Le fusil Roper 1866/1868
Le fusil de chasse à barillet et petites cartouches made in USA
Les Etats-Unis se sont construits avec quelques armes mythiques, les carabines Winchester à levier de sous-garde et les revolvers Colt notamment. En marge de ces stars mondiales ont cohabité quelques armes, étonnantes souvent, fonctionnelles parfois et oubliées en général. Le fusil Roper à barillet appartient à ces trois catégories à la fois.
Dans les années 1850, l’Américain Sylvester H. Roper exerce ses activités à Roxbury, dans le comté de Norfolk, dans L’Etat du Massachusetts. Cet esprit ingénieux s’intéresse à un peu tout et avec talent. En 1860, on le trouve plongé dans les prototypes d’automobiles et les dérivés mécaniques et, en 1867, il invente la première motocyclette. En parallèle, il fait quelques incursions dans l’arquebuserie. Un peu plus tôt, le 10 avril 1866, il a déposé un brevet (n° 53881A) pour un repeating shotgun, qu’il présente également dans la gamme des revolving fire arms ; tout cela pour ce qui finalement s’avère un fusil à répétition manuelle à chargeur rotatif. Extérieurement, il s’agit d’un fusil de chasse très américain, avec des lignes nettes et sobres, sans recherche esthétique. Le but est fonctionnel avant tout. Un canon cylindrique de 71 cm est vissé dans le bloc de culasse, comme la plupart des armes règlementaires. A l’entrée de la chambre, le canon est légèrement chanfreiné, ce qui fait penser à un drageoir ; il n’en est rien, ce n’est qu’un point d’appui pour la tête de culasse usinée de telle façon qu’elle vient s’encastrer dans cette feuillure et s’y caler pour le tir. La finition est bronzé mat, et non noir de guerre brillant, laissant même supposer un simple phosphatage comme sur les fusils de guerre, seule la couche d’huile de protection donne un peu d’éclat. Il n’y a pas de grenadière, l’accessoire n’apparaît sur aucun des croquis et pas davantage sur les trois exemplaires examinés. Cela laisse entendre une utilisation à poste fixe, à la chasse du gibier d’eau au gabion, plutôt qu’en chasse devant soi. Du reste, songez à ce qu’une telle arme, de 3,6 kg à vide, représente sur les bras à la fin d’une journée de chasse !
Le fusil d’une seule cartouche
A la base du canon, la culasse a la forme d’un gros tambour de 77 mm de long sur 60 mm de diamètre. Sur le dessus, une portière à charnière permet l’introduction des cartouches. Ce tambour à trappe rappelle, en modèle réduit, les grilloirs à café manuels d’autrefois. Les marquages d’identification de l’arme figurent sur cette portière. Quand celle-ci est soulevée, on remarque immédiatement l’étroitesse de la trappe dégagée. Manifestement, l’arme ne peut être alimentée avec des munitions classiques. Par curiosité, nous tentons un chargement avec des étuis de type Lancaster de 55 mm : ça ren-