinventée.

- Sarah de Beaumont RÉALISATIO­N Giulio Ghirardi PHOTOS Nicolas Milon TEXTE

Dans une esthétique associant couleurs du paysage et matières naturelles, l’architecte Massimo Adario a revu la maison de ses étés d’enfance.

Nous sommes à Sorrente, entourés de citronnier­s, sur ces terres qui ont vu naître et où perdure la production de Limoncello. Dominant la baie, la maison de famille est une ancienne limonaia face à la mer. C’est aussi une maison de vacances dans laquelle l’architecte Massimo Adario a passé les étés de son enfance et qu’il a aujourd’hui revue entièremen­t, inspiré par le jaune du soleil et des citrons, le bleu du ciel et de la mer aux reflets profonds et changeants. De la constructi­on d’origine, Massimo Adario a conservé la structure, les plafonds en voûte caractéris­tiques des maisons du Mezzogiorn­o, mais il a rhabillé et réarchitec­turé l’espace, modifiant les murs, les cloisons et même les portes. En doublant soigneusem­ent les murs tout d’abord, créant une seconde peau qui les laisse respirer – nous sommes au bord de la mer – et permet d’accrocher les tableaux en cimaise ; mais, surtout, en créant un fil rouge qu’il déroule dans toutes les pièces de la maison : des carreaux de céramique déclinés dans les tons de vert, de jaune et de bleu. Une matière naturelle, artisanale, aussi italienne que le marbre, et une esthétique années 1950 revisitées que l’on trouve tout d’abord dans la cuisine-pièce de vie où, sur un fond de fresque murale de carreaux émaillés graphiques, un îlot habillé lui aussi de carreaux nous accueille dans un all-over à couper le souffle. Réalisés à la main par Francesco De Maio sur un dessin de Massimo Adario, ces carreaux sont posés sans joints visibles. Un travail de précision car la cuisson déformant les carreaux, au moment de l’assemblage chaque pièce doit être limée afin d’être calée au millimètre près ! L’architecte en a aussi paré les portes, recto et verso, les bancs de la terrasse, les bordures de plates-bandes… et même la tête de lit, articulée en trois panneaux qui s’orientent pour créer un cocon accueillan­t.

Si l’on décèle une volonté de sortir du tout-marbre, on retrouve l’inclinatio­n particuliè­re de l’architecte pour cette pierre qu’il affectionn­e particuliè­rement – nous sommes en Italie – et qu’il réserve ici aux sols, aux murs de la salle de bains ainsi qu’aux encadremen­ts de portes. Les veines minérales gris bleuté se marient avec les motifs géométriqu­es et colorés des carreaux de céramique et les tonalités douces des murs et des plafonds. Car voyez-vous, Massimo Adario n’a pas son pareil pour délivrer des intérieurs dont l’authentiqu­e simplicité résulte d’un infini sens du détail. Les cloisons qui doublent les murs sont au cordeau – dans une maison qui n’est pas d’équerre – et répondent aussi au souhait de ne pas abîmer les arches ; elles sont donc réalisées avec des joints creux, technique délicate, tout comme les hautes portes en carreaux de céramique finement encadrées de laiton.

Rotin, marbre et céramique

Dans ce bel endroit imprégné de ses souvenirs d’enfance, l’architecte recrée une esthétique dolce vita à base essentiell­ement de mobilier en rotin, jusqu’au porteservi­ettes et au miroir de la salle de bains. Il a chiné pour cela les plus belles pièces éditées à l’époque par Bonacina 1889, et les fauteuils, le lit, le sofa et les tables de chevet sont signés de grands noms qui trouvent naturellem­ent leur place dans cette alliance de modernité et de rétro plus qu’aboutie. S’y intègrent des rééditions, une applique de Joe Colombo pour Oluce, des lampes de chez Flos ou Servomuto, des tables en verre ou en bois qui jamais ne dérogent au style 1950-1960, y compris pour le lavabo et son pied coloré. Et lorsqu’il fait appel à des pièces de céramique décorative, leur style années 1950 ne dépare pas. Elles sont posées sur une table en laiton et carreaux de céramique multicolor­es, décidément leitmotiv de cette rénovation en forme de pari osé totalement réussi.

Les veines bleutées du marbre se marient avec la géométrie colorée des carreaux de céramique.

De ses souvenirs d’enfance, l’architecte recrée une esthétique dolce vita à base de mobilier en rotin.

 ??  ?? LA CUISINE, qui fait aussi office de pièce de vie, est entièremen­t revêtue de céramique de Vietri. Les murs, doublés d’une cloison « seconde peau » qui crée un décrocheme­nt par rapport aux arches et au sol en marbre qui remonte en courbe sous la cloisson.
LA CUISINE, qui fait aussi office de pièce de vie, est entièremen­t revêtue de céramique de Vietri. Les murs, doublés d’une cloison « seconde peau » qui crée un décrocheme­nt par rapport aux arches et au sol en marbre qui remonte en courbe sous la cloisson.
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 ??  ?? VUE SUR LA TERRASSE et ses bordures en carreaux de céramique. Derrière, le golfe de Naples et l’île d’ischia.
VUE SUR LA TERRASSE et ses bordures en carreaux de céramique. Derrière, le golfe de Naples et l’île d’ischia.
 ??  ?? LE COIN SALON et ses tableaux de Piero Dorazio accrochés aux murs « seconde peau ».Devant un canapé- lit des années 1950 édité par Bonacina, une table basse de la même époque ornée de dessins du zodiaque sur fond doré ( le tout, Demos Mobilia). Au fond, sur une table en laiton et céramique dessinée par Massimo Adario, un ensemble de vases (Flair). Au- dessus, une lampe Coupé de Joe Colombo (Oluce).
LE COIN SALON et ses tableaux de Piero Dorazio accrochés aux murs « seconde peau ».Devant un canapé- lit des années 1950 édité par Bonacina, une table basse de la même époque ornée de dessins du zodiaque sur fond doré ( le tout, Demos Mobilia). Au fond, sur une table en laiton et céramique dessinée par Massimo Adario, un ensemble de vases (Flair). Au- dessus, une lampe Coupé de Joe Colombo (Oluce).

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