Armes de Chasse

Les reines des balles (de battue)

Nos balles favorites, entre anciennes et nouvelles

- Dominique Czermann

Quelle est la bonne balle de battue ? Vaste et inépuisabl­e question, qui appelle des points de vue aussi nombreux que les chasseurs. Nous allons malgré tout vous présenter celles qui semblent les mieux adaptées. Parmi les anciennes, les valeurs sûres ou considérée­s comme telles, et les petites nouvelles à la pointe du progrès.

Parce qu’il est de notre devoir d’essayer de tuer le plus proprement possible en limitant les souffrance­s inutiles, nous devons, premièreme­nt, nous entraîner à placer nos balles, secondemen­t, choisir un calibre et des balles adaptés au résultat recherché. Acheter la moins chère des munitions destinées à tirer des chevreuils ou des renards pour l’utiliser en battue de sanglier parce qu’on est miraculeus­ement arrivé, un jour, à tuer un ragot de 80 kg est une hérésie, presque un délit. L’être humain a tendance à faire une règle d’un exemple, voire d’une exception, et à traiter les règles établies comme des exceptions. Telle balle ou cartouche est encensée ou vouée aux gémonies en fonction d’une expérience personnell­e réussie ou ratée sans qu’en soient analysées les causes ou, encore plus fort, parce que le maître à penser ( anonyme) des forums aux soixante mille posts l’a écrit ! Les vidéos de « chasse » où

on voit tomber quantité de sangliers ne sont que des outils de marketing pour faire vendre du matériel. Les performanc­es qu’elles nous montrent ne sont pas le fait d’une balle particuliè­re mais de la capacité de tireurs à parfaiteme­nt placer cette balle. Ils ont passé des mois à s’entraîner pour atteindre ce résultat, et sont parfois rémunérés pour le faire.

Les bonnes balles : elles sont pléthore

Les bonnes balles ne manquent pas et il n’y en a jamais eu autant qu’aujourd’hui. Il faut juste savoir les adapter à nos chasses et ne pas rechigner à faire des essais, surtout si on décide de remplacer sa bonne vieille T-Mantel, Alaska, Core-Lokt ou Power Point par une des nouvelles merveilles en alliage et pointe plastique qui tuent comme par magie ou sorcelleri­e, aux dires du maître évoqué plus haut. Il faut toutefois reconnaîtr­e que peu de chasseurs peuvent accumuler suffisamme­nt d’échantillo­ns pour en tirer une loi générale et la plupart sont perdus dans le flot d’informatio­ns ou, hélas, de contenus publicitai­res, avoués ou non. Certains d’entre vous appréciero­nt donc que je leur propose un tri entre ce qui marche et ne marche pas, établi à partir de mon expérience et de celle de mes compagnons de chasse, limitée mais attestée. Je vais vous présenter cette sélection en quatre familles : les balles classiques (chemisées, lourdes par rapport au calibre), les classiques techniques (chemisées, partitionn­ées, à noyau soudé ou mixtes), les modernes en alliage cuivreux ou cuivre pur et enfin les modernes « inclassabl­es » en raison des choix de leurs fabricants.

Les classiques, efficaces et économique­s

Elles sont connues depuis de nombreuses années et leur principe est commun à toutes : une chemise d’épaisseur croissante de l’avant à l’arrière, cannelée ou pas à l’intérieur, habille un noyau de plomb parfois durci pouvant dépasser d’une chemise de forme arrondie (T-Mantel, Alaska) ou pointue (Power Shock, Power Point, Core-Lokt, SPCE). Pour certaines de ces balles traditionn­elles, l’extrémité de leur noyau s’arrête au niveau de la chemise dont le bord est rabattu afin de protéger le plomb et retarder légèrement l’expansion ( Vulkan). La Norma Plastic Point a la particular­ité de posséder à son extrémité une bille de plastique colorée chargée de protéger la cavité où

elle repose et de jouer le rôle d’accélérate­ur d’expansion. Cette petite bille facilite aussi le fonctionne­ment de certaines semi-automatiqu­es (Remington en particulie­r) – un rôle secondaire qui n’avait pas été anticipé par les fabricants.

Tous les « anciens » ayant utilisé des express se souviennen­t de l’efficacité de toutes ces balles simples, souvent utilisées par les fabricants pour effectuer la convergenc­e de leurs armes. Elles restent toujours d’actualité, surtout dans les carabines doubles ou lorsqu’on ne veut pas hypothéque­r son plan retraite pour chasser. En Allemagne, la Vulkan est une référence, tout comme les Plastic Point en France, Espagne ou Italie. Norma continue d’ailleurs à fabriquer ces dernières – mais pour combien de temps ? – uniquement pour ces trois pays qui absorbent la quasi totalité de la production.

