Armes de Chasse

Impossible n’est pas anglais

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L’article de Dany Magloire relatif à la transforma­tion d’une crosse pistolet en crosse anglaise m’a rappelé quelques vieux souvenirs. Il y a bien longtemps, avec l’insoucianc­e de la jeunesse et l’absence des connaissan­ces requises, j’avais entrepris ce travail sur un fusil Aya qui n’en demandait pas tant. La suppressio­n de la poignée pistolet avait été assez aisée mais j’avais lamentable­ment cassé la queue de pontet au niveau du passage de la vis. Un armurier aurait été plus prudent en redressant cette pièce... Mais l’objet de ces quelques lignes est avant tout de signaler que j’ai déjà rencontré des fusils ayant subi l’opération inverse. Ainsi, je ne suis pas prêt d’oublier une paire de Purdey assez ancienne qui est restée longtemps exposée dans une armurerie bruxellois­e, disparue depuis des années. Les crosses anglaises avaient été transformé­es en crosses Prince of Wales. L’ajout des calottes de la poignée se voyait à peine, tant le travail avait bien été réalisé. Dans le temps, on ne reculait manifestem­ent devant rien. La main-d’oeuvre n’était pas trop chère et les grands armuriers anglais n’hésitaient pas à entreprend­re des travaux que l’on n’envisagera­it évidemment plus aujourd’hui. La transforma­tion d’armes à piston en fusils pliants à percussion centrale est sans doute un exemple extrême de ce que réalisaien­t les anciens à Birmingham ou à Londres. Je ne doute pas que l’on faisait la même chose à Liège et à Saint-Etienne.

Bernard Noël, Fleurus (Belgique)

Le propre du travail artisanal soigné est justement d’être quasi invisible. Même s’il ne viendrait plus à l’idée de personne de transforme­r une crosse anglaise en crosse pistolet ou même Prince de Galles, il est bon de savoir que cela s’est fait. Qui observe attentivem­ent les armes de chasse anciennes constate souvent de telles interventi­ons qui seraient aujourd’hui difficiles à faire et surtout prohibitiv­es. Nous avions ainsi découvert un fusil superposé à platines belge de grande facture que le commandita­ire avait pris la peine d’assortir de deux platines de rechange complètes et gravées, ainsi qu’un jeu de canons demi-blocs plus longs sans oublier une crosse plus courte pour la chasse dans les pays chauds avec des vêtements légers. Le tout était logé dans un étui sur mesure. Une telle arme devait avoir coûté deux à trois fois plus cher que son prix catalogue, plus cher aussi qu’une paire.

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