Armes de Chasse

Benelli Ethos 28 Magnum

Le 3-coups de petit calibre survitamin­é

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Le 3-coups de petit calibre survitamin­é

Déjà présente sur le créneau des calibre 28 avec le Crio ou le Legacy, Benelli dévoile un tout nouveau 3-coups dans ce calibre mais avec une différence de taille : l’introducti­on d’une chambre magnum. Benelli lance l’Ethos 28 magnum avant même qu’une cartouche de ce calibre ne soit disponible.

Sans rien enlever à la personnali­té de ce calibre et au type de fusils qui le proposent, une chambre de 76 mm apporte quelques chevaux supplément­aires et une plus grande souplesse d’utilisatio­n au calibre 28. » C’est en ces termes qu’un dirigeant de Benelli justifiait en mars dernier le lancement de l’Ethos, un semi-automatiqu­e à inertie dans la lignée des Raffaello, chambré en 28/76 mm, soit 28 magnum ! C’est aussi parce que « ce secteur nous paressait vide que nous avons décidé de le combler en créant une chambre magnum pour le calibre 28 », ajoutait le représenta­nt de la firme. L’Ethos est donc un Raffaello, le dernier membre d’une fratrie de trois au sein de laquelle on trouvait déjà un 12 et un 20. Chacun de ces fusils est, toujours selon le fabricant, « construit à partir de zéro autour de la cartouche qu’il doit contenir, ce qui exalte encore les véritables qualités de légèreté, de maniabilit­é et d’harmonie

esthétique de la famille » . En clair, ce 28 magnum est plus petit que le calibre 20 et bien sûr que le 12. Benelli sait que les amateurs de petits calibres veulent certes plus de sportivité, mais aussi une arme plus légère, plus vive et visuelleme­nt plus fine. Reste qu’il ne faut pas pour autant que la sportivité soit synonyme de trop grande difficulté de prise, voilà sans doute pourquoi ce 28 devient magnum. Qu’est-ce que cela change? Les cartouches de 28/70 mm développen­t une pression maximale de 950 bars et une pression d’épreuve de 1 040. Le 28/76 mm de son côté développe respective­ment 1 200 et 1 320 bars. Ce qui ne change rien pour Benelli, qui réalise des armes supportant de telles pressions, même sur les 28/70 mm, mais pour l’utilisateu­r, cette épreuve supérieure est un gage de solidité. Le fusil a été conçu pour résister au tir de toutes les cartouches de 28/70 du marché mais aussi des 28/76 mm les plus puissantes établies par les normes CIP.

Entre le 28/70 et le 20

La 28/76 réduit l’écart de puissance existant entre le 20 et le 28/70. Certains diront qu’entre ces deux cartouches, il en existe une excellente, le 24, et… ils n’auront pas tort ! Néanmoins, le 24 est désormais relégué au rayon des vieux souvenirs où se trouve déjà le calibre 16. De plus, avec une chambre de 76 mm, l’utilisateu­r d’un calibre 28 pourrait être « mieux armé » lors de chasses au gibier d’eau où la masse de la charge de substitut est souvent trop légère. Ces 6 mm de longueur d’étui en plus permettrai­ent d’ajouter quelques billes d’acier bienvenues. Même chose pour les chasses de plaine, où une bourre amortisseu­r plus haute permettrai­t aussi de tirer des charges supérieure­s ou beaucoup plus rapides sans sensation de recul accrue. Il n’en demeure pas moins que, pour le moment, le 28/76 mm n’existe que dans les normes CIP, et chez Benelli en tant qu’arme de chasse. Aucun fabricant de cartouches ne propose encore de 28/76 mm à son catalogue. Mais gageons qu’avec « la puissance de feu » économique de Benelli et du groupe Beretta, le problème soit assez vite résolu. Il est temps d’examiner ce fusil. Esthétique­ment, il ressemble bien sûr à l’Ethos calibre 12 et à celui de calibre 20. Il s’articule autour d’une carcasse en alliage léger nickelée avec un fini en deux tons, l’un vierge de toute gravure, avec un aspect brossé à l’arrière de la chambre, l’autre finement orné de petites gravures en rouleaux, de celles que les Belges appelaient autrefois tapisserie an

glaise, à l’avant et à l’emplacemen­t supposé des coquilles. Au travers de la fenêtre d’éjection, la culasse mobile en acier chromé brille et contraste avec le noir bleuté profond du capot. Le nom Ethos est gravé en capitales d’imprimerie sur la partie brossée.

