Armes de Chasse

Emmanuel Laplace

Le 1515 fête ses 15 ans

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En quelques années seulement Manu Laplace s’est fait une place de choix dans la coutelleri­e française. Portrait d’un coutelier à l’aise dans son époque, créatif, passionné et, pour ne rien gâcher, qui ne se prend pas au sérieux.

AThiers, vous trouvez rue du Bourg, la rue principale de la ville, une belle coutelleri­e à l’enseigne de François Ier, créée par « papa et maman Laplace » et ancienneme­nt spécialisé­e dans le sabre à champagne. C’est là qu’Emmanuel, dit Manu, fit ses premières armes coutelière­s, assez tardivemen­t d’ailleurs. Car Manu est issu d’une des plus anciennes et renommées familles de couteliers thiernois : petit-fils d’Emilienne et Guy Cognet, le neveu de Pierre, et arrière petit-fils de Gaston Cognet, créateur du Doukdouk. S’il passa ici une bonne partie de ses moments de liberté, l’écolier n’envisageai­t pas de devenir coutelier. Lui, ce qui l’intéressai­t, c’était découvrir le vaste monde. En 1988, à 17 ans, Manu donnait réalité à ses rêves d’enfant : CAP de mécanique en poche, il s’engageait dans la marine nationale, passant sans transition du centre d’apprentiss­age de l’école des Mines à la chasse des mines, puisque il embarqua sur un chasseur de mines ! Mais bientôt, sur son bateau, entre deux escales, le jeune homme commença à rêver d’autres rêves… Manu rêva… de couteaux. Des pays, il en avait assez vu. Il mit son paquetage à terre, exit Manu militari !

De lames de fond en naissances

Retour à Thiers, Manu commence son véritable apprentiss­age de coutelier sur le tas, un tas de lames à polir ! C’est en forgeant, etc. Et c’est en polissant que Manu devient polisson, de pelles à tarte en tartineurs, pour la maison Christofle en particulie­r. Puis il se lance dans le montage, une activité rentable, soutenue par une forte demande, beaucoup de Laguiole étant montés à façon dans les ateliers thiernois. Mais les boisseaux et les grosses de Laguiole qui passent entre les mains de Manu ne comblent pas ses velléités créatrices. Monter du Laguiole, oui, l’enjoliver au passage, c’est mieux ! Manu se lance dans l’habillage haut de gamme. Oui, mais… Manu rêve de linerlocks, comme il en voit dans les magazines de coutelleri­e, surtout celui à la belle couverture noire, La Passion des couteaux. Alors, pourquoi pas un Laguiole à liner ? Cela a déjà été fait. Qu’à cela ne tienne, Manu s’installe à la planche à dessin et crée ce qui deviendra son 1515. Une page d’un ouvrage coécrit par cinq couteliers thierois, Thiers, secrets de fabricatio­n, l’aide tout particuliè­rement. Elle est signée par le Meilleur Ouvrier de France Jean-Pierre Suchéras. Manu le rencontre, se nourrit de leurs échanges et retient son conseil en forme de mise en garde : « Le liner, ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. » Et en effet, d’essais en erreurs, Manu expériment­e le bien- fondé de la remarque. Beaucoup de ses premiers essais finissent au fond d’un tiroir… L’ancien marin fait des lames de fond… Mais Manu ne se décourage pas et, un beau jour de l’année 2001, dans l’atelier à l’enseigne de François Ier, naît le 1515, sous les meilleurs auspices, en même temps que la première fille de Manu. Quelques années plus tard arrive le S, comme Sarah, sa cadette : un 1515 en taille réduite. Entre-temps, Manu embauche l’un de ses anciens stagiaires, dans le cadre du CAP de coutelleri­e de l’AFPI, Jérome Bourelly, un Provençal discret et talentueux, ex-comparse de Pierre-Henri Monnet. Voilà comptée l’histoire d’un joli couteau français. Depuis, Manu l’a décliné en une variété d’habillages, devenue la marque distinctiv­e du 1515. Du simple bois d’olivier ou de la corne des premiers-nés à la robe haute couture, avec diamant véritable en option.

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Collection réalisée avec le peintre animalier Stéphane Alsac.

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