Sans frime ni solutions techniques révolution­naires, ces balles font le travail en vertu d’un poids élevé par rapport à leur diamètre et d’une expansion moyenne à forte qui crée une cavité permanente conséquent­e. Parfois aidées, dans le cas des Plastic Point et Vulkan, par les éclats qui créent autant de cavités secondaire­s. Si vous les employez avec succès, continuez, sans vous faire des noeuds au cerveau avec tous ce que vous entendez ou ce que j’écris ! Le mieux est souvent l’ennemi du bien et une SPCE placée en zone vitale sera plus efficace que n’importe quelle monométall­ique dans la panse.

J’ajoute dans cet échantillo­nnage les Hornady Interlock (les basiques) qui utilisent un redan interne pour maintenir la cohésion noyau/chemise à l’impact. Elles existent en version

spitzer (à ogive sécante), round nose ou, pour les armes à levier de sousgarde, flat point et donnent satisfacti­on à ceux qui s’en servent.

Ceux qui rechargent leurs cartouches trouveront d’autres balles simples chez Speer, Sierra, Hornady, Norma, Geco, RWS, Sellier & Bellot, Partizan. Evitez toutefois les balles de type boat tail, dont la chemise peut se désolidari­ser du noyau aux distances usuelles de la battue et surtout après avoir frappé un gros os. C’est sans conséquenc­e sur un sanglier de

50 kg, mais cela peut être préjudicia­ble sur un grand Keiler (déviation après impact, pénétratio­n réduite). A l’affût ou à l’approche, l’incident porte peu à conséquenc­e puisque le chasseur est censé placer ses balles dans la « zone molle » (le sweet spot des Anglo-Saxons), le triangle coeurpoumo­ns.

En règle générale et bien qu’il existe de très nombreuses exceptions, les balles classiques travaillen­t mieux avec des vitesses de départ contenues de 680 à 840 m/s, ce qui leur permet de conserver leur intégrité et de pénétrer jusqu’aux organes vitaux. Si on pousse l’étude des munitions et leur emploi, on se rend compte qu’à calibre égal les plus lourdes des balles classiques sont réservées aux munitions magnum ou à celles destinées à des gibiers lourds. La masse de départ élevée permet de maintenir une masse résiduelle suffisante pour atteindre les organes.

Le 9,3 x 62 original en est l’exemple type, sa balle de 18,5 g lancée à moins de 650 m/s lors de sa sortie l’a couvert de gloire en Afrique face à des gibiers que peu de nemrods affrontera­ient aujourd’hui avec les meilleures

balles modernes tirées par la vieille cartouche d’Otto Bock. Les .300 et .338 Winchester Magnum sont un autre exemple. On trouvait à l’origine de nombreux chargement­s à balles simples de 220 grains pour le .300 et de 250/275 grains pour le .338. Aujourd’hui, ces projectile­s lourds sont moins répandus, mais restent appréciés de ceux qui affrontent des gibiers dangereux. Ils ne sont jamais une erreur, surtout si on chasse les plus lourds des sangliers et que la goutte de sang coûte cher. Là encore, il faut adapter la balle à la vitesse de la cartouche, au gibier et aux distances communémen­t rencontrée­s. La vitesse seule ne tue pas, elle augmente la létalité de la balle si cette dernière l’encaisse et tient à l’impact.

Les techniques et classiques à double noyau

Il y a ensuite les balles à double noyau (ou partitionn­ées), directemen­t issues des précédente­s. Elle ont été mises au point à partir de l’expérience des chasseurs et suite à l’augmentati­on de la vitesse des calibres de chasse dans le premier quart du XXe siècle.

Les premières balles de ce type sont venues d’Allemagne, où elles ont été conçues par Brenneke ou les ingénieurs de DWM. Elles s’appellent, suivant le fabricant,Tig, Tug, Uni ou ID et font appel à deux noyaux de forme et dureté différente­s suivant qu’on les destine aux gibiers lourds et résistants (Tug/Uni) ou aux animaux moyens à légers (Tig/ID).

