Cinq kits de rechargement
Bien débuter dans la fabrication de cartouches d’armes rayées
Bien débuter dans la fabrication de cartouches d’armes rayées
Vous êtes décidé, vous vous lancez dans la fabrication de vos propres cartouches métalliques, vous débutez enfin le rechargement. Et bien sûr se pose la question de l’achat de votre matériel. Les kits de rechargement constituent une excellente solution : ils simplifient votre choix et ils sont complets et économiques.
Au moment de franchir le pas pour acquérir le matériel de rechargement de nos cartouches de chasse, nous sommes confrontés à quantité de possibilités. Pour y voir clair, la première démarche à effectuer peut
être de demander conseil à votre armurier, qui vous aidera à définir vos besoins. Ensuite, pour conforter une première ébauche de choix, vous pouvez vous rapprocher des tireurs et chasseurs de votre entourage pratiquant le rechargement. Et, bien sûr, vous plonger dans cet article et tous les autres de la rubrique Rechargement d’Armes de
Chasse ! Immanquablement, vous n’allez pas tarder à constater que, avant tout achat de matériel, une première acquisition s’impose, un bon manuel de rechargement.
Coin lecture
Un manuel de rechargement détaille le modus operandi de cette pratique, à savoir le mode d’emploi de ses différents outils d’une part, les tables de chargement d’autre part, qui vous fournissent, calibre par calibre, les données nécessaires à la réalisation de vos cartouches. Deux manuels existent en français : « le » Malfatti ( Manuel de rechar-
gement) et « le » Gheerbrant ( Guide
pratique du rechargement). Hélas, ces « bibles » dont les auteurs sont tous deux décédés – René Malfat ti en 2011 et Alain Gheerbrant, membre de la rédaction de ce magazine durant dix- huit ans, en 2014 –, ne font plus l’objet de réédition et sont épuisées, vous devrez les trouver d’occasion. Je privilégie pour ma part l’ouvrage d’Alain Gheerbrant, car, ultérieur au Malfatti, il contient des tables plus complètes et incluant un plus grand nombre de calibres de chasse. Vous devrez compléter ces ouvrages par les tables de chargement publiées et mises à jour par les poudriers. Certains kits de rechargement sont fournis avec un guide réalisé par les fabricants d’outils ou les poudriers. Ces ouvrages sont rédigés en anglais, mais d’une écriture assez accessible, même par les lecteurs peu à l’aise avec cette langue. Concernant le matériel à proprement parler, si vous n’avez jamais rechargé de cartouches et donc jamais acheté d’outils dédiés, la solution la plus simple est d’opter pour un kit, qui réunit (presque) tous les outils dont vous avez besoin. Vous faites une double économie : de temps – au lieu de multiplier les choix d’achat par le nombre d’outils nécessaires, vous acquérez les outils de base en une seule fois – et d’argent – puisque les fabricants proposent ces offres globales à un tarif moindre que la somme des prix de chaque élément. Vous vous y retrouvez, le fournisseur aussi, c’est une opération « gagnant-gagnant ».
Le contenu d’un kit
Les éléments qui composent un kit de rechargement sont peu ou prou toujours les mêmes : une presse avec amorceur, une doseuse, une balance, des outils de préparation des étuis ( ébavurage et chanfreinage du collet, nettoyage et uniformisation du logement d’amorce), un entonnoir, un égre- neur, un plateau de chargement et un nécessaire de lubrification des étuis avant recalibrage.
1 La presse. C’est l’outil d’une vie, à choisir avec soin ! Le bâti peut être en fonte ou en alliage – nous vous conseillons la fonte, inaltérable. Plusieurs types de bâti sont proposés. Une presse à cadre ouvert (« bâti en C »), a fortiori si elle possède une tourelle rotative de positionnement de plusieurs outils, ne peut pas vous garantir une rigidité absolue pour effectuer certaines opérations sur des gros calibres. Notre préférence ira vers une presse mono-station à cadre fermé (« bâti en O »), dont les dimensions ont été calculées pour permettre de recharger sans problème les cartouches de chasse les plus longues. Cette presse robuste permet également de faire du reformage d’étuis disponibles sur le marché pour les transformer en un autre calibre, obsolète ou disparu. Si vous optez pour une presse de cette famille, veillez à ce qu’elle soit dotée d’un embiellage compound : ce mécanisme à double articulation démultiplie l’action du levier et du bélier afin de rendre les opérations plus aisées.
2 L’amorceur. Un amorceur est en général intégré au bâti de la presse. Son utilisation est simple, mais le levier de la presse n’offre pas suffisamment de sensibilité pour que vous perceviez l’effort à fournir
pour positionner l’amorce dans son logement. Avec l’amorceur à main présent dans certains kits, vous ressentez le positionnement de l’amorce, ce qui vous permet de repérer au passage les étuis dont le logement se serait légèrement élargi. Un amorceur à main n’accepte généralement que les supports d’étui ( shell holder) de la même marque pour fonctionner parfaitement.
3 La balance et 4 la doseuse. La doseuse volumétrique permet un dosage rapide, d’un coup de poignet, de la poudre. Après réglage, elle délivre une charge de poudre précise, si besoin très légèrement inférieureure
au dosage final si on choisit de parfaire la charge sélectionnée avec un égreneur. La doseuse est actionnée, la charge tombe dans la coupelle de la balance et est pesée. Il n’y a plus qu’à ajuster la charge si nécessaire et à la verser dans l’étui à l’aide de l’entonnoir. Doseuse et balance sont des instruments de précision qu’il vous faut manipuler avec soin et stocker dans une housse pour les protéger de la poussière.
