Le régulateur aérien américain ouvre une enquête sur Boeing et son 787
L'autorité américaine de la sécurité aérienne, la FAA, a ouvert une enquête sur Boeing, afin de déterminer si l'avionneur a bien effec‐ tué les inspections requises de ses emblématiques 787 "Dreamliner", et si des do‐ cuments liés à ces inspec‐ tions ont été falsifiés par des employés.
Cette investigation de l'Agence américaine de l'avia‐ tion civile cherche à savoir si Boeing a correctement mené les inspections obligatoires quant à la jonction des ailes au fuselage "sur certains avions 787 Dreamliner", a in‐ diqué la FAA dans un courrier électronique lundi. L'agence précise qu'elle "en‐ quête pour savoir si Boeing a effectué les inspections et si des employés de l'entreprise ont pu falsifier les docu‐ ments liés à l'avion". Cette enquête a été ouverte après que Boeing eut in‐ formé la FAA en avril qu'il "n'avait peut-être pas effec‐ tué les inspections requises". Le constructeur aéronau‐ tique "ré-inspecte tous les appareils 787 encore en pro‐ duction et doit également élaborer un plan pour s'occu‐ per de la flotte en service", ajoute la FAA qui n'indique pas si les avions en service doivent être rappelés pour inspection.
L'agence a donné trois mois à l'entreprise pour présenter un plan visant à résoudre "les problèmes systématiques de contrôle de qualité".
Le 787 Dreamliner et le 737 MAX ont subi moult pro‐ blèmes de production depuis 2023, qui ont freiné les livrai‐ sons de l'avionneur. Cela a contraint plusieurs compa‐ gnies aériennes à modifier leurs plannings de vol pour 2024.
Scott Stocker, responsable du programme 787, a envoyé le 29 avril un email à ses em‐ ployés de Boeing en Caroline du Sud, où sont fabriqués ces appareils, les informant qu'un "coéquipier a vu ce qui semblait être une irrégularité dans un test de conformité requis au niveau de la jonc‐ tion du corps de l'aile".
"Il en a parlé à son manager, qui l'a portée à l'attention de la haute direction", a-t-il ajouté.
"Nous avons rapidement exa‐ miné l'affaire et avons appris que plusieurs personnes avaient enfreint les politiques de l'entreprise en n'effec‐ tuant pas un test requis, mais en enregistrant le tra‐ vail comme étant terminé", a encore écrit Scott Stocker.
Il a assuré que l'"équipe d'in‐ génieurs (de Boeing) a évalué que cette faute n'avait pas créé de problème immédiat de sécurité des vols".
- Passe difficile - Boeing traverse une passe difficile après plusieurs inci‐ dents.
Trois des quatre modèles d'avions commerciaux actuel‐ lement fabriqués par le groupe américain sont offi‐ ciellement visés par une en‐ quête de l'Agence américaine de régulation de l'aviation ci‐ vile (FAA).
Le régulateur supervise étroi‐ tement le 737 fétiche de Boeing depuis janvier, il en‐ quête aussi sur le 777 et sur le 787 Dreamliner, dont l'in‐ tégrité des structures avait été remise en cause par un précédent lanceur d'alerte.
L'avionneur qui avait déjà eu du mal à remonter la pente après deux crashs de 737 MAX, celui en 2018 la compa‐ gnie malaisienne Lion Air et celui d'Ethiopian Airlines en 2019, est en pleine tour‐ mente depuis plus d'un an. Une succession de pro‐ blèmes de qualité et de sécu‐ rité plane sur ses avions. Dernier sérieux incident en date: un Boeing d'Alaska Air‐ lines a perdu en vol une porte-bouchon, le 5 janvier. Le 17 avril, quatre lanceurs d'alerte, dont un ingénieur et d'anciens employés de Boeing, ont par ailleurs té‐ moigné devant une commis‐ sion d'enquête du Sénat américain pour prévenir de "graves problèmes" de pro‐ duction des avions Boeing 737 MAX, 787 Dreamliner et 777.
Un des lanceurs d'alerte y a indiqué avoir fait l'objet de représailles lorsqu'il avait soulevé des questions sur les processus de fabrication du 787, qui, selon lui, menaçait la sécurité des avions.
Ces déboires ont conduit à l'annonce du départ départ du directeur général de Boeing, Dave Calhoun, qui doit quitter ses fonctions à la fin de l'année.
La semaine dernière, Glass Lewis, la société de conseil aux actionnaires institution‐ nels de Boeing, a enjoint ceux-ci à voter contre la réélection de trois anciens membres au sein du conseil d'administration dont Dave Calhoun.