Armes de Chasse

Le 20 enfonce le 12

Surprise ! En réalisant, comme nous l’avions fait avec des calibres 12, ce test de cinq couples de cartouches de calibre 20, nous n’avons pas seulement déniché d’excellente­s cartouches complément­aires pour votre prochaine saison… Nous avons surtout mis la

- José Nogent, photos Bruno Berbessou

5 couples de cartouches de 20 pour la prochaine saison

Dans notre précédent numéro, nous vous présention­s l’essai de cinq couples de cartouches de calibre 12, histoire de vous proposer cinq premiers et cinq seconds coups efficaces et différents pour la prochaine saison. Nous répétons l’opération avec dix cartouches de calibre 20, puisque nous vous savons nombreux à avoir troqué le 12 pour un 20, plus léger, plus sportif et plus fin. Avant même d’aller plus loin dans la présentati­on de ces cartouches et de leurs résultats, annonçons d’emblée le principal et étonnant enseigneme­nt de cet essai : ces « petites cartouches » sont non seulement redoutable­s, mais également supérieure­s aux 12. Oui, vous avez bien lu, supérieure­s, en termes de pourcentag­e de groupement et de concentrat­ion, mais aussi et surtout en termes de nombre de plombs arrivés en cible.

Un fusil et 10 cartouches

Calibre mis à part, le fusil de cet essai est similaire à celui retenu pour le test des cartouches de calibre 12 du précédent numéro. Les canons possèdent la même longueur et le même chokage fixe, quart et trois quarts. Il s’agit d’un Zoli superposé modèle Z Expedition à canons de 67 cm. Pour chaque cartouche, nous contrôlons la charge de plombs (masse, diamètre et nombre). Nous formons ensuite les couples « premier et second coups » en respectant la logique bourre grasse et petit plomb pour le premier coup et bourre à jupe et gros plomb pour le second. A quelques exceptions près, puisque nous avons aussi composé des couples avec bourre à jupe uniquement et d’autres avec le même numéro de plomb, histoire de vérifier si la tradition a toujours du bon. Il est temps de passer aux forces en présence. Nos dix cartouches sont les produits emblématiq­ues des plus grands fabricants mondiaux, des cartouches que vous êtes sûr d’acquérir facilement dans votre boutique habituelle. Sont réunies la Fob Gold 30, la Hull High Pheasant, la Mary Arm Prestige, la Remington Shurshot, la Rottweil Basic Line Special 20 F, la Sauvagine Prestige, la Solognac L100, la Tunet Premier France Chasse Nickelé, la Vouzelaud Super Complice et la Winchester Special Fibre. Ces dix cartouches de calibre 20 possèdent des longueurs d’étuis allant de 65 à 70 mm, des bourres grasses, fibre ou plastique, et des charges allant de 25 à 30 g. Il n’y a donc aucune magnum dans le lot. Direction le pas de tir, ou plutôt les pas de tir, à 25 et 33 m.

Hull et Sauvagine en tête et en or

Le premier couple en lice est francoangl­ais puisqu’il s’agit d’une Hull, la High Pheasant, en plombs n° 6 et bourre grasse pour le premier coup et d’une Sauvagine Prestige de Nantes- Armes en plombs n° 4 et bourre à jupe pour le second. N’entretenon­s pas le suspens, ce couple sera le meilleur de la journée avec des performanc­es incroyable­s, nettement supérieure­s à ce que nous avons pu obtenir avec des cartouches de calibre 12. Jugez un peu : 98% des plombs de la cartouche viennent perforer la cible de 91 cm de côté, alors que la meilleure performanc­e des cartouches de calibre 12 du test précédent était la Bernizan Coup Double avec « seulement » 90%. Pour le premier tir, à 25 m, la Hull, chargée de 25 g de n° 6, offre un groupement tout simplement extraordin­aire. Nous comptabili­sons 223 im- pacts, soit 90 % de la charge de la cartouche, c’est, encore une fois, mieux que la calibre 12. La concentrat­ion est de 68 % et nous dénombrons 7 vides de 8 cm de diamètre, ce qui est pour le moins hors du commun pour une cartouche chargée de seulement 25 g de plombs. Pour le second coup et un tir à 33 m dans le canon de 67 cm trois quarts de choke, la cartouche Sauvagine chargée de 30 g de n° 4 réalise un groupement encore meilleur, avec 92 % de la charge venue perforer la cible de 74 cm de diamètre. La concentrat­ion est un peu inférieure, avec

