Fragmentation de la balle
Un interminable sujet de polémiques
Un interminable sujet de polémiques
Le risque de fragmentation est l’une de nos grandes sources d’inquiétude. Crainte de voir une partie de la balle achever sa course n’importe où, toucher un chien dans un ferme ou, pire, un fragment atteindre un rabatteur ou un autre posté. Comment s’en prémunir ?
Dissipons d’abord le malentendu qui recouvre l’usage de balles « homogènes » ou « mo no métalliques » , en cuivre donc, dont une notable proportion offre ce que j’appelle une « fragmentation programmée » . La séparation des pétales créée au mo - ment de l’impact fait partie de la conception même du projectile. La taille des fragments est déterminée par la présence d’amorces de rupture internes ou externes, plus ou moins visibles pour le profane. L’action de ces dernières peut être complétée par celle d’un initiateur d’expansion qui ressemble à une cheville, souvent en alliage léger, matériau composite ou plastique, ou encore par celle d’une cavité frontale qui va procurer un avantage hydrodynamique supplémentaire en plus de la génération de fragments. Par nature, ces fragments de petites dimensions, très légers et perdant rapidement leur vitesse d’impact, n’apportent qu’une pénétration limitée, voire réduite. Leur effet est autre. En ajoutant trois ou quatre canaux vulnérants ( des blessures si vous préférez), ils augmentent souvent significativement les effets de l’ hémorra--gie, facilitent une mort rapide et sans souffrances du gibier et agrandissent la zone du corps concernée par l’impact. Notez que les plus efficaces de pas mal de nos balles « anciennes » , en tout cas celles qui ont connu un très grand succès ( HMK, Tig/ Tug, Nosler Partition, etc.) ne se conduisent pas autrement.
Bons ou mauvais
fragments
Quasiment toutes les balles mono-métalliques récemment offertes ( Tag, TSX, TTSX, Kalahari, Bionic Yellow, GPA, etc.) proposent cet effet voulu de fragmentation partielle, qui concerne habituellement seulement leur premier tiers. Une fois la fragmentation entamée, puis consommée, ces balles homogènes conservent un noyau de masse assez im portante ( plus de 65 % de ce qu’elle était) au moment de l’impact, dont le rôle est d’assurer une pénétration suffisante, ce qui signifie une sortie définitive du corps du gibier de ce noyau résiduel. Nous ne vivons pas dans un monde idéal : il arrive qu’une balle conventionnelle à noyau de plomb et chemise classique se fragmente quand elle rencontre un obstacle, baliveau, gros os, quelquefois une armure de boue et de débris divers ou une simple branchette toute bête, tout comme il arrive qu’elle se conduise exactement comme prévu. Cette fragmentation- là n’est pas « programmée » , contrairement à celle d’une balle homogène conçue pour cela ou d’une balle récente à expansion contrôlée et noyau soudé. Il n’est pas rare que la balle « ordinaire » laisse échapper sa chemise de tombac ou de fer doux cuivré, qui ira où elle pourra et révèlera des déchirures si vous en retrouvez des morceaux assez importants. Le très faible poids de cette chemise ne lui permet d’offrir ni pénétration ni effets vulnérants importants, sauf coup de chance. Le noyau de plomb plus ou moins durci sera déformé, prendra des profils bizarres, se fracturera, ce qui lui fera parcourir une trajectoire tout à fait erratique dans le corps de l’animal. Il pourra parfois offrir une pénétration suffisante, mais la chose sera parfaitement aléatoire et non reproductible. Les multiples opérations effectuées au cours de la fabrication d’une balle dite de haut de gamme, justement pour en améliorer la cohésion, ont un coût. Sachez bien que ces balles, le plus souvent, valent largement les quelques euros supplémentaires que votre armurier vous de mande pour vous les céder. La décision vous appartient stric-tement, comme toujours, mais pourquoi ne pas mettre le plus de chan - ces possible de votre côté en choi sissant un projectile moderne, soigneusement étudié et mis au point plutôt qu’une balle bien ordinaire, peu coûteuse mais pas toujours à la hauteur de la tâche que vous lui demandez d’accomplir ?