Armes de Chasse

Les bar-in-wood

Quand le bois l’emporte sur l’acier

-

Bar-in-wood. Derrière cet anglicisme se cachent sans doute les plus beaux fusils de chasse qui soient. Des armes méconnues et assez rares, du moins lorsqu’elles sont dépourvues de chiens extérieurs, et dont la bascule est quasi noyée dans la crosse de noyer. Attention chefs-d’oeuvre au charme ravageur !

Je me rappelle avec une précision incroyable la sensation que j’ai éprouvée quand j’ai pris en main pour la première fois un bar-in-wood. C’était au salon de la chasse de Rambouille­t de 1999. « Il y a un fusil que tu dois absolument voir ! » s’exclama un ami qui m’accompagna­it ce jourlà et alors qu’il venait de faire un tour des stands de son côté. Le fusil en question était un James MacNaughto­n de calibre 20, avec des canons de 76 cm, gravé de feuilles de vigne si détaillées qu’elles semblaient flotter au-dessus de l’acier. Le bois de la crosse enveloppai­t presque la totalité de la bascule. L’arme avait une grâce, une finesse et une élégance que je n’avais jamais vues auparavant. J’avais pourtant manipulé beaucoup d’armes fines avant et j’en ai manipulé beaucoup depuis, mais, excepté un superposé Boss, absolument aucune ne se rapproche de ce MacNaughto­n. Il montait à l’épaule comme un nuage. Ni mon ami ni moi n’avions les 28 000 euros requis pour l’acquérir. Le fusil resta donc là où il était. Mais, à ce jour, mes exigences en matière d’armes de chasse montèrent d’un ou deux crans et les bar-inwood sont devenus objet de ma convoitise. Mais cette sorte de convoitise doit être un péché véniel et non mortel, sinon je serais mort et brûlé depuis longtemps.

Qu’est-ce qu’un bar-in-wood ?

Dans la terminolog­ie anglaise, bar désigne le plat de la bascule (également appelé tuile, planche ou table) qui s’étend vers l’avant depuis les tonnerres et la tranche de culasse et supporte l’axe de la charnière. Sur les juxtaposés modernes, cette partie est généraleme­nt usinée pour recevoir les leviers d’armement et les principaux axes de verrouilla­ge. Un bar- in- wood, parfois baptisé chez nous « bascule squelette », est donc une arme dont le corps de la bascule et parfois aussi la charnière et sa goupille sont enfermés dans le prolongeme­nt avant de la crosse, engloutis par le bois. La fabricatio­n des bar- in- wood remonte au milieu du XIXe siècle, époque où la technologi­e du fusil de chasse chargé par la culasse en était encore à ses balbutieme­nts. Bon nombre de gens alors, attachés à l’élégance sobre des fusils chargés par la bouche, ne goûtaient guère les lignes de ces nouvelles armes, même s’ils en reconnaiss­aient les avantages, et on peut difficilem­ent leur donner tort si l’on considère la forme trapue et angulaire de nombreux fusils de chasse. Voilà qui explique le succès que recueillit le bar- inwood à sa naissance puisqu’il conjuguait le minimalism­e simple et épuré du chargement par la bouche et les avantages pratiques du chargement par la culasse. Du fait que la base de la bascule soir recouverte, le flux de la ligne de l’arme est préservé, aucune ligne verticale, à la jonction de la crosse et de la bascule, ne vient l’interrompr­e. La demande pour ce nouveau fusil ne se fit pas attendre et beaucoup de grands noms de l’armurerie fine commencère­nt à se lancer dans sa production. Purdey ou Westley Richards furent parmi les premiers, si bien qu’on leur attribue souvent

 ??  ?? Le plus célèbre et le plus beau des bar-in-wood, le MacNaughto­n Edinburgh modèle 1879, à la longue clé d’ouverture qui armait les chiens.
Le plus célèbre et le plus beau des bar-in-wood, le MacNaughto­n Edinburgh modèle 1879, à la longue clé d’ouverture qui armait les chiens.

Newspapers in French

Newspapers from France