64%, mais la couverture de meilleu- re qualité avec une couronne garnie de 36 % des impacts et seulement 6 vides de 8 cm dans le cercle de concentrat­ion. Ce couple traditionn­el bourre grasse en premier coup et plombs n° 6 et bourre à jupe en second et plombs n° 4 sera idéal pour la chasse du faisan et du lièvre. C’est mon préféré lorsque je fais l’ouverture du lièvre début octobre, quand les faisans qui ont été traqués depuis un mois ne décollent plus dans les pieds et les lièvres déjà débusqués à plusieurs reprises et parfois même ratés sont devenus méfiants. Le numéro 4 en second coup est alors nécessaire, car la distance de ce second tir se situe souvent au-delà des trentecinq mètres. Les performanc­es de ces deux munitions sont ni plus ni moins bluffantes. Bien des chasseurs au calibre 12 rêveraient d’obtenir de tels scores avec leur arme favorite.

Rottweil et Fob en argent

A la deuxième place de notre banc d’essai, un couple qui nous conforte un peu plus dans notre choix pour l’associatio­n bourre grasse et bourre à jupe, puisqu’il obtient lui aussi des résultats supérieurs à 90 % des plombs des cartouches arrivés dans la cible de 91 cm de côté. C’est le couple « fusil im pair » , comme je sur nomme les armes qui digèrent particuliè­rement bien les plombs de numéro impair. Dans le canon du bas, nous avons inséré une Rottweil Basic Line chargée de plombs n° 7. On relève 252 perforatio­ns, soit 93 % des plombs de cette 26 g à bourre en fibre parvenus dans la cible carrée installée à 25 m. Le groupement est très bon, 82 % de la charge se retrouve dans le cercle de 76 cm de diamètre. La concentrat­ion est de 64 % et la couverture de la couronne extérieure de 36 %, avec 7 vides seulement dans le cercle de concentrat­ion. Un résultat identique à notre médaille d’or à bourre grasse, la Hull. Pour ce couple, le tir à 33 m canon du haut est réalisé avec la cartouche Fob Gold 30 chargée, vous l’aurez deviné, de 30 g de plombs dorés n° 5 dans une bourre à jupe et godet. La cible de 91 cm de côté est perforée par 90 % des plombs, encore un résultat supérieur à toutes les calibre 12 de notre précédent essai. Le groupement dans la cible de 76 cm de diamètre est de 77 %. On compte 133 plombs, la concentrat­ion est de 66 %, la plus forte pour les tirs à 33 m. La couronne recueille 34% du groupement et le nombre de vides dans le cercle de concentrat­ion est de six. Avec ce couple, pas d’impairs, de l’ouverture à la fin de la saison, vous allez pouvoir chasser les plus beaux gibiers jusqu’à de très grandes distances, tout en étant sûr de stopper net et de tuer proprement faisans et perdreaux les plus emplumés.

Vouzelaud et Tunet en bronze

C’est un couple franco-français qui se hisse sur la troisième marche de notre podium, celui des adeptes de la bourre à jupe. Mais en premier coup et pas n’importe quelle jupe, puisqu’il s’agit de la bourre spécifique Vouzelaud qui, de par la structure interne de son godet, donne une répartitio­n des gerbes d’une grande qualité, comme vous pouvez le vérifier dans le tableau de nos résultats. Tirée dans le canon du bas à 25 m, la Vouzelaud Super Complice, chargée de 28 g de plombs n° 8, affiche un résultat en cible de 88 %, avec 368 impacts comptabili­sés dans le carré de 91 cm de côté. En pourcentag­e comme en nombre d’atteintes, c’est encore une cartouche qui fait mieux que toutes les calibres 12 de notre précédent essai. Le groupement est de très haut niveau, avec 75% des plombs contenus dans la cartouche, et la concentrat­ion exceptionn­elle, avec 64% et surtout une répartitio­n en cible parfaite, la meilleure de notre essai. Nous dénombrons seulement 3 vides de 8 cm dans le cercle de concentrat­ion. Dans la couronne, 36% des impacts sont impeccable­ment répartis, ce qui permet une marge d’erreur de tir importante pour les jours où nous ne sommes pas en forme, cela nous arrive à tous. La seconde cartouche de ce duo made in France est la Tunet TP France Chasse nickelé, également chargée dans une bourre à jupe avec 28 g de plombs n° 6 nickelés. Après le tir dans le canon du haut à 33 m, 92 % des plombs sont dans le carré de 91 cm de côté, ce qui positionne la cartouche en seconde position des calibres 20 de second coup. C’est là encore, et au risque de me répéter, un bien meilleur résultat que celui de nos calibres 12 dans les mêmes conditions de tir. Le groupement dans la cible de 76 cm est de 81%, seulement de van cé par la Sauvagine Prestige. La concentrat­ion paraît à première lecture moyenne, avec 58%, mais la répartitio­n est excellente,

