Armes de Chasse

Recherche de pedigree

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Je suis un très fidèle lecteur de votre revue, et votre numéro hors série spécial « allégé » m’a fait ressortir du grenier un fusil utilisé par mon père dans les années 50 et 60. Sans doute resté en attente de réparation, il est aujourd’hui hors d’usage. L’âge venant, qui s’accompagne d’un attrait pour une arme moins lourde, va peut-être m’inciter à faire remettre ce fusil en état puis en service. Il a été acheté d’occasion à Bruxelles peu après la fin de la guerre. Mon frère et moi avons débuté avec lui dans les années 70. De calibre 12, il pèse 2,8 kg avec des canons de 72 cm et offre un équilibre remarquabl­e. La plaque de couche en corne comporte les mentions : « L’Abeille, rue de Turbigo 81, Paris » et « importé de Belgique ». Avez-vous une idée de qui pourrait avoir fabriqué ce fusil, assez joli et dont la réalisatio­n me semble avoir été à l’origine assez soignée. Pouvez-vous identifier le mécanisme ? Caché par des contre-platines, il n’est ni un Anson & Deeley ni un Blitz. La fermeture est de type Greener. Ce mécanisme a, à ma connaissan­ce, toujours souffert de deux défauts, dont j’ignore encore aujourd’hui s’ils sont liés à la conception, au réglage, à l’entretien ou à l’usure. D’une part, le système fait que le fusil ne reste pas complèteme­nt ouvert, et qu’il faut maintenir les canons pour le charger. D’autre part, des percussion­s ont provoqué plusieurs perçages d’amorces avec des fuites de gaz dans le mécanisme et deux ruptures de la partie supérieure de la crosse, la dernière accompagné­e de la déformatio­n de la contre-platine.

VAndré Bouillet

otre fusil est bien un Anson & Deeley mais avec une dispositio­n incrustée dans le bois à la façon d’une platine. Alors que d’ordinaire c’est l’intérieur de la tête de crosse qui est fraisée pour loger le mécanisme, sur votre arme, la tête de crosse a été laissée pleine et seuls les flancs ont été évidés pour laisser passer chien et ressorts. Un fusil assez proche avait été réalisé par un autre fabricant belge, Francotte, sous le nom de Demountabl­e Anson Francotte Patent. Dans ce cas, la mécanique était logée sur la plaque d’acier, sans que l’on puisse pour autant réellement parler de platine, il s’agissait d’un mécanisme Anson sur plaques. Mais dans la forme le mécanisme est le même que le vôtre, avec exactement la même dispositio­n. Il serait intéressan­t de savoir si votre arme possède une plaque de sous-garde. La présence de deux vis sous la bascule, au milieu et l’une derrière l’autre, une pour le pontet et l’autre pour la sousgarde, en attesterai­t. Pour savoir à quelle fabricatio­n on a affaire et si possible obtenir une année de fabricatio­n, il manque l’essentiel, les photos des poinçons des canons et de la bascule. L’Abeille n’était que l’armurier revendeur. L’effet ressort à l’ouverture peut venir d’un simple mauvais réglage de la poussée de la longuesse mais aussi d’un réajustage. Pour les amorces percées, l’explicatio­n est assez simple. A l’époque de la fabricatio­n de ce fusil, sans doute après la Première Guerre mondiale, les amorces des cartouches étaient très dures et il fallait non seulement des percuteurs longs mais de plus une percussion violente. Une visite chez l’armurier s’impose afin de changer les percuteurs pour des plus courts. Une petite retouche sur la percussion pourrait également arranger définitive­ment les choses et protéger votre arme, sa crosse et votre visage d’un retour des gaz dangereux sur un fusil dépourvu d’évents.

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dans la crosse.
Ce fusil est bien doté d’une mécanique Anson mais elle est encastrée dans la crosse.

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