Caesar Guerini Pro Challenge
Un fusil de tir pour les chasses au poste
Le Pro Challenge du fabricant italien Cæsar Guerini, dévoilé au mois de mars lors de l’Iwa, est un fusil superposé de calibre 12/76 mm aux finitions de grande qualité. Sa gravure est belle et originale, ses bois choisis avec soin et sa crosse dotée d’un busc réglable sur les plan horizontaux et verticaux.
Deux vrais jumeaux
L’arme est déclinée en deux versions, Sporting et Trap. Ces deux appellations ne semblent pas tout à fait justifiées, car aucune bande surélevée américaine, aucun sys- tème de masselottes, aucune finition particulière ne vient distinguer l’un et l’autre modèle, qui se différencient uniquement par leur pente, peu prononcée pour le Trap ( 30 et 40 mm), plus importante pour le Sporting ( 33 et 53 mm). Pour le reste, tout est identique, même le poids et le prix sont les mêmes. Pardon, nous oublions une particularité du Sporting, d’importance pour nombre d’entre nous, il est proposé avec une crosse gaucher pour un supplément de 130 €. La bascule épaisse et massive est la pièce maîtresse de ce fusil. Elle mesure 66 mm de haut et 43 mm de large pour une épaisseur de métal de 5 mm au point le plus fin et de 7 mm au niveau des platineaux. Pas de doute, nous avons là une bascule tout acier faite pour tirer et durer. Forcément, une telle quantité de métal se traduit sur la balance par un poids élevé, 3,725 kg. Ce qui, pour les fusils de tir, est considéré comme une qualité, l’assurance de bénéficier d’un recul très doux et d’une arme capable d’encaisser un maximum de tirs à des cadences élevées. Mais la bascule de notre Pro Challenge ne brille pas seulement par ses qualités mécaniques, les atouts esthétiques sont également au rendez-vous. La relime est des plus soignées. De prime abord, elle semble assez classique, avec son entaillage
« façon Browning » , mais si vous attardez votre regard, vous constatez qu’un platineau assez imposant ajoute 2 mm de métal de part et d’autre. Cette relime est arrondie, avec des coquilles doubles finement découpées.
Solide et beau à la fois
La coquille supérieure est juste polie et en forme de virgule et celle inférieure est gravée et semble allonger l’aileron de canon. Quant à la gravure, elle est inédite dans la famille sporting. Elle mélange des feuilles d’acanthe et des motifs géométriques en losange, d’un style moderne très réussi, qui évoquera à certains des écailles de poisson, à d’autres un treillis d’osier. Les feuilles d’acanthe ornent le haut, la clé et les oreilles de la bascule, et semblent tomber en corne d’abondance le long du filet supérieur du
platineau. On les retrouve aussi autour des tourillons de basculage et sous la bascule. Les autres zones sont tapissées du motif géométrique. Enfin, sous le dessous de la bascule, le nom du fusil est gravé en toutes lettres dans une tresse de lauriers. L’ensemble offre un contraste harmonieux entre styles moderne et classique, angles et courbes, sujets de grande et petite taille. Cette gravure constitue l’atout charme de ce fusil. Cæsar Guerini nous avait déjà surpris et enchantés par le soin qu’il est capable d’apporter à l’esthétique de ses fusils sportifs. Souvenez-vous de la bascule ronde de l’Ellipse Evo ornée de grandes feuilles d’acanthe et d’une tapisserie en petits rinceaux circulaires répétés à l’infini – un motif baptisé style Churchill, ou tapisserie anglaise pour les armuriers belges. Une gravure qui, comme celle du Pro Challenge, avait été confiée à la Bottega Giovanelli. Cette école de gravure et de design ne rechigne pas à offrir ses talents aux entreprises industrielles de la vallée de Brescia. Les gravures sont alors créées par ordinateur et machine laser, puis reprises à la main, dans des proportions plus ou moins importantes en fonction du cahier des charges du fabricant de l’arme.
