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JO-2024: Sur les traces de Sha'Carri Richardson, la fierté de Dallas

- Robin GREMMEL

"Sha'Carri représente chaque jeune fille ayant posé un pied sur cette piste", résume Lauren Cross, mentor de jeunesse à Dallas de la flamboyant­e américaine Sha'Carri Ri‐ chardson, reine du 100 m qui rêve d'or aux Jeux olym‐ piques de Paris.

Dans une banlieue verte du sud de la mégalopole texane, en face d'une imposante église évangéliqu­e afro-amé‐ ricaine, l'arrière du lycée Da‐ vid W. Carter cache une pe‐ tite piste à quatre couloirs, où quelques jeunes athlètes répètent leurs gammes mal‐ gré le vent qui chasse la touf‐ feur de fin de journée.

En ce lundi 6 mai, l'équipe d'athlétisme peut souffler après avoir bataillé la veille lors des Championna­ts sco‐ laires d'Etat à Austin, la com‐ pétition la plus importante de l'année, que Sha'Carri Ri‐ chardson avait marquée de son empreinte il y a quelques années. Pour preuve, d'impo‐ sants trophées en bois trônent dans une vitrine de couloir de l'établissem­ent. La sprinteuse âgée de 24 ans, désormais installée en Flo‐ ride, est devenue la femme la plus rapide de la planète, ti‐ trée sur 100 m l'été dernier aux Mondiaux de Budapest, consécrati­on d'un parcours chaotique, à l'opposé de la ligne droite qu'elle maîtrise à la perfection. Alignée samedi au prestigieu­x meeting "Pre‐ fontaine Classic" de Eugene (Oregon), l'athlète aux fantai‐ sies capillaire­s et unguéales fait partie des favorites pour l'or olympique à Paris cet été. - "Déjà la plus rapide" - "Elle porte une belle image de notre école. Quand on s'entraîne sur cette piste, j'es‐ saie de retrouver la même énergie qu'elle affichait à son époque. Elle travaillai­t dur, menait chaque exercice, et emmenait tout le monde dans son sillage", explique à l'AFP Lauren Cross, l'entraî‐ neure du lycée, qui a couvé la pépite entre 2014 et 2018 avant de devenir la marraine de cette ex-adolescent­e en souffrance.

"C'était la plus petite, mais déjà la plus rapide. Elle vou‐ lait toujours prouver, elle me‐ nait par l'exemple. Même en tant que première année, elle affichait ses ambitions et ne craignait pas de pousser des athlètes plus expériment­ées hors de son chemin", souritelle.

"Peu importe ce qu'il se pas‐ sait dans ma vie, la piste res‐ tait un lieu où je pouvais être en paix", a raconté Richard‐ son dans un documentai­re de Park Stories, qui aborde la jeunesse difficile de la sprin‐ teuse, élevée par sa tante et sa grand-mère et laissée dans le désarroi par les manques de sa mère biolo‐ gique.

En 2021, la sprinteuse est pri‐ vée des Jeux de Tokyo pour un contrôle positif à la mari‐ juana, utilisée pour l'aider à faire face au décès de sa mère, survenu quelques jours avant les sélections olympiques. De cet épisode dévastateu­r, la jeune femme s'est relevée pour devenir en 2023 championne du monde et la 5e femme la plus rapide de l'histoire de la ligne droite en 10 sec 65.

- "Je l'admire" -

Roxxi Sutton, lycéenne à Da‐ vid W. Carter, a pu rencontrer la championne en novembre 2023. "Elle nous a motivées, nous a parlé de ce qu'elle avait enduré. J'aime voir quel‐ qu'un de ma communauté parler d'athlétisme, je l'ad‐ mire, je viens du même en‐ droit qu'elle. C'est comme si je pouvais faire comme elle", raconte-t-elle. Sha'Carri Richardson avait été célébrée par le district scolaire (Dallas ISD), qui avait donné son nom à la piste du stade de ses premiers ex‐ ploits, situé à quelques cen‐ taines de mètres de l'école, de l'autre côté de l'autoroute 20 qui traverse le Texas d'est en ouest.

La championne, affirmée et à fleur de peau, fait la fierté des quartiers à majorité afroaméric­ains du sud de Dallas. "Je suis heureuse de montrer à ma fille de sept ans l'exemple de Sha'Carri. Elle vient d'ici, a couru ici. Elle est afro-américaine. Elle est comme nous!", s'enthou‐ siasme ShoLand Williams, couvant du regard sa fille qui gambade sur la pelouse syn‐ thétique qui borde la piste du lycée.

"Sha'Carri est mon idole, une coureuse magnifique", com‐ plète Je'Miracle Guillory, autre membre de l'équipe d'athlétisme du lycée, âgée de 18 ans.

"Elle reste positive et se re‐ lève de tout. J'aime son style aussi, ses beaux cheveux, et ses ongles. Elle est ellemême. J'aimerais avoir sa vi‐ tesse bien sûr mais aussi sa personnali­té, briller de mille feux devant tout le monde." Richardson devra passer de nouveau par Eugene et les sélections américaine­s (21-30 juin) avant de scintiller sur la scène olympique du Stade de France (Saint-Denis).

 ?? ?? Lauren Cross, mentor de jeunesse à Dallas de l'athlète américaine Sha'Carri Richardson, reine du 100 m, le 6 mai 2024 à Dallas (Texas)
Lauren Cross, mentor de jeunesse à Dallas de l'athlète américaine Sha'Carri Richardson, reine du 100 m, le 6 mai 2024 à Dallas (Texas)

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