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L1: Il était une fois dans l'ouest, le conte de fée brestois

- Frédéric HAPPE

En terminant dimanche 3e de Ligue 1, synonyme de qualificat­ion directe pour la Ligue des champions, Brest a réalisé une saison aussi inattendue qu'histo‐ rique, même s'il va devoir préparer des lendemains plus incertains.

Alors qu'ils pensaient devoir se "contenter" d'un barrage, après que Lille leur était passé devant à la 33e jour‐ née, ils ont réalisé un nouvel exploit en gagnant 3-0 à Tou‐ louse quand les Nordistes ont été tenus en échec à do‐ micile par Nice (2-2).

Après avoir sauvé leur place dans l'élite à trois journées de la fin en 2022/2023, per‐ sonne n'avait vu venir la sai‐ son des Finistérie­ns. Jamais plus loin que la 8e place -- qui était aussi leur meilleur classement final de l'histoire dans l'élite, en 1987 --, ils ont passé 19 journées sur le podium et, au vu du jeu produit, leur billet pour la "coupe aux grandes oreilles" ne souffre d'aucune contes‐ tation.

Tout bon conte de fée a son prince charmant et qui mieux que le coach Eric Roy pour l'incarner, même si le Kop brestois l'a sacré "King Eric" et que l'UNFP l'a couronné "meilleur entraîneur de Ligue 1" ?

Avec pour seule et unique ex‐ périence comme coach un passage sur le banc de Nice entre mars 2010 et no‐ vembre 2011, il était arrivé en janvier 2023 pour réveiller un club qui végétait à la 17e place avec 13 points en 17 journées, avant d'en engran‐ ger 29 sur les 21 matches suivants, posant les fonda‐ tions de la saison actuelle. - Roy a réinventé Lees-Melou -

"Pendant longtemps j'ai pensé que le train était passé", avait-il admis sur la chaîne L'Equipe récemment, mais il a fait taire les scep‐ tiques en se fondant dans son environnem­ent et un col‐ lectif qui a été la grande force des Brestois tout au long de la saison.

Sa réussite est aussi celle de son "aréopage" d'anciens joueurs Brestois: les adjoints Bruno Grougi et Julien La‐ chuer et le préparateu­r phy‐ sique Yvan Bourgis, ainsi qu'une "pièce rapportée", l'entraîneur des gardiens Christophe Revel.

"Ce sont des mecs qui sont pros, qui sont compétents, qui sont investis et (...) moi, je leur laisse de l'espace aussi dans un management assez participat­if", avait-il confié ré‐

cemment dans un entretien à Winamax.

Roy a aussi su tirer le meilleur d'un effectif li mité par un budget modeste mais où l'ailier Romain Del Castillo ou le défenseur central Lilian Brassier ont évolué à un ni‐ veau que peu leur pensaient accessible.

"Pour moi, l'entraîneur qui n'a pas la capacité de s'adap‐ ter est un entraîneur qui va se créer des problèmes (...)

Le système de départ, ici, il vient des joueurs que l'on m'a confiés, des postes où ils se sentent mieux, des quali‐ tés des uns et des autres", avait-il modestemen­t expli‐ qué.

- Le plus dur commence - Il peut pourtant revendique­r d'avoir reposition­né Pierre Lees-Melou, un milieu offen‐ sif, en pointe basse de son entrejeu, révélant des quali‐ tés qu'il avait été le premier, si ce n'est le seul, à voir. Au-delà de son travail tac‐ tique, il a su parfaiteme­nt gé‐ rer la condition physique de ses joueurs, l'autre grande force de Brest cette saison. "On a eu pas mal de chance cette année, on n'a eu prati‐ quement aucun blessé tout au long de la saison", a-t-il admis vendredi en confé‐ rence de presse.

Roy sait pourtant que le plus dur commence pour Brest avec ce sésame européen, comme son adversaire du soir, Toulouse, l'a expéri‐ menté. "Ce qu'ils ont vécu cette an‐ née, c'est certaineme­nt ce qu'on va vivre l'année pro‐ chaine, donc c'est un bon exemple", avait-il admis. Entre des joueurs qui seront très sollicités, des recrues po‐ tentielles qui risquent d'être plus gourmandes, le recrute‐ ment sera encore plus délicat qu'à l'accoutumée, d'autant que, selon L'Equipe, Grégory Lorenzi, directeur sportif de‐ puis 8 ans, devrait quitter le club.

La gestion d'un calendrier plus chargé et l'incertitud­e sur le stade qui accueiller­a les rencontres européenne­s ajoutent au flou qu'il faudra rapidement dissiper.

Car si la qualificat­ion euro‐ péenne a été une première historique inespérée pour le chaud public de Francis-LeBlé, "ce n'est pas une fin en soi, il y aura une suite et il faudra pouvoir continuer de répondre à cette attente", a rappelé Roy.

 ?? ?? Les joueurs brestois en communion avec leurs supporters après leur victoire 3-0 à Toulouse, synonyme de qualificat­ion directe en Ligue des champions, le 19 mai 2024
Les joueurs brestois en communion avec leurs supporters après leur victoire 3-0 à Toulouse, synonyme de qualificat­ion directe en Ligue des champions, le 19 mai 2024
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