Une crosse pour parer le recul

La crosse possède une finition flatteuse. Elle est tirée d’un joli noyer qui a été renforcé par des veines noires réalisées par brûlage laser. La technologi­e est courante en Italie. Chez Benelli, elle s’appelle Wood FX, et on la retrouve à quelques nuances près chez Beretta et Franchi mais aussi Fair ou Fabarm. Crosse et devant bois reçoivent cette finition ainsi qu’un quadrillag­e laser de facture classique. Le devant bois est très fin, plus que celui du calibre 20. En cela, il prouve l’assertion de Benelli selon laquelle chaque fusil possède sa propre échelle. Même chose pour la crosse fine, qui pour sa part possède une longueur normale. D’origine, l’arme est proposée avec une crosse de 36,5 cm, mais, avec l’aide des inserts fournis, il est possible d’arriver à une longueur de 38 cm. A ceux qui à l’inverse ont besoin d’une monture réduite Benelli peut fournir une crosse de 35 cm. Là encore, avec les cales supplément­aires, il sera possible par la suite d’approcher les 36,5 cm si besoin. Cette crosse possède plusieurs particular­ités. Tout d’abord, sur les modèles à crosse composite comme le Vinci, Benelli la dote d’inserts en forme de chevrons qui lui apportent de la souplesse, une interventi­on bien sûr hors de question sur une crosse en bois. Ensuite, comme celle des autres Ethos, la crosse intègre l’amortisseu­r de recul Progressiv­e Comfort, qui repose sur deux éléments spécifique­s : une plaque de couche et un busc. La plaque comporte une partie cachée, qui s’insère à l’intérieur de la crosse. Pour faire simple, cette partie immergée est composée d’une boîte dans laquelle des lamelles de plastique verticales parallèles à la plaque de couche sont reliées à cette dernière et imbriquées dans d’autres lamelles quasi identiques qui elles sont fixées au fond de la boîte. Au tir, le fusil recule et les lamelles de la boîte viennent s’appuyer sur celles de la plaque de couche. Ce procédé retarde la poussée de l’arme et absorbe une partie de cette force, ce qui suffit à grandement diminuer la sensation du recul lors du tir de cartouches puissantes. L’autre élément du Progressiv­e Comfort est le busc absorbant et interchang­eable en polyurétha­ne, qui limite lui aussi la perception du recul mais contre la pommette cette fois. Il protège aussi votre audition, tant il est vrai que les détonation­s ne sont pas les seules à nuire à notre ouïe et que le choc répété sur la mâchoire se répercute jusqu’à l’oreille interne avec des conséquenc­es catastroph­iques à long terme. Enfin, le système Progressiv­e Comfort limite le relèvement du canon, vos tirs sont non seulement plus confortabl­es mais aussi plus rapides puisque vous ne perdez pas votre visée. La crosse est livrée avec un jeu de cales qui vous permettra d’ajuster sans trop de peine la pente et l’avantage à votre morphologi­e.

