L’ÈRE DU LOTISSEMENT EST-IL RÉVOLU ?
Les architectes avec l’acquis de la Loi CAP sur l’obligation de faire appel à un architecte pour une opération d’aménagement de plus de 2500m² à compter de mai 2017 a enfin obtenu la main après soixante-dix ans d’extension erratique du domaine constructible à coups d’hectares copié-collé de carrés de chocolats et de voiries standards en impasses en forme de raquettes de retournement. Pour une profession qui n’a cessé tout ce temps de perdre ses prérogatives de maîtrise de l’articulation du dessein de l’espace avec le paysage, l’aubaine apparaît incroyable. Pourtant se contentera-t-elle simplement de se féliciter de la maîtrise de ce mode d’aménagement aux dépens des géomètres jusque-là majoritairement aux manettes de ce type d’opération en techniciens des normes viaires ? En Corse malgré le PADDUC, malgré les notions strictes d’interprétations de la notion de continuité urbaine (un lotissement existant ne tient pas lieu de précédent « urbain » pour justifier de prolonger le domaine constructible par adjacence, a fortiori encore moins par un nouvel opus du même tonneau), malgré l’affichage de l’équipe nationaliste de la CTC sur la défense de l’île contre une extension sans fin du domaine constructible, malgré des alinéas déjà présents depuis vingt ans dans les POS et PLU signifiants et invitants à éviter la sousdensité, les lotissements fleurissent de plus belle en extension péri-urbaine déjà touchées par le phénomène mais également parfois sans pré-existence même d’une telle réalité d’aménagement au milieu de nulle part. Un signal fort peut être envoyé par la profession et l’Ordre des Architectes. Par un mot d’ordre justement : « Nous architectes, réunis en instance ordinale à laquelle l’inscription et la cotisation sont obligataires pour agir en tant qu’architecte diplômé, forts des nouvelles prérogatives établies par la LOI CAP sur le permis de lotir (pour une assiette de plus de 2.500m²), nous enjoignons nos sociétaires à ne plus répondre à ce type d’opération qui contrevient autrement plus fortement à la politique du développement durable (extension des réseaux, sous-densité et mitage, extension dommageable du domaine bâti aux dépens des espaces naturels et paysages, des terres agricoles et sylvicoles, caractère non-urbain...). Ce mot d’ordre de l’ensemble de la profession, de ne plus signer des permis de lotir peut changer la donne pour nos paysages et redémontrer la plus-value de architecture qui renoue avec la résolution des tensions spatiales entre bâtis. Finissons-en avec les Lotissements ».