5 Le plateau de chargement. Ses alvéoles permettent de maintenir à la verticale les étuis remplis de leur charge de poudre et d’éviter qu’ils se renversent. Notez que si la charge d’un étui se répand sur le plan de travail, il convient de vider la poudre restante dans la doseuse et de recommencer l’opération de dosage.
6 Les outils d’ébavurage et de chan
freinage. Une fois que l’étui, neuf ou déjà utilisé, a été recalibré puis mesuré et recoupé à la bonne longueur (nous y viendrons plus loin), le bord extérieur du collet doit être ébavuré, afin de faciliter le chambrage de la cartouche dans votre arme, et son bord intérieur doit être chanfreiné, afin de faciliter la mise en place de la balle.
7 Le nécessaire de graissage de
l’étui avant recalibrage. Ce nécessaire se compose d’un liquide graisseux, généralement à base de lanoline, et d’un tampon : après avoir imprégné ce tampon de liquide, vous y ferez rouler les étuis à recalibrer. C’est une étape indispensable, puisque un étui non graissé se bloquerait dans le recalibreur et réduirait à néant toute votre session de rechargement.
Les outils complémentaires
Vous aurez également besoin d’un jeu d’outils 8 et de son support d’étui. Ces éléments étant différents pour chaque calibre, dans le cas du jeu d’outils, ou pour chaque famille de calibres, dans le cas du support d’étui, ils ne sont pas compris dans le kit, qui ne contient que les outils universels. Vous devrez les acheter séparément. Un support d’étui peut servir pour tous les calibres possédant les mêmes dimensions de culot : le support du .300 Winchester Magnum pourra par exemple être utilisé pour recharger du .300 Waetherby, du .458 Winchester Magnum, etc. Tous les jeux d’outils standards sont livrés avec un filetage de fixation sur la presse de 7/ 8e de pouce ( 14 filets au pouce). Cela vous permet d’acheter des jeux d’outils de différentes marques, qui pourront tous être montés sur votre presse. Un autre absent dans votre kit est le raccourcisseur d’étuis ( case trimmer)
9 , qui sert à uniformiser la longueur des étuis et à les raccourcir, la pression du tir faisant fluer le laiton vers le collet, provoquant un allongement de l’étui. Tous les fabricants de matériel de rechargement en proposent un ou plusieurs modèles. La plupar t s ont « universels », de longueur suffisante pour traiter
la majorité des cartouches de chasse. Certains sont motorisables grâce à un embout dédié qui se fixe sur la queue de l’axe porte- fraise sur lequel vous pouvez monter une visseuse électrique, d’autres sont motorisés d’origine. Les raccourcisseurs sont ac compagnés de pilotes (des guides métalliques à introduire dans le collet de l’étui pour le maintenir pendant la recoupe) et, pour certains modèles, de collets de maintien du cul de l’étui. Les pilotes, comme d’autres outils de reprise extérieure ou intérieure du collet, ne sont pas interchangeables d’une marque à l’autre.
Un kit oui, mais lequel ?
Le prix va bien sûr entrer en compte dans le choix de votre kit (ceux que nous vous présentons sont dans une fourchette de 300 à 500 €), mais il ne doit pas être le seul critère. Songez à l’économie que représentent dans le temps des équipements de haute qualité de fabrication, dont l’assemblage a été réalisé avec des tolérances serrées. Ils sont un gage de leur longévité, mais aussi de la précision et de la qualité des cartouches que vous allez réaliser. Vous pourrez aussi être tenté par une presse permettant de monter et démonter rapidement l’outil grâce à des bagues de montage rapide. Vissées sur le corps de chaque outil, ces bagues bloquent ce dernier en position d’un quart ou demi-tour. Elles vous dispensent de la corvée de vissage et de dévissage. Mais attention, elles ne sont pas interchangeables d’une marque à l’autre, il vous faudra en acheter une par outil. Vous pouvez aussi hésiter entre une balance mécanique ou électronique. La première, pour peu qu’on en prenne soin, dure toute une vie de rechargeur. Pour ma part, je pèse toujours mes charges avec ma vieille balance mécanique achetée en 1973. Un modèle digital ne durera que le temps de la vie de ses composants électroniques. Si vous optez pour cette seconde version, choisissez en tout cas un modèle doté d’une alimentation sur secteur. Une alimentation exclusivement par pile expose à une erreur de pesée lorsque la pile s’approche de sa fin de vie. J’ai volontairement fait l’impasse sur les presses semi-automatiques dites « progressives ». Ces modèles, dotés d’un plateau supérieur, pouvant accueillir trois outils et la doseuse, et d’un plateau inférieur, pouvant accueillir quatre étuis, sont surtout destinés aux tireurs sportifs qui vont consommer de grandes quantités de cartouches. Pour le chasseur, qui n’a pas d’aussi gros besoins, un matériel plus simple à utiliser et moins onéreux est suffisant. Avec un kit de rechargement, vous êtes paré pour effectuer vos opérations sans complications inutiles. Il sera toujours temps de le compléter au fur et à mesure de votre pratique avec des outils et des équipements dédiés à certaines tâches annexes. Pour l’heure, bienvenue dans le monde du rechargement !