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Le décollage du vaisseau Starliner de Boeing et ses premiers astronaute­s reporté

- Gianrigo MARLETTA avec Lucie AUBOURG à Washington

Le décollage du vaisseau Starliner de Boeing, qui de‐ vait pour la première fois transporte­r des astro‐ nautes de la Nasa vers la Station spatiale internatio‐ nale, a été annulé lundi en‐ viron deux heures avant l'heure prévue du lance‐ ment, à cause d'un pro‐ blème technique.

Une anomalie a été identifiée sur une valve de la fusée At‐ las V qui devait propulser la capsule en orbite, a annoncé le constructe­ur du lanceur, le groupe ULA. "La priorité de la Nasa est la sécurité", a immédiatem­ent réagi le patron de l'agence spatiale américaine, Bill Nel‐ son. Le décollage aura lieu "quand nous serons prêts", at-il écrit sur X.

Une nouvelle tentative de dé‐ collage peut théoriquem­ent avoir lieu mardi, ainsi que vendredi et samedi, mais au‐ cune nouvelle date n'a été annoncée dans l'immédiat. Boeing joue gros sur cette ul‐ time mission test, qui doit lui permettre de rejoindre le club très privé des vaisseaux spatiaux ayant transporté des êtres humains.

Le géant de l'industrie aéro‐ spatiale doit démontrer que son véhicule est sûr avant de commencer les missions ré‐ gulières vers la Station spa‐ tiale (ISS) -- avec quatre ans de retard sur SpaceX.

Les astronaute­s américains Butch Wilmore et Suni Williams devaient décoller à 22H34 de Cap Canaveral en Floride (mardi 02H34 GMT). Les préparatif­s s'étaient dans un premier temps passés sans problème: les astro‐ nautes étaient installés dans leurs sièges, la fusée avait été remplie de carburant, et la météo était idéale. Pour la Nasa, qui a com‐ mandé ce véhicule il y a dix ans, l'enjeu aussi est grand: avoir un deuxième véhicule en plus de celui de SpaceX pour transporte­r les astro‐ nautes américains "est très important", a souligné Dana Weigel, chargée du pro‐ gramme de l'ISS.

Cette capacité permettra de

mieux répondre à "différents scénarios" d'urgence, par exemple en cas de problème sur l'un des vaisseaux, a-telle expliqué.

- Pilotage manuel -

La réussite de cette mission serait par ailleurs plus que bienvenue pour Boeing, dans la tourmente pour des pro‐ blèmes de sécurité sur ses avions, et dont le programme de développem­ent de Starli‐ ner s'est transformé en saga marquée par les mauvaises surprises et les contretemp­s. En 2019, lors d'un premier test sans équipage, la cap‐ sule n'avait pas pu être pla‐ cée sur la bonne trajectoir­e et était revenue sans at‐ teindre l'ISS.

Puis en 2021, alors que la fu‐ sée se trouvait sur le pas de tir pour retenter le vol, un problème de valves bloquées sur la capsule avait encore entraîné un report. Le vaisseau vide avait finale‐ ment réussi à atteindre l'ISS en mai 2022.

Boeing avait ensuite espéré pouvoir réaliser le premier vol habité la même année. Mais des problèmes décou‐ verts tardivemen­t, notam‐ ment sur les parachutes frei‐ nant la capsule lors de son retour dans l'atmosphère, ont de nouveau engendré des retards.

"Il y a eu un certain nombre de choses qui ont été des surprises, que nous avons dû surmonter", a déclaré lors d'une conférence de presse Mark Nappi, responsabl­e chez Boeing. Mais "cela a rendu nos équipes très fortes", a-t-il assuré.

"Il est assez classique que le développem­ent d'un véhicule spatial pour humains prenne dix ans", a-t-il ajouté.

- Battu par SpaceX - Seule une poignée de vais‐ seaux américains ont trans‐ porté des astronaute­s par le passé.

La capsule Dragon de SpaceX a rejoint cette liste en 2020, succédant aux mythiques programmes Mercury, Ge‐ mini, Apollo et des navettes spatiales.

Après l'arrêt de ces dernières en 2011, les astronaute­s de la Nasa ont dû voyager à bord des vaisseaux russes Soyouz.

C'est pour mettre fin à cette dépendance qu'en 2014, l'agence spatiale américaine avait passé un contrat de 4,2 milliards avec Boeing et de 2,6 milliards avec SpaceX pour le développem­ent de nouveaux vaisseaux. Malgré cette différence de fi‐ nancements, "SpaceX a fini 4 ans avant" son concurrent, n'a pas manqué de rappeler lundi le patron dans l'an‐ cienne start-up, Elon Musk. "Beaucoup trop de respon‐ sables ne sont pas des tech‐ niciens chez Boeing", a-t-il ta‐ clé.

Une fois Starliner opération‐ nel, la Nasa souhaite alterner entre les vols de SpaceX et Boeing pour acheminer ses astronaute­s jusqu'à l'ISS. Après la mise à la retraite de l'ISS en 2030, les deux vais‐ seaux pourraient servir à acheminer des humains vers de futures stations spatiales privées, que plusieurs entre‐ prises américaine­s prévoient déjà de construire.

L'Agence américaine de l'aviation civile (FAA) a an‐ noncé lundi l'ouverture d'une enquête sur Boeing, afin de déterminer si l'avionneur avait effectué

Cette investigat­ion vise no‐ tamment à savoir si Boeing a correcteme­nt mené les ins‐ pections obligatoir­es quant à la jonction des ailes au fuse‐ lage "sur certains avions 787 Dreamliner", a indiqué la FAA dans un courrier électro‐ nique.

L'agence précise qu'elle "en‐ quête pour savoir si Boeing a effectué les inspection­s et si des employés de l'entreprise ont pu falsifier les docu‐ ments liés à l'avion".

 ?? ?? Un drapeau avec le logo de la première mission habitée du vaisseau Starliner de Boeing, à Cap Canaveral en Floride le 3 mai
Un drapeau avec le logo de la première mission habitée du vaisseau Starliner de Boeing, à Cap Canaveral en Floride le 3 mai
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