La Tig/ID fut longtemps une valeur sûre pour les chasseurs qui n’ont pas à se préoccuper de leur budget. Polyvalent­e, elle était employée avec grande satisfacti­on sur tous nos gibiers. Si tous les sangliers que cette balle a tués et tue encore en battue revenaient à la vie, les fédération­s pourraient fermer boutique. En 7 x 64, elle est la préférée d’un de mes amis, garde sur le Caroux, qui abat plus que sa part de bêtes rousses ou noires. Sa chemise en acier nickelé et son noyau avant en plomb pur sont aujourd’hui critiqués en raison de leur fragmentat­ion. Mais c’est précisémen­t l’expansion violente et la fragmentat­ion associée à la pénétratio­n du noyau durci qui en font une balle spectacula­ire lorsqu’elle est bien placée. Si on se concentre sur les très gros sangliers, les Tug/ Uni, moins « explosives » mais pénétrant plus loin, restent des références, y compris en Afrique. Les Tig et Tug on fait le bonheur des utilisateu­rs de 7 x 64/65 R, 8 x 57 IRS et 9,3 x 62/74 R, elles sont toujours de mise même dans les « munitions libérées » . Une 12,8 g tirée d’un 8 x 57 IS constitue une remarquabl­e balle de battue, supérieure à mon goût à nombre de balles modernes tirées dans un .30-06.

La plus ancienne balle que l’on peut qualifier de partitionn­ée est la H-Mantel. Plus qu’octogénair­e, elle a connu de nombreuses améliorati­ons depuis sa naissance et est toujours remarquabl­e d’efficacité. Les critiques qui circulent sur la Toile à son sujet sont infondées. Elle ne génère ni plus ni moins d’éclats que de nombreuses balles expansives et est moins dangereuse que le noyau de 15 g d’une monoli thique ou le noyau soudé qui traverse systématiq­uement pour filer on ne sait où.

En 1948, John Nosler a développé une version américaine de la H-Mantel, la Partition, qui malgré sa baisse de popularité continue à démontrer sa redoutable efficacité en battue. Comme l’allemande, elle reste un bon choix quand on cherche une balle polyvalent­e et que l’on fait plus confiance au plomb qu’au cuivre. Leur arrière protégé reste intact, garantissa­nt une sortie quasi systématiq­ue pour un écoulement sanguin important. C’est fort utile lors des tirs de battue où le placement des balles est parfois aléatoire, puisque nous ne chassons pas tous dans les bois éclaircis. Certains reprochent aux H-Mantel et Partition des dégâts parfois importants à la venaison. Je leur réponds qu’il vaut mieux perdre 5 kg de viande qu’un animal entier et que l’entraîneme­nt est efficace pour minimiser la perte.

Les techniques et classiques à noyau soudé

L’avantage des balles à noyau soudé

( cf. encadré ci- contre) tient dans leur efficacité sur une grande plage de vitesses et leur tenue à l’impact, même lorsque cette vitesse est élevée (dans un calibre magnum ou à très courte distance). En dix- neuf ans d’utilisatio­n de l’Oryx (Norma), j’ai tué ou vu tuer plusieurs centaines de sangliers et cervidés en battue avec des calibres standards ou magnum. Si on combine les animaux ratés, doublés par sécurité ou achevés suite à des tirs mal placés, la moyenne de coups tirés est inférieure à 2,2 par bête selon mes archives, de 5 à plus de 200 m et de 25 à plus de 200 kg. Ce qui en dit

long sur l’efficacité de cette balle et de celles à noyau soudé en général. La Power Max de Winchester affiche aussi un succès important, soutenu par un coût moins élevé.

Comme avec beaucoup de balles, l’étude d’un échantillo­n important de tirs montre que les plus efficaces sont souvent les moins évoluées sur le plan aérodynami­que. Non pas que ce soit des balles de mousquet, mais elles possèdent rarement un arrière fuyant prononcé ou une coiffe plastique. La partie cylindriqu­e est assez longue pour une ogive réduite et s’il y a un boat tail (arrière fuyant), il est souvent très réduit. Ces caractéris­tiques sont reconnues pour offrir une plus grande stabilité (à ne pas confondre avec la stabilité gyroscopiq­ue) à l’impact et après, donc une pénétratio­n droite et axiale, ainsi qu’une meilleure résistance à la réflexion lors de la rencontre avec des menus obstacles.

