Une piètre arme de guerre
Malheureusement pour Ross et surtout les soldats canadiens, l’utilisation de son fusil fut catastrophique au combat. Sa longueur le rendait d’un maniement malaisé dans les tranchées. Le fusil avait été conçu pour la précision avant tout. Usiné avec une chambre étroite, la conjonction de la boue des champs de bataille et des munitions anglaises, qui n’ont pas exactement les mêmes cotes que les canadiennes, fit se bloquer le fusil, fâcheux pour une arme de guerre. En outre, les mécanismes à traction rectiligne n’ont pas la force d’extraction d’une culasse à levier. Il n’y a pas d’extraction primaire par relèvement du levier comme sur une Mauser 98 par exemple. On raconte qu’un certain nombre de soldats canadiens se firent prendre pour cible par les Allemands en se mettant debout pour déverrouiller leur culasse d’un coup de brodequin. Les fusils furent rechambrés aux cotes anglaises en 1915 pour que les cartouches ne coincent plus, mais le pire était encore à venir. Car, dans certaines conditions et après un nettoyage complet, la culasse pouvait se trouver remontée dans une position inadéquate. La percussion restait possible bien que la tête rotative ne soit pas verrouillée… Le retour de la culasse dans le visage du tireur fit plusieurs morts. Ces considérations ne concernent que les fusils militaires dont les tolérances étaient trop importantes. Vous pouvez en voir une démonstration en entrant «mythandrealityoftheRossMkIIIRifle» dans le moteur de recherche de YouTube. Mais je n’ai jamais pu faire cette manipulation sur une Sporting Rifle, la version chasse. Il y a un gouffre entre une arme qui a subi les affres d’Ypres et de Passchendaele et une autre chouchoutée par un chasseur.