Armes de Chasse

Armeur séparé : la sûreté absolue

On pousse avant de tirer

- Henri Lefebvre, armurerie de la Villeneuve

On pousse avant de tirer

A l’approche, il faut être prêt à tirer à tout instant mais sans générer de risque d’accident, autrement dit avoir une cartouche chambrée sans que le coup ne puisse partir de façon intempesti­ve. Pour cela, il n’existe qu’une seule solution réellement fiable, l’armeur séparé.

Chasser avec une carabine chargée lors d’une approche en terrain difficile, en montagne particuliè­rement, ou d’une traque en battue représente un trop grand risque. Pour autant, il faut être prêt à tirer si un animal se présente à portée de carabine. Pour résoudre ce dilemme, les sécurités classiques ne sont pas suffisamme­nt fiables, une chute ou un choc pouvant suffire à déclencher le coup. Le procédé adopté par certains chasseurs consistant à charger une cartouche dans la chambre et à désarmer le percuteur en appuyant sur la détente tout en refermant doucement la culasse est dangereux, avec un risque de tir intempesti­f. L’armeur séparé (ou armeur manuel ou de sécurité) constitue la seule sécurité absolue permettant de porter l’arme chargée sans risque de départ non commandé. Vous pouvez crapahuter arme pendue dans votre dos ou la faire tomber du haut d’un mirador, le coup ne partira pas.

Méthode germanique

Les premiers armeurs séparés sont apparus en Allemagne et en Autriche sur des armes basculante­s, drillings ou kipplaufs. On les reconnaît à la présence d’un gros bouton poussoir sur la queue de bascule. En 1985, la marque Krico en partenaria­t avec RWS commercial­ise le premier modèle de carabine à verrou avec armeur séparé. Le principe est dès lors largement repris et adapté aux carabines modernes – linéaires ou semi- automatiqu­es. Aujourd’hui, les marques connues et reconnues ( Blaser, Merkel, Browning…) le proposent en option ou de série sur un large choix d’armes rayées. Par sa simplicité de manipulati­on et la sécurité qu’il procure, il est devenu un équipement essentiel d’une carabine de qualité.

Simple et rapide

A la différence d’une sécurité classique, qui ne bloque généraleme­nt que les détentes et laisse sous tension tout le système de percussion, à la merci des chocs et des vibrations qui pourraient faire partir accidentel­lement le coup, l’armement séparé joue directemen­t sur le percuteur. Au départ du coup de feu consécutif à l’appui sur la détente, celle-ci pousse la gâchette qui se décroche du chien, lequel est énergiquem­ent poussé par son ressort et vient frapper l’amorce à l’aide du percuteur. Toute l’énergie du système est produite par le ressort moteur du chien (ou ressort de percussion) : c’est sur lui qu’agit l’armeur séparé. Le bouton poussoir est solidaire d’une tringle en appui sur le ressort de percussion, le tendant ou le détendant selon le mouvement. Sur la plupart des carabines linéaires, semi-automatiqu­es ou basculante­s, munies d’un armeur séparé, le percuteur est désarmé, ressort détendu, quand le poussoir est en position arrière. Pour armer, on pousse le bouton vers l’avant, assez fort pour vaincre la résistance du ressort de percuteur, jusqu’à l’enclenchem­ent de celui-ci sur la gâchette. Le percuteur est alors sous la tension du ressort. Un témoin rouge est généraleme­nt visible juste derrière le poussoir : il

alerte que la carabine est prête à faire feu. Pour désarmer la carabine, on pousse sur le bouton, ou on appuie selon les modèles. Le poussoir recule et détend dans sa course le ressort de percussion. Le témoin rouge est alors complèteme­nt recouvert : on est assuré que le coup ne peut pas partir, le système est privé de toute énergie. C’est d’une grande simplicité, d’une utilisatio­n rapide et discrète, sans risque d’erreur. Certaines carabines à verrou classiques sont également dotées d’un armement séparé logé sur la culasse mobile. Son principe est le même que sur les armes à armeur sur col de crosse, mais il a la forme d’un bouton poussoir placé au bout de la culasse et intégré à la noix. Poussé en position avant, le bouton tend le ressort de percussion, la carabine est armée. Pour la désarmer, on presse le bouton qui revient alors en arrière et détend le ressort de percussion. Sur certains modèles, un petit verrou placé juste à côté du bouton poussoir, sur la noix, empêche un désarmemen­t accidentel en cas de mauvaise manipulati­on. Pour désarmer, il faut alors appuyer sur ce verrou en même temps que pousser sur le poussoir principal. Des kits sont proposés, pour les boîtiers type Mauser 98 par exemple, pour installer l’équipement sur une carabine à verrou qui n’en est pas dotée d’origine. Ils restent cependant assez rares, vous devrez vous renseigner auprès de votre armurier pour savoir s’il en existe pour votre arme.

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Un armeur classique comme on en trouve de plus en plus sur les carabines européenne­s.
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 ??  ?? Le principe de fonctionne­ment de l’armeur de la Blaser R8 (ci-dessus) et l’armeur de la Zoli AZ (ci-contre). Ce dernier est un poussoir logé sur la noix de culasse.
Le principe de fonctionne­ment de l’armeur de la Blaser R8 (ci-dessus) et l’armeur de la Zoli AZ (ci-contre). Ce dernier est un poussoir logé sur la noix de culasse.
 ??  ?? L’armeur est ici situé dans le prolongeme­nt de la noix et comporte une sécurité qui empêche le désarmemen­t involontai­re.
L’armeur est ici situé dans le prolongeme­nt de la noix et comporte une sécurité qui empêche le désarmemen­t involontai­re.
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