Alternatives Economiques - Hors-Série
Compétitivité : la glissade continue
La politique de l’offre n’a pas réussi à enrayer la déconfiture des entreprises françaises à l’export.
L e crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice), entré en vigueur en 2013, puis le pacte de responsabilité, lancé un an plus tard, étaient censés restaurer la compétitivité du made in
France à l’export, mis à mal depuis le milieu des années 2000, comme le montre le creusement du déficit commercial (voir indicateurs page 18). Pour l’heure au moins, ce redressement n’a pas eu lieu. Certes, la France dégage des excédents commerciaux avec les pays situés en dehors de l’Union européenne, mais le déficit reste abyssal dans les échanges intra-européens. Les parts de marché tricolores en Europe ont dévissé, même si le décrochage est plus violent pour un pays comme le Royaume-Uni. Le contraste est total avec l’Allemagne qui, dans le même temps, a vu ses excédents exploser à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Europe. Notre voisin représente désormais près du tiers des exportations de l’Union européenne à 28 sur les marchés mondiaux !
Ce mal français est-il imputable aux stratégies des grands groupes français qui, comme dans l’automobile, font de plus en plus assembler à l’étranger les produits qu’ils réimportent ensuite sur le marché français ? Ou bien la France est-elle victime de la course au moins-disant social engagée par ses voisins, qui baissent fortement le coût du travail pour restaurer leur compétitivité ? Les deux sans doute.
Une chose est sûre, les milliards du Cice et du pacte de compétitivité n’ont pas été utilisés par les entreprises pour baisser les prix de leurs produits à l’export, dans l’espoir de regagner des parts de marché. Et leurs efforts pour monter en gamme, si toutefois ils ont bien lieu, ne se font pas encore sentir. Le rapport qualité/prix des produits français s’est détérioré ces dernières années aux yeux des acheteurs étrangers. Et plus inquiétant encore, c’est la perception de la qualité tout court qui se dégrade pour certains produits. Comme si une partie de la production française, au lieu de monter, descendait en gamme.