nous ne dénombrons que 4 vides et la couronne est régulièrem­ent garnie de 42 % des billes. Nous avons là un couple parfait pour la chasse de tous les petits gibiers à la billebaude, de la caille aux faisans en passant par le perdreau et la tourterell­e.

Mary Arm et Solognac en mode complément­aire

En quatrième position, un autre couple de cartouches à bourre à jupe de fabricatio­n française et dans le même numéro de plombs. Nous avons glissé dans le canon du bas la Mary Arm Prestige pour le tir à 25 m. Cette cartouche est chargée de 30 g de plombs n° 6. Dans la cible de 91 cm de côté, nous comptons 238 impacts, soit 88 % des plombs de la cartouche, un très bon score. Mais surtout, un meilleur rendement que sa grande soeur en calibre 12 et bourre grasse, la Mary Arm Excellence testée pour notre précédent essai et chargée elle aussi de 30 g de plombs. L’Excellence affichait 68%, avec 178 impacts dans la cible carrée. Le groupement de notre Prestige est de 79%, un bon résultat, dans la moyenne de ce que nous retrouvons lors de nos tests. La concentrat­ion est de 63 %, là encore dans la moyenne. La répartitio­n de la gerbe est bonne, nous ne dénombrons que 6 vides de 8 cm. Pour le tir à 33 m, nous avons retenu la Solognac L100 chargée de 30 g de plombs logés dans une bourre à jupe spécifique à la marque. Le nombre d’atteintes dans la cible de 91 cm de côté est de 185 pour 231 plombs contenus dans la cartouche, soit 80 %. Le groupement est de 64 % et la concentrat­ion de 54 %. La couronne est bien garnie, la répartitio­n des grains est de bonne qualité, avec seulement 6 vides. Le couple se montre homogène, avec des performanc­es très proches à nos deux distances de tir. Autrement dit, ces deux munitions se complètent à merveille et forment un excellent duo pour la chasse à la billebaude, mais aussi pour les migrateurs com me le pigeon.

Winchester et Remington, mariage US

Qu’en est-il du couple qui ferme la marche ? Rendons-lui tout de suite justice en précisant qu’il serait plus juste de parler de cinquième position et d’une place honorable au vu des résultats spectacula­ires des cartouches qui précèdent. Dans ce duo à l’américaine, la munition de premier coup est une bourre grasse, la Winchester Special Fibre chargée de 26 g de plombs n° 7. Dans notre cible de 91 cm de côté, nous trouvons 250 impacts, soit 85% du nombre de grains de la cartouche. Le groupement est de 74%. La concentrat­ion est dans la moyenne, avec 66 % des impacts dans le cercle de 50 cm de diamètre. Enfin, la couronne est garnie de 75 perforatio­ns, soit 34 % des billes du cercle de groupement. La qualité de la gerbe est correcte, avec 7 vides de 8 cm dans la cible de 50 cm. En second coup, nous tirons à 33 m avec la Remington Shurshot chargée de 25 g de plombs dans une bourre à jupe. 79 % des plombs de la cartouche viennent perforer la cible de 91 cm de côté. Le groupement est de 63 %. La répartitio­n de la gerbe est moyenne, avec 9 vides de 8 cm de diamètre. Le couple d’américaine­s se retrouve donc un peu distancé par ses concurrent­es, du fait d’un choix assumé de leurs fabricants qui privilégie­nt la vitesse et la puissance au détriment de la qualité de la gerbe. Cette essai disputé par nos cinq cou

ples de 20 vient donc ébranler une croyance ancrée dans beaucoup de têtes. Non, le 20 n’est pas le calibre des fusils de dame, non, il ne manque pas de puissance et non, il ne nécessite pas d’être plus précis au risque de blesser ou de perdre son gibier. Si vous reprenez notre précédent numéro et comparez le tableau des résultats des calibres 12 avec celui des 20, vous constatez avec nous que le 20 offre des gerbes de meilleure qualité dans tous les paramètres et souvent même en valeur absolue. La quantité d’atteintes est supérieure, alors que la charge de plombs est plus faible. De quoi remettre en question bien des certitudes sur la largeur de gerbe des petits calibres.

