Un stéphanois anonyme
Fidèle lecteur de votre revue depuis ses premiers numéros, je me permets de vous mettre à contribution pour satisfaire ma curiosité. Je possède depuis de nombreuses années un hammerless stéphanois de calibre 12 qui m’avait été donné il y a longtemps par la veuve de son ancien propriétaire, laquelle n’avait pu me fournir la moindre information sur ce fusil. Outre les poinçons habituels de dimensions d’alésage et de chambre et les poinçons d’épreuve, il porte divers marquages sur les canons : canon Heurtier, acier Meillor, canon de sûreté garantie triple épreuve, crochet encastré, choke rectifié Faure, GPF et 506. Sur le pourtour de la tête de la clé d’ouverture sont repris les initiales GPF et, sur le plat de la bascule, le numéro, 506. Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur le fabricant de ce fusil et sur son époque de fabrication ?
Au vu des poinçons que vous indiquez, il s’agit incontestablement d’une arme de qualité issue des ateliers Faure, grande famille d’arquebusiers de Saint-Etienne. Les canons ont été établis par le célèbre Heurtier, canonnier au 26 rue Clément-Forissier à Saint-Etienne, qui n’a produit que des canons de grande qualité destinés à des armes fines. « Acier Meillor » recouvre une formule publicitaire pour des aciers que l’on retrouve aussi en Belgique et en Allemagne ; autrement dit, ce poinçon « superlatif » n’implique pas une différence tangible de qualité. Dans la famille des Faure, Gaston fut le spécialiste du rectifiage des canons dans les années 1950-1960. Selon toute vraisemblance, le poinçon GPF correspond aux initiales de Gaston Pierre Faure. Il a été établi qu’un fusil Faure de ce type, très proche du vôtre puisqu’il porte le matricule 540 (et le vôtre le 506), monté par l’équipeur M. Besson de Saint-Etienne, datait des années 1950. Voilà donc votre fusil situé dans le temps et la paternité.