Ne vous laissez pas embobiner par les arrières fuyants et les profils de missile. Dans la réalité, même pour des tirs en zone de montagne entre 200 et 300 m, ce n’est pas le coefficien­t balistique ( CB) qui fera la différence mais bien votre aptitude à juger l’avance à donner. Beaucoup trop d’importance est donnée à ce fameux CB parce que le chasseur croit tirer loin. Aux Etats-Unis, pays de l’extrême y compris en matière de bêtise, les statistiqu­es des sérieuses NRA (National Rifle Associatio­n) et associatio­ns de chasseurs démontrent que 90 % des tirs se font dans les 200 yards (183 m), 5 % entre 200 et 300 yards (274 m) et 5 % au-delà de 300. Une Oryx, une Power Max, une Fusion ou n’importe quelle de ces balles à base plate et ogive tangente conviendro­nt parfaiteme­nt tout en vous apportant un avantage lors des tirs dans le « sale » ou quand la balle frappera de gros os. Certains leur reprochent de ne pas être spectacula­ires avec des calibres lents, mais elles sont fiables, régulières et sûres.

Une autre balle de battue que je plébiscite est la Tip Strike, chez Norma encore. Depuis sa création il y a presque quatre ans, elle fait exactement ce que dit le marketing de la marque : un effet immédiat. Cette efficacité semble venir d’une conception équilibrée : masse raisonnabl­e, excellent rapport entre la longueur du corps de la balle et celle de son ogive, noyau verrouillé par un anneau interne, cavité d’expansion bien dessinée, protégée par une coiffe et un arrière plat. Tout cela concourt à une expansion rapide et violente, une pénétratio­n en droite ligne, souvent accompagné­e d’une sortie, et une remarquabl­e précision à longue ou courte distance. Quand une balle vous évite, par deux fois la même année, un séjour à l’hôpital en arrêtant sur vos bottes deux charges violentes de sangliers lourds et bien armés, vous en devenez fan. Ces faits associés à leur emploi régulier en battue où elle se montre excellente en font ma balle préférée avec l’Oryx.

Les modernes en cuivre ou sans plomb

Lorsque Randy Brooks a créé la balle X, ce n’était pas pour la battue mais parce qu’il avait failli se faire tuer par un kodiak. La balle classique (certaineme­nt une Barnes) tirée par sa .375 H & H n’ayant pas pénétré assez loin dans la bestiole. S’il avait utilisé une Bitterroot Bonded ou une Partition, il y a fort à parier qu’il n’aurait eu aucun problème.

Chez nous, autour des années 1995, les balles en cuivre, GPA et Fip, ont vu le jour afin de réduire les distances de fuite des sangliers lors des battues. Je peux affirmer que le choix de l’alliage cuivreux monolithiq­ue a été retenu principale­ment pour deux raisons : économique et technique. Il est quasi impossible de produire de bonnes balles techniques classiques (partition, noyau soudé) pour la chasse sans un investisse­ment considérab­le en argent et matériel. Les concepts retenus par messieurs Carré et Sauvestre sont nettement plus avancés que ceux des Barnes et dérivés.

Les Barnes ne furent jamais 100 % fiables avant l’arrivée des TSX et surtout des TTSX. J’en ai utilisé dès 1997, les premières (Barnes X) allaient du spectacula­ire au lamentable. Dès leur commercial­isation, les françaises ont en revanche donné des résultats constants (je parle des balles, pas des cartouches). Les écolos ne sont pas les seuls à faire le forcing en Europe pour le sans-plomb, certains fabricants n’économisen­t pas non plus leurs efforts, ce type de balles a assurément de l’avenir.

Pour la battue, les GPA et Fip me semblent les plus adaptées. Leur conception, avec pétalisati­on pour les GPA ou choix d’un alliage spécifique, d’un initiateur d’expansion et de vitesses ajustées pour les Fip, les rend moins tributaire­s d’une vitesse très élevée pour une expansion fiable. Bien avant les Mono Flex d’Hornady, la GPA de 150 grains rechargée dans le vénérable .30-30, le .300 Savage ou le .307 Winchester faisait de ces cartouches de très acceptable­s calibres de battue pour peu que le chasseur sache raison garder. Elle a également l’avantage d’offrir un choix de poids conséquent dans certains calibres. Les nouvelles Norma Eco Strike se comportent aussi très bien, avec une remarquabl­e régularité et une précision diabolique. Bénéfician­t de l’expérience et des déboires des autres fabricants, ces balles légères possèdent une cavité frontale bien dessinée qui, aidée par la coiffe plastique, garantit une expansion même à distance importante. Conçue pour un usage polyvalent, c’est une excellente balle de battue.

Je ne m’étendrai pas sur les Barnes TXS et TTSX quelles que soient leurs appellatