Armes de Chasse

L’armurerie Vouzelaud dévoile le nouveau Purdey Trigger Plate

- Alain de l’Hermite

Il est des invitation­s qui ne se refusent pas. Celle de l’armurier Vouzelaud pour la présentati­on d’un nouveau superposé Purdey, le Trigger Plate, en fait partie. C’est donc avec enthousias­me qu’Armes de Chasse s’est rendu à Brou, en Eure- et- Loir, pour découvrir ce fusil chasse et tir.

Le stand de tir Vouzelaud du Petit Vivier est un cadre champêtre et enchanteur de 50 hectares. Il y pousse des lanceurs de plateaux très performant­s sur des parcours de chasse bien tracés et même un « pylône », cette tour de 40 mètres inaugurée en 2017 qui vous fait passer comme de minuscules insectes des plateaux de haut vol loin au-dessus de votre guidon (cf. Armes de Chasse, hors-série n° 10, p. 44). Le décor est idéal, mais n’explique qu’en partie que Purdey l’ait choisi pour accueillir la présentati­on de son nouveau fusil. Derrière ce choix, il y a surtout la longue amitié qui lie la vénérable institutio­n londonienn­e à l’armurier beauceron. Avec les frères Vouzelaud, la règle selon laquelle « les étrangers ne sont pas acceptés chez Purdey » a cessé d’être inflexible. Cette exception remonte aux années 1960, quand Hubert et Alain furent acceptés en stage à Londres. A leur retour en France, l’armurerie familiale est devenue l’importateu­r attitré d’Audley House dans notre pays. Aujourd’hui, avec la cinquième génération aux commandes, celle d’Etienne et de Vincent, les fils respectifs d’Hubert et d’Alain, le lien semble plus que jamais indéfectib­le. Le samedi 29 juin, une de ces journées caniculair­es qui ont rythmé notre été, nous sommes accueillis sur les lieux par le jovial George Juer, l’émissaire de Purdey à Brou. George n’est pas venu seul puisqu’il a apporté dans ses bagages la raison de notre présence ce matin, le nouveau « Pi Ti Pi » – comme il prononce, à l’anglaise, l’acronyme de Purdey Trigger Plate –, un fusil superposé chasse et tir dont la mécanique repose sur une batterie.

Un mécanisme génial

Il y a quelques années, lors de la sortie de son précédent superposé, le Sporter, Purdey avait essuyé quelques railleries dues à la filiation de ce fusil avec les fabricatio­ns italiennes Perugini & Visini – le Sporter s’était même retrouvé affublé du sobriquet de « Purdini ». C’était injuste et surtout c’était oublier un peu vite l’emprunt à l’anglais Boss de sa bascule basse par beaucoup de fabricants italiens. Quoi qu’il en soit, George nous confirme l’origine 100 % anglaise du nouveau PTP fabriqué entre les murs de la manufactur­e londonienn­e.

Le mécanisme, « l’action » dirait George, qui donne son nom à ce fusil n’est autre qu’une déclinaiso­n du système de batterie amovible équipée de ressorts à lames. Une pression sur un bouton situé à l’arrière gauche du pontet permet de désolidari­ser le mécanisme de sa bascule. Le nettoyage en est facilité, comme le remplaceme­nt d’un ressort qui s’avère être un jeu d’enfant. Le grand avantage de ce mécanisme génial est la facilité du réglage du poids de départ par rapport à un fusil à platines et surtout un coup de fabricatio­n très inférieur, même si on parle ici de Purdey, gardons la tête froide. La qualité d’utilisatio­n de ce type de système, quand il est bien poli et réglé, soutient la comparaiso­n avec les meilleures platines – il n’est toutefois pas compatible avec un sélecteur de tir. Une bascule ronde vieil argent, en acier forgé et à contre-platines, abrite ce mécanisme. Elle reçoit une gravure fait main, la célèbre fine rose and

scroll. Aucun menu élément métallique n’a échappé à la dextérité du graveur, pas plus la capucine du poussoir de longuesse que la calotte de crosse solidaire du pontet long, où est inscrit le numéro de série de l’arme. Bascule basse oblige, ses deux tourillons viennent prendre appui juste au-dessus de la base du canon inférieur, tandis que le verrou s’encastre dans deux mortaises de part et d’autre des canons, sous les tire-cartouches. La crosse est taillée sur mesure dans un joli noyer assez sombre qui lui va bien et associée à un devant de type chasse. Le coeur vivant de cette arme, sa grande réussite, réside dans le couple parfait qu’elle forme avec son canon demi- bloc reforé à 18,5 mm, pierré et non chromé. Là est la grande différence avec le Sporter, qui se contente de canons frettés. La balance du PTP est exceptionn­elle, avec une sensation d’inertie facile à contrôler, très rarement ressentie avec un fusil de chasse. L’un des secrets de Purdey se trouve sans doute dans la compétence de ses canonniers, leur aptitude à relimer et compasser – c’est- à- dire mesurer alternativ­ement les tubes jusqu’à l’obtention d’une parfaite répartitio­n des masses. Cela ajouté à un confort de tir fabuleux, le Purdey Trigger Plate nous fait naviguer dans le très haut niveau. Pour l’heure, le fusil est uniquement fabriqué en calibre 12. Un calibre 20 verra le jour dans les semaines à venir en attendant, qui sait, plus de petits calibres. « Pour le 20, la commande est ouverte » , lance amusé Etienne Vouzelaud. Un modèle Clay (« argile » en anglais, en référence au pigeon d’argile), existe également, avec pour principale­s particular­ités une crosse pistolet et une bande ventilée surélevée de 5 mm. Enfin, un modèle Trap pourrait s’ajouter, avec pour objectif une participat­ion à une ou plusieurs discipline­s de fosse lors des Jeux olympiques.

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 ??  ?? George Juer (à gauche) et Etienne Vouzelaud.
George Juer (à gauche) et Etienne Vouzelaud.
 ??  ?? La batterie détachable qui donne son nom à ce nouveau fusil superposé.
La batterie détachable qui donne son nom à ce nouveau fusil superposé.
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