Les canons frettés et leur huit chokes
La frette massive est bouchonnée. Elle abrite les tire-cartouches et les éjecteurs à échappement et a été usinée pour offrir deux mortaises au large verrou bas et des fraisages circulaires aux tourillons de basculage. Les canons sont brasés sur la frette. Ils mesurent 76 cm, une longueur idéale pour un fusil de sporting mais qui sera peut-être un peu juste pour les amateurs de trap, de plus en plus nombreux à opter pour des canons de 81 cm. Ces canons disposent d’une bande intermédiaire et d’une bande de visée de 10 mm de large au niveau de la chambre et 8 mm au guidon ; les deux bandes sont ventilées. La bande de visée comporte, à 42 cm, un mini- guidon intermédiaire en laiton gris et, à 74,5 cm, un guidon en plastique blanc. Un filetage interne permet d’installer à la bouche du canon un des huit chokes longs livrés avec l’arme. Ces chokes mesurent 8 cm et se vissent à la main, même s’il vaut mieux les serrer un peu plus fermement avec la clé fournie. Ils rallongent l’arme de 2 cm, portant la longueur utile des canons à 78 cm. Fusil de tir oblige, ces canons ne sont pas éprouvés pour la bille d’acier. Si vous voulez faire quelques passées aux canards, il vous faudra coiffer l’arme de chokes larges, ce qui n’est pas un problème au vu du panel de chokes disponible, et ne tirer que des munitions standard. La crosse est tirée d’un bloc de noyer blond joliment veiné. Elle est accompagnée d’un devant rond bien assorti, au veinage et à la teinte similaires. Devant et crosse reçoivent un quadrillage fin et classique, à double pointe sur la crosse et triple sur le devant, orné d’un simple filet. Ce quadrillage discret sert l’élégance de l’ensemble. Le busc est réglable en hauteur comme en profondeur. On le dépose avec deux vis Allen logées dans deux puits situés sur le côté droit du busc – et sans doute sur le côté gauche sur la configuration gaucher proposée avec le modèle Sporting. Une fois les deux vis totalement desserrées, on retire le busc et on accède aux pieds qui vont permettre de déplacer ce busc perpendiculairement à la crosse et ainsi d’adapter la pente à votre morphologie, et dans une certaine mesure l’avantage. La poignée pistolet est renflée sur son côté droit afin d’épouser au mieux la forme de la paume de la main. C’est bien vu et surtout très bien exécuté : au tir, la prise en main est bonne, sûre et d’un confort incroyable. L’index parfaitement
calé rejoint la queue de détente avec facilité. Cette queue de détente, fixée sur un rail, est elle aussi modifiable si sa configuration d’usine ne correspond pas à votre main. Il vous suffit de la dévisser à l’aide d’une clé Allen fournie et de l’avancer ou de la reculer dans le pontet. La monodétente dorée et lisse est à inertie. Elle est commandée par un sélecteur de tir logé sur le sommet de la sécurité et dont le déplacement est perpendiculaire à cette dernière. Pour agir sur ce sélecteur, la sûreté doit avoir été engagée au préalable, en position feu, faute de quoi l’ordre des départs ne peut pas être inversé. Le poussoir de cette sécurité était un peu dur sur notre modèle, mais peut-être est-ce là un problème de rodage. Pour le reste, pas le moindre nuage n’est venu traverser le ciel de notre test.
Une monodétente remarquable
Le Pro Challenge a répondu présent à nos sollicitations, enchaîné les tirs sur un rythme élevé, par forte chaleur qui plus est. Avec ses canons longs et son poids imposant, l’épaulement est aisé, le suivi de la cible sans à-coup et le rattrapage du plateau facilité par l’inertie des canons. La longue bande de visée striée simplifie la prise de visée et le guidon intermédiaire permet de vérifier le bon alignement de l’oeil au milieu de la bande. L’éjection est franche, sans être surpuissante. L’angle de basculage est parfait, les cartouches sont chambrées sans effort, il n’est pas nécessaire de repousser les canons. Il faut dire qu’avec leur longueur et leur poids, ces tubes s’ouvrent d’emblée au maximum. Ce fusil a répondu à toutes nos attentes, mais surtout notre test a mis en évidence l’incroyable qualité de sa monodétente, l’une des meilleures testées cette année sur une arme lisse. Elle est nette, sans course, incroyablement moelleuse et rapide. La pression se fait en douceur et le tir intervient rapidement, sans quasiment de course. Cæsar Guerini nous livre là un fusil très très attrayant. Si vous recherchez un modèle sporting beau et original, bien conçu, doté de nombreux équipements, ce Pro Challenge mérite de retenir toute votre attention et sans doute votre suffrage. Mais ne tardez pas ! Car il s’agit d’une série limitée. Et il n’est rien de plus frustrant que de se réveiller trop tard, lorsque le stock est nul, proportionnellement inverse à notre envie. Le Pro Challenge fait partie de ces bons plans pour lesquels nous nous mordons les doigts de ne pas en avoir profité à temps. Cette fois, vous ne pourrez pas dire que l’on ne vous avait pas prévenu !