Européennes: la majorité veut se relancer à la Mutualité
Nouveau départ ? La majo‐ rité d'Emmanuel Macron se donne rendez-vous mardi soir à la Mutualité à Paris pour relancer sa campagne des européennes, talonnée sur sa gauche par Raphaël Glucksmann, et loin der‐ rière un Rassemblement national au faîte des son‐ dages, à un mois du vote. Après l'officialisation, fin fé‐ vrier, de la tête de liste Valé‐ rie Hayer, présidente du groupe Renew (Renaissance) au Parlement européen, le premier "meeting national" à Lille le 17 mars, l'annonce de la liste vendredi et la présen‐ tation du programme lundi, place au grand rassemble‐ ment parisien pour la macro‐ nie, dans une double symbo‐ lique au chef de l'Etat. Quelque 3.500 personnes, pour une capacité de 2.000 places, selon la direction de campagne, se sont inscrites pour ce meeting à la Maison de la Mutualité, où Emma‐ nuel Macron avait fait un pas déterminant vers son destin présidentiel en juillet 2016, et où la majorité avait égale‐ ment battu la campagne lors des européennes de 2019. Le meeting se tient par ailleurs le 7 mai, jour du sep‐ tième anniversaire de l'élec‐ tion du plus jeune président de la Ve République, en 2017. Une sorte de septennat déjà accompli pour un président réélu en 2022, et à qui il reste "tant à faire" jusqu'en 2027, comme il l'a expliqué ce week-end à La Provence et à La Tribune Dimanche. Mais les européennes du 9 juin ressemblent à la croisée des chemins pour le camp présidentiel, qui doit déjà af‐ fronter une absence de ma‐ jorité absolue à l'Assemblée nationale et dont la liste est en difficulté dans les son‐ dages, loin derrière le Ras‐ semblement national. Dans l'édition du sondage "rolling" Ifop-Fiducial pour LCI, Sud Radio et Le Figaro publiée lundi, la liste conduite par Valérie Hayer est créditée de 16% d'inten‐ tions de vote, soit moitié moins que le RN de Jordan Bardella (32%), et avec trois points d'avance sur la liste PS-Place Publique de Raphaël Glucksmann.
"Je ne suis pas inquiète des sondages. Les Français ne sont pas encore dans l'élec‐ tion. Et moi, quand je fais du terrain, les retours sont plu‐ tôt bons. Il y a une dyna‐ mique, un truc qui se passe. Mais les Français ne savent pas qu'il y a une élection le 9 juin. On a vraiment un sujet de mobilisation", explique Valérie Hayer à l'AFP.
- Attal au front - L'humeur est combative mais l'optimisme est cependant mesuré au sein de la majo‐ rité. Désignation tardive d'une candidate sans noto‐ riété après plusieurs refus (Bruno Le Maire, Jean-Yves Le Drian), impatiences autour de la liste, délicate équation gouvernementale dans un contexte de contrainte bud‐ gétaire, volonté du Rassem‐ blement national de faire du scrutin un référendum contre le chef de l'Etat: les pièges sont nombreux.
Si, sauf revirement, il ne sera vraisemblablement pas pré‐
sent à la Mutualité, Emma‐ nuel Macron semble brûler d'en découdre. "Je l'ai dit, je m'impliquerai (dans la cam‐ pagne). Je ne peux pas vous dire que ces élections sont essentielles et ne pas m'im‐ pliquer pour soutenir la liste qui défend l'Europe", a-t-il déclaré ce week-end. Le président a également at‐ taqué les opposants du RN, "perclus d'incohérences", qui "changent de visage en per‐ manence. Un jour le Frexit. Un autre le maintien dans l'Union".
Mais en attendant, c'est Ga‐ briel Attal qui doit croiser le fer. "Je souhaite qu'il s'en‐ gage au maximum dans la campagne en faisant des dé‐ bats, des meetings, en allant sur le terrain. C'est ce que je lui ai demandé, comme aussi à l'ensemble du gouverne‐ ment", a édicté Emmanuel Macron.
Le Premier ministre s'expri‐ mera à la Mutualité, avant la conclusion de Valérie Hayer. "Gabriel Attal va se mettre dans le quotidien des Fran‐ çais", avec une démonstra‐ tion de ce qu'apporte l'Union européenne pour les ci‐ toyens, les agriculteurs ou bien les retraités, et "ce que seraient les conséquences pour eux d'une vague brune", explique son entou‐ rage.
Le chef du gouvernement, à la demande du chef de l'Etat, devrait également bientôt dé‐ battre avec Jordan Bardella. "Il faut déjà qu'il s'implique dans la campagne et que ça se passe au mieux parce que de toute façon, il en sera comptable comme les autres ministres", souligne un lea‐ der parlementaire.