Vive le .257 Hyper Express Grasset !
Faire renaître une cartouche française « hyper » rare
Une belle carabine à verrou ancienne chambrée dans un calibre inconnu ou presque, et l’envie de la faire revivre. Voilà les ingrédients qui ont conduit à la « reconstruction » à tâtons d’une cartouche disparue, la .257 Hyper Express Grasset. Résurrection !
Quand je l’ai vue apparaître sur le plus grand site français de vente en ligne, je n’ai pas pu résister. En deux clics, un chèque, deux timbres (un pour la lettre adressée au vendeur, l’autre pour la préfecture), je deviens propriétaire d’une carabine qu’il va bien falloir faire « causer ». A la réception, elle est conforme à l’annonce : certes un peu « fanée », mais l’état général est très bon, son tube semble sans défaut. L’action est une Mauser Small Ring, certainement récupérée sur une 98AZ. La crosse, mince et très droite, est terminée par un embout en corne. La plaque de couche et la calotte de poignée sont faites dans la même matière. La hausse, finement réglable en site et en azimut, est celle d’une Martini de cadet BSA. Le tonnerre est gravé « .257 Hyper Express Grasset & Cie Paris ». Le précédent propriétaire a déjà commencé le travail. Il m’a expédié l’arme avec une cartouche idoine et la photocopie d’une publicité d’époque vantant, je cite, une « carabine dont la balistique fut une révélation » , « l’arme unique permettant le tir des animaux moyens à dépla- cements rapides à toutes distances. Par suite de la très grande vélocité du projectile, la trajectoire est d’une rectitude idéale. »
D’abord, on cherche
Cette cartouche porte le marquage DWM 431L, ce que ma pierre de Rosette traduit par « 6,5 x 61 expérimental Suédois »… Une autre source de documentation me donne 6,5 x61 Mauser… On avance ! Je vais sur le site de CH- 4D ( importateur TecMagex), spécialisé dans la réalisation d’outils de rechargement et de matrices dans des calibres souvent exotiques, dont le 7 x 54 Mas. Je trouve mon bonheur car les matrices de .257 Hyper Express Grasset y sont référencées. Je commande et, après quelques mois d’attente, je reçois mon jeu d’outils en… 6,5 x61 Mauser, j’avais vu juste ! Je me précipite sur ma presse, je passe quelques étuis de 6x62 Frères qui attendaient dans une boîte, je raccourcis au Case Trimmer et… ça chambre ! Je mets une charge toute douce de 6,5 x 57 derrière une balle légère et, dans l’impatience, je me précipite au stand pour le premier essai. Chambrage un peu dur, je tire : recul sec. J’extraie : plus d’amorce, et puits d’amorçage « bien dilaté »… Oh ! la belle surpression… De retour à la maison, je vérifie les cotes, car mon chargement qui est le plus light de ceux destinés à la 6,5x57 ne peut pas être mis en cause. Je m’aperçois qu’en abaissant l’épaulement de la 6,5 x 61, plus bas que celui de la 6 x 62, j’ai créé une surépaisseur de laiton à la base du collet, d’où l’augmentation du diamètre une fois le projectile en place et la surpression. Donc, ami lecteur, vigilance si tu abaisses un épaulement, vérifie le diamètre du collet avec une balle en place. Après ce premier déboire, j’entreprends de travailler à partir d’un étui de 9,3 x 62 Norma, dont le laiton est plus mou et moins épais. Une passe dans une matrice de 9,3 x 62 pour bien réduire la base et éliminer les irrégularités, puis une passe dans un recalibreur de .358WCF, puis de .308 WCF, puis de 7-08 et enfin de .260 Remington, le tout pour réduire le collet et l’amener à la bonne hauteur. Formage final dans la matrice de 6,5x61 Mauser sans l’olive de recalibrage, raccourcissement à 59,8 mm, par précaution car j’ignore la longueur « officielle ». Reste le problème de l’épaisseur. A la perceuse à colonne, je passe successivement un foret de 6,2, de 6,3, de 6,4 et enfin 6,5. Miracle ! Une fraise à collet de chez Forster en .257 (6,52 mm) enlève juste ce qu’il faut