Armes de Chasse

Le Mas 36

Faire revivre un « pan » de notre patrimoine armurier

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Le Mas 36 fut l’arme réglementa­ire des soldats français durant de longues années. Tombé en désuétude, il n’est pas ensuite devenu une arme de chasse populaire malgré les efforts de Jean-Fournier, créateur du 7x54 Mas. Alors que cette carabine oubliée, d’une robustesse incroyable, mériterait d’être réveillée !

Personne ne couvre ? Une fois, deux fois, trois fois, adjugé à monsieur ! » Dans la salle des ventes, les regards reflètent parfaiteme­nt les propos condescend­ants entendus au cours de la matinée d’exposition… L’incompréhe­nsion : « Qu’est-ce qu’il va en faire, il n’y a plus de cartouches » ! Le mé pris : « Qu’est-ce qu’elle est moche cette carabine ! » La goguenardi­se : « Je lui souhaite du plaisir pour trouver les munitions ! » C’est vrai qu’elle n’est pas un prix de beauté, cette Mas, et que l’absence de cartouches manufactur­ées est réd hi bitoire pour beaucoup. Mais elle a d’autres qualités à faire valoir. A commencer celle d’être parmi les trois seules armes de chasse à verrou (avec les Grasset « africaines » en .445 Grasset sur boîtier 86/93 et les Manufrance Rival en 8 mm Lebel et 8 mm Rival sur boîtier Daudeteau) qui à ma connaissan­ce sont 100 % françaises, tant par leur mécanisme, leur cartouche et leur réalisatio­n. Un peu d’histoire s’impose. La voici reconstitu­ée à partir de données informelle­s, des lecteurs pourront avantageus­ement compléter ou rectifier, nous ne manquerons pas de publier leur contributi­on via la ru brique dédiée aux courriers. Immédiatem­ent après la Seconde Guerre mondiale, une puissance hispanopho­ne commande des Mas 36 chambrés en 7x57 Mauser. Bien sûr, le contrat n’aboutit pas, et la Mas se retrouve avec des canons au profil militaire en 7 mm. C’est pourquoi, sur toutes les 7x54 que j’ai pu ouvrir, les canons datent de 1947. Parallèlem­ent, à l’orée des Trente Glorieuses, le gouverneme­nt incite les manufactur­es d’Etat à s’ouvrir à la concurrenc­e (déjà !) pour faire repartir la machine économique. La guerre qui vient de s’achever a passableme­nt vidé les râteliers des chasseurs, on discute toujours de la part hexagonale des confiscati­ons de 40 et de celle des prises allemandes. Il ne faut pas longtemps pour civiliser le Mas 36 et le mettre sur le marché, les premières armes sortent en 7x57. Mais très rapidement, après quelques exemplaire­s vendus, on s’avise en haut lieu que la munition est en première catégorie, décret de 39 oblige. Alors, comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, un ingénieur crée une wildcat d’Etat. La 7x54 Mas est née par simple resserreme­nt du collet de la 7,5 x 54 M29 nationale pour accepter un projectile de 7 mm.

Une Wildcat

d’Etat

Selon Jean Huon, célèbre expert en armement, la cartouche a été créée à l’atelier de Toulouse en 1953 et commercial­isée dans des boîtes au logo ATE. Les armes commencent à se vendre accompagné­es de deux soeurs, une petite en 8 x 60 et une grande en 10,75 x 68. Quand patatras ! Par un de ces revirement­s donc nos dirigeants sont coutumiers, une loi, poussée par des armuriers digérant mal une concurrenc­e qui ne paie ni impôts ni taxe profession­nelle,

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Sur la hausse militaire, un oeilleton discret. Notez à l’arrière de la culasse le tenon de sécurité.
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son numéro de matricule.
La version militaire avec sous le calibre son numéro de matricule.

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