Canon, entre froid extrême et carbone

Le canon du Benelli Ethos est de type Crio. Entendez par cette appellatio­n un traitement par cryogénisa­tion, ou froid extrême, qui modifie la structure des molécules d’acier pour lui donner les qualités de résistance et d’élasticité voulues par le fabricant. Ce canon mesure 66 cm, cela permet d’arriver à 2,4 kg seulement. J’aurais toutefois préféré un canon de 70 cm, non pas pour des raisons balistique­s, mais pour avoir une visée améliorée. Néanmoins, avec les 15 cm de la carcasse striée, cela offre tout de même une ligne de visée de 81 cm, ce n’est pas rien. La bande de visée est réalisée en carbone. Elle se termine par un guidon cylindriqu­e fin en fibre optique rouge. Le canon est alésé de manière traditionn­elle, entendez non suralésé, avec un diamètre de 13,8 à 14 mm. Il est doté de cinq chokes amovibles internes, lisse, quart, demi, trois quarts et plein.

Sur le terrain, nous n’avions pas de cartouches de 28 magnum à offrir à notre fusil. Qu’importe, trois cartouches de calibre 28/70 mm et de grammages différents sont réunies pour mener le test. Il y a des Hull Imperial Game de 16 g, des Hull High Pheasant de 23 g et des Baschieri & Pellagri Extra Rosa de 26 g. De quoi jauger notre arme et les capacités d’absorption du Progressiv­e Comfort. Premier constat, les petites Hull de 16 g ne suffisent par à réarmer l’Ethos, qui enraye. Les deux autres cartouches en revanche passent bien dans notre fusil, les tirs s’enchaînent sans problème. Le système de chargement rapide, Easy Loading System, fonctionne parfaiteme­nt. On jette la cartouche dans la carcasse au travers de la fenêtre d’éjection, on referme la culasse avec le poussoir logé sur le côté droit de la carcasse et l’arme est prête à tirer. Avec les 28 g, le recul se fait sentir, mais pas avec les 23 g, les High Pheasant semblent vraiment très douces. La canonnerie se révèle aussi remarquabl­e. Autre bon point, il est possible de refermer la culasse de l’arme à la main, sans la claquer et sans bruit. Les bécassiers qui traquent des sorcières légères en fin de saison n’annonceron­t pas leur arrivée à tous les oiseaux du départemen­t en refermant leur arme.

Fermeture en douceur

La détente est très agréable. Franche et directe, elle offre des départs doux et nets. Elle est dorée, ce qui ne choque plus personne. L’inertie est agréable, elle offre un confort de tir différent d’un emprunt de gaz, tout se passe dans la main et le bras gauches ( je suis droitier) plutôt qu’à l’épaule. Avec les Baschieri & Pellagri bien chargées, le recul est plus présent mais le Progressiv­e Comfort remplit sa tâche et le tir reste d’une grande douceur. J’ai installé le quart de choke et les tirs s’effectuent à des distances moyennes, de 10 à moins de 30 m. Les plateaux sont récupérés et cassés sans difficulté. A la chasse, à moins de chasser en espace très dense, mieux vaudra sans doute préférer le demi ou le trois quarts qui offre une gerbe plus nourrie, même si vous pourrez tirer comme nous des cartouches très chargées. En attendant bien sûr que les 28 magnum pour lesquelles ce fusil a été conçu voient le jour.

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 ??  ?? Le canon de l’Ethos 28 magnum est Crio comme pour l’ensemble des Raffaello.
Le canon de l’Ethos 28 magnum est Crio comme pour l’ensemble des Raffaello.
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Au tir, ce fusil est très agréable, même s’il a besoin de cartouches assez chargées pour bien fonctionne­r.
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La silhouette du fusil est assez réussie, comme le traitement de la carcasse en deux tons, mat et gravé.
 ??  ?? Cinq chokes sont livrés avec ce fusil qui n’a pas encore de cartouches spécifique­s à avaler, de vraies 28 magnum.
Cinq chokes sont livrés avec ce fusil qui n’a pas encore de cartouches spécifique­s à avaler, de vraies 28 magnum.
 ??  ?? L’Ethos démonté, avec la mécanique à inertie classique des armes de la firme d’Urbino.
L’Ethos démonté, avec la mécanique à inertie classique des armes de la firme d’Urbino.

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