Architecture Durable

Auto-constructi­on d'une maison en rondins

« J’ai écorcé, nettoyé, tracé et taillé les rondins bruts. Ils n’ont pas été sciés par un scieur. C’est à la tronçonneu­se que j’ai construit la fuste et taillé la charpente »

- Jean-Luc Alpille Photos : Eric Poirion

Cette fuste de 200m² a été réalisée en mélèze par Eric Poirion, Urban'Fuste, Hautefage (Corrèze). Eric Poirion : « Généraleme­nt, j'utilise des douglas, plus faciles à trouver et plus stables. Exceptionn­ellement, je l'ai réalisée pour ma mère en mélèze. Bois plus nerveux mais plus joli à mon goût.

« Il y a des rondins sur la longueur des pignons et en même temps des rondins sont aboutés au niveau des croisement­s. Sur le pignon Sud, les rondins sont de la longueur soit 8 m au niveau des croisement­s plus les débords. Au sol, une dalle à la chaux, réalisée avec un oncle. La maison est posée sur un mur en granit d'une carrière environnan­te .

Les bois ont été achetés à 14 m de longueur et coupés en fonction du plan. Nous avons acheté une petite grue de 16 m de long et les troncs sur bord de route. Je les ai choisis en fonction de leur diamètre, leur régularité. A l'époque, c'était la première fois que je faisais cela seul. J'ai écorcé, nettoyé, tracé et taillé les rondins bruts. Ils n'ont pas été sciés par un scieur. C'est à la tronçonneu­se que j'ai construit la fuste et taillé la charpente. La fuste à été montée à blanc et démontée pour effectuer des préparatio­ns comme le perçage des rondins pour passer l'électricit­é dans les murs, pas de saignés apparentes. Des rainures dans les murs ont été réalisées pour incruster les cloisons sèches, le plat des solives pour l'étage, les préparatio­ns pour les portes et les fenêtres... Puis remontée définitive­ment pour poser les chevrons, l'isolation et tout ce dont a besoin une maison. Il faut également savoir qu'une fuste se tasse. Elle perd de la hauteur et il est prévu au-dessus des fenêtres, des portes, des cloisons et en-dessous des poteaux, des espaces de tassement pour ne pas entraver la réduction des fûts.

Il s'agit d'une charpente traditionn­elle en rondins avec embrèvemen­ts (assemblage­s) chevillés pour 2 fermes et boulonnés pour la troisième. C'est moi qui l'ai réalisée et c'était ma première charpente réalisée seul. Pour la toiture, ce sont des ardoises que j'ai clouées sur une volige avec des clous en cuivre. L'isolation est à la base de Chaux/chanvre apparent qui est à la fois l'isolation et la décoration. Il y a trois portes-fenêtres dont une qui s'ouvre sur la véranda côté Ouest. Plus une fenêtre sur façade derrière les érables du Japon qui à été imaginée comme un tableau ouvrant sur le paysage. Les cloisons intérieure­s sont en rondins alors que la cuisine est une cloison légère en forme d'ellipse. Charpente intérieure et pignon type colombage en chaux et chanvre entre les rondins. Les pignons ont été banchés (planche de chaque côté) et le mélange de chaux et chanvre déposé et tassé entre les planches qui ont été enlevées au fur et à mesure pour être crépis une fois sec et plâtrés à l'intérieur par un profession­nel. Pignon Nord avec un balcon et terrasse. Pignon Ouest avec un rondin-fourche. Une partie du rondin est dans le mur et l'autre, comme une branche, est en suspension. On peut s'assoir dessus.

Un poêle de type alsacien qui n'est pas de masse mais à été réalisé par un artisan et sa femme céramiste. Lucien Claim nous a proposé une série de poêles en faïence et ma mère en a choisi un qui lui plaisait. Il est venu le monter sur place. C'est moi qui ait réalisé les plans pour le permis en fonction des demandes de ma mère. Je ne fais pas cela pour un client vu que je ne suis pas habilité à le faire. Je suis artisan inscrit à la Chambre de métiers & de l'Artisanat de Tulle. Quand j'ai réalisé la maison de ma mère, je n'étais pas encore à mon compte, je l'ai réalisée comme particulie­r, en auto constructi­on. J'avais 2 ans et demi d'expérience. J'ai appris auprès d'un constructe­ur, Christophe Garant, chez Aaland, de mai 1992 à octobre 1994. Entreprise qui n'existe plus aujourd'hui. Sachant aussi que la fuste de ma mère a de nombreux croisement­s et plus il y a de croisement­s plus le travail est long car c'est une des parties qui demande le plus de travail ».

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