LA MÉTAMORPHOSE
À Sauternes, notre merveilleux botrytis se développe afin de donner au Rieussec sa richesse unique. Pour créer une osmose délicate entre cette pourriture noble et nos raisins, nous récoltons pendant plusieurs mois chaque grain au moment idéal. Notre vin de garde se révèle et surprend à chaque étape de son évolution : gardé au frais une fois ouvert, il se déguste plusieurs semaines sans s’altérer et épouse mille saveurs de midi à minuit.
Autre événement qui bouleverse le monde de la mode : la tournée des Ballets russes et leur Shéhérazade donné au théâtre des Champs-Élysées en : la mise en scène grandiose, l’érotisme de la chorégraphie de Michel Fokine, Nijinski dansant en esclave sensuel… Un éblouissement ! On se prend de folie pour Les Mille et Une Nuits. Le texte persan, traduit par Joseph-Charles Mardrus, réapparaît sous de multiples éditions. Les femmes se coi ent d’aigre es et se me ent à porter des bracelets de type « bazuband », sur le haut du bras.
Dessins abstraits de l’Islam
Les décors des Ballets russes signés de Léon Bak , en particulier, éclatants de couleurs, enflamment la joaillerie où s’introduit la polychromie. Cartier, audacieux, e le premier à mêler le bleu du saphir et le vert de l’émeraude, à associer aux pierres précieuses, la turquoise venue d’Iran, ou le lapis-lazuli, trouvée en Afghani an : son fameux «décor de paon». Si l’influence de l’art oriental se manife e dans les coloris, elle se traduit aussi dans les motifs. Les dessins toujours ab raits en Islam, qui se répètent, selon un ordre savant, pour animer des céramiques, des revêtements muraux, des textiles « tapissent » les nécessaires de beauté et porte-cigare es de Cartier. Ce e géométrie deviendra le langage de la modernité que cara érise bientôt l’Art déco.
À la même époque, en , en GrandeBretagne, on prépare les durbar de Delhi, fe ivités extravagantes au cours desquelles le roi George V et la reine Mary seront couronnés empereur et impératrice des Indes. Jacques Cartier, le petit dernier de la fratrie qui dirige la branche de Londres, se rend aux Indes au plus vite. Celui-ci se rapproche des maharajahs, des princes si fortunés qu’ils couvrent leurs éléphants de pierres précieuses… De ce grand pays, le joaillier rapporte des gemmes gravées, technique propre à la bijouterie moghole, qui seront remontées à la mode de chez nous. Rubis, émeraudes et saphirs forment les sautoirs et bracelets multicolores que la maison appellera Tu Fru i. Un régal pour les yeux.
iCartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité, MAD Paris, 107, rue de Rivoli, 75002 Paris, du 21 octobre 2021 au 20 février 2022. madparis.fr