Le 20 n’est pas tout petit !

La mise en perspectiv­e de nos deux essais est d’autant plus fiable qu’elle repose sur une parfaite réciprocit­é des conditions de tir, 25 m pour le premier coup, 33 pour le second. Les armes employées, bien que différente­s, ont des caractéris­tiques identiques, canons de 67 cm, chokages quart et trois quarts. Les faits sont là, le petit 20 met au tapis le puissant 12. Pourquoi un tel résultat, qui contredit tous ceux obtenus jusque- là ? Quelques biais auraient-ils pu favoriser cette écrasante démonstrat­ion de force du 20 sur le 12 ? Il est possible que nous ayons eu de la chance, ou de l’intuition, dans la formation des couples, au vu des résultats cohérents obtenus par les cartouches associées. La preuve en est que si nous devions faire un classement individuel, cartouche par cartouche, nous placerions à la même place chaque munition, dans l’ordre où nous les avons testées. Nous installeri­ons sur la plus haute marche du podium des cartouches à bourre grasse la Hull High Pheasant et, pour les cartouches à bourre à jupe, la Sauvagine Prestige. Il est également possible que la « faible » longueur de nos canons, 67 cm, dimension retenue depuis toujours pour les fusils de calibre 20, ait pu jouer en faveur des résultats des 20. Peut-être qu’avec des canons de 70 cm ou plus, la suprématie du calibre 12 n’aurait pas été remise en cause. Ces facteurs supposés favorables au calibre 20 intégrés, il n’en est pas moins évident que la grande surprise de ce test réside dans l’incroyable qualité des dix cartouches retenues. Si vous envisagiez de craquer à votre tour pour un fusil de calibre 20, il ne vous reste plus qu’à trouver la bonne arme. Ce sera le plus difficile, tant cet essai vient vous simplifier la vie quant au choix de votre couple de munitions.

 ??  ?? Le couple gagnant de notre essai, avec des performanc­es bluffantes : la Hull High Pheasant et la Sauvagine Prestige.
Le couple gagnant de notre essai, avec des performanc­es bluffantes : la Hull High Pheasant et la Sauvagine Prestige.
 ??  ?? Les dix cartouches de calibre 20 de notre essai, dont beaucoup ont de quoi nous faire douter du calibre 12.
Les dix cartouches de calibre 20 de notre essai, dont beaucoup ont de quoi nous faire douter du calibre 12.
 ??  ?? Un choix classique, bourre grasse et bourre à jupe, mais qui fonctionne parfaiteme­nt. La Rottweil Basic Line et la Gold 30 surclassen­t elles aussi bien des 12.
Un choix classique, bourre grasse et bourre à jupe, mais qui fonctionne parfaiteme­nt. La Rottweil Basic Line et la Gold 30 surclassen­t elles aussi bien des 12.
 ??  ?? Tunet France Chasse Nickelé et Vouzelaud Super Complice, un couple avec des gerbes très bien réparties.
Tunet France Chasse Nickelé et Vouzelaud Super Complice, un couple avec des gerbes très bien réparties.
 ??  ?? La Mary Arm Prestige et la Solognac L100 prouvent que l’on peut être complément­aire avec le même numéro de plombs. A noter, la Mary Arm fait mieux que sa grande soeur de calibre 12.
La Mary Arm Prestige et la Solognac L100 prouvent que l’on peut être complément­aire avec le même numéro de plombs. A noter, la Mary Arm fait mieux que sa grande soeur de calibre 12.
 ??  ?? La Winchester Special Fibre et la Remington Shurshot arrivent cinquième. Oui, mais elles auraient figuré en bonne place dans notre dernier essai de calibre… 12 !
La Winchester Special Fibre et la Remington Shurshot arrivent cinquième. Oui, mais elles auraient figuré en bonne place dans notre dernier essai de calibre… 12 !

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