Armes de Chasse

Pourquoi tirer loin ?

Maîtriser son arme en tout lieu

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Tirer loin, ce sera viser un animal à plus de 80 m pour les uns, à plus de 200 pour les autres. Et il y a là une certaine vérité. Savoir tirer loin n’implique pas de recourir aux tirs lointains en tout lieu, en tout temps. Cela permet surtout de mieux maîtriser son arme, de mieux tirer, à 100 m et moins tout simplement.

Tirer loin, voilà bien une pratique en vogue dans le monde de la chasse au grand gibier. Une mode venue des EtatsUnis, où l’on voit même naître et prospérer des sites dédiés aux tirs de chasse les plus éloignés, remplis de vidéos montrant des chasseurs tirant des animaux d’un versant à l’autre d’une vallée. Cette évolution, bien que loin d’être une règle pour tous les chasseurs, y compris américains, est amplifiée par les fabricants qui y voient l’opportunit­é de promouvoir des armes spéciales, long range ou tactical. Une tendance que, vous l’aurez compris, nous ne cautionnon­s pas au sein de la revue, où l’idée de chasse à l’approche garde tout son sens… Alors pourquoi consacrer un dossier entier aux tirs lointains ? Parce que vous comme nous observez l’arrivée de ces armes, optiques et accessoire­s spécifique­s, et êtes peut- être tenté d’acheter une nouvelle carabine, d’opter pour un calibre plus tendu ou pour une optique plus « rapprochan­te ». Mais, surtout, parce que tirer loin ne signifie pas forcément aller chercher à plus de 250, 300 ou même 400 m le gibier convoité. Cela signifie avant tout mieux appréhende­r le tir, de façon à ne pas tirer n’importe comment, n’importe quand et n’importe où. C’est enfin maîtriser le tir entre 50 et 150 m, le tir de chasse « standard », comme le tir à plus de 200 m le jour où vous ne pouvez plus progresser et où il vous faut pourtant tirer. Et pour cela, il n’existe pas d’autres solutions que l’entraîneme­nt. Certains stands de tir vous permettent de tirer à plus de 100 m, parfois 200, rarement 300. La pratique à ces distan ces, qui effraieron­t certains d’entre vous, est une bonne chose, elle oblige à plus de concentrat­ion, à mieux contrôler toutes les étapes de la visée et du tir, et à tenir compte de l’environnem­ent, du vent par exemple. La pression sur la queue de détente, la lutte contre le coup de doigt, la gestion de son corps et de sa respiratio­n sont indispensa­bles. Savoir tirer loin, c’est aussi connaître les bons gestes pour que rien ne vienne handicaper la visée. Combien de chasseurs savent que trois points d’appui conditionn­ent un tir stable ? Ainsi, au mirador, ceux qui ratent un peu plus souvent qu’à leur tour des animaux « faciles », même si cette notion est toujours trompeuse, ont rarement conscience que c’est leur coude droit (gauche pour les gauchers) qui peut leur jouer des tours. Un droitier doit s’installer sur la droite du mirador pour qu’au moment du tir non seulement le fût de la carabine repose sur la rambarde qui lui fait face mais aussi pour que son coude soit en appui sur celle perpendicu­laire, sur sa droite. Il y a de grandes chances pour que la mise en pratique de ce principe rende, comme miraculeus­ement, les ratés bien moins nombreux. Au stand, observez les tireurs confirmés sur un bench. Il ne tiennent pas le fût de la crosse, ce dernier est posé sur le bench et la main qui n’est pas au contact de la poignée pistolet vient enserrer l’arrière de la crosse. Dans cette position, le tireur, en appui sur les coudes, bloque littéralem­ent la carabine tel un étau. Le tir est plus stable et la visée forcément mieux assurée. Seulement, ce genre de techniques s’apprend. Pour ce faire, vous pouvez vous faire accompagne­r par des moniteurs agréés, vous inscrire à un stage de tir de chasse, ou préférer progresser seul au fil de passages répétés au stand.

Tirez profit de ce qui vous entoure

La maîtrise du bâton de pirsch ou du bipode, voire tripode, et pourquoi pas d’éléments naturels tel un tronc d’arbre, passe aussi par là. Même chose pour les nouveaux dispositif­s censés faciliter le tir, bipied, crosse à trou de pouce, busc réglable. Ils ne tiendront leurs promesses que si vous avez pris le temps de les apprivoise­r avant la chasse. Un ami, chasseur passionné, archer et bécassier, m’avoua, un jour que nous étions à l’approche, qu’il lui était impossible d’imaginer tirer à plus de 80 ou 90 m. « Trop loin pour moi », disait-il. De fait, il privilégia­it l’approche, ce qui est parfait. Mais lorsqu’il lui était impossible de progresser davantage, en rase campagne notamment, et que le chevreuil convoité se trouvait à plus de 120 m, il devait renoncer, la mort dans l’âme. Quelques passages au stand lui auraient permis, sans rien changer à ses habitudes, louables et riches sur le plan émotionnel, d’être en mesure le cas échéant d’avoir un peu plus d’allonge pour ne pas passer à côté du brocard de sa vie. Savoir tirer loin, c’est aussi s’obliger à une plus grande décontract­ion au moment crucial, se laisser sur-

 ??  ?? Ce chasseur devrait être de l’autre côté du siège. Au moment du tir, son coude droit sera dans le vide au lieu d’être calé sur la rambarde latérale.
Ce chasseur devrait être de l’autre côté du siège. Au moment du tir, son coude droit sera dans le vide au lieu d’être calé sur la rambarde latérale.

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