Philibert Bachereau
Disciple méconnu de Boutet
La Manufacture d’armes de Versailles fut dirigée par son directeur-artiste, Nicolas-Noël Boutet, pendant vingt-six ans. Les armes qui en sortaient étaient sans doute les plus belles d’Europe. Mais si l’aura et la notoriété de Boutet sont grandes, ses compagnons, même les plus doués, sont restés dans l’ombre. Bachereau était de ceux-là, il est temps de lui rendre hommage.
La signature de NicolasNoël Boutet est synonyme d’armes de prestige et de grande valeur, artistique et financière. Sans conteste, l’homme figure parmi les plus célèbres de nos arquebusiers. Les plus anciens de nos lecteurs pourront lire ou relire l’article que nous lui consacrions dans notre numéro 28 (premier trimestre 2008).
Arquebusier du roi
Par décret du 23 août 1792, Boutet est nommé « directeur-artiste » de l’illustre Manufacture de Versailles, jusqu’à l’expiration de la concession, en 1818. Bien sûr, derrière cette célèbre signature, c’est tout un monde de talents qui est à l’oeuvre. Des armuriers restés dans l’anonymat mais qui ont fait naître ces pièces admirables devenues rêve de collectionneur. Il revient toutefois à Boutet le mérite d’avoir su repérer ces hommes au savoir-faire hors du commun et de s’en entourer. Parmi eux, quelquesuns deviendront célèbres, même si le plus souvent bien longtemps après leur travail à Versailles. C’est le cas de Lepage, qui oeuvre à la Manufacture de 1793 à 1813 et devient même l’assistant de Boutet, et bien sûr de Philibert Bachereau, spécialisé dans les armes de prestige, destinées aux grands de ce monde. Philibert Bachereau débute comme armurier en 1795. Il est alors l’élève de Boutet et très vite il fait montre de qualités exceptionnelles. Les armes qui naissent de ses mains sont d’une immense beauté. Armes de prestige obligent, toutes sont établies selon des critères de qualité et de finitions très particuliers et leurs matériaux sont triés sur le volet, avec notamment des canons commandés à Tulle. Ces pièces seront signées Boutet tout le temps de l’activité de la Manufacture, c’est-à-dire jusqu’au 22 septembre 1818, date de la fermeture. Bachereau s’installe alors à Paris en tant qu’arquebusier indépendant. On le trouve successivement rue du CoqHéron, rue Saint- Honoré, galerie Colbert, rue des Gourdes, allée des Veuves et rue de Provence. Durant toutes les années de son activité indépendante, il crée à la fois des pièces ordinaires, destinées à l’usage courant pour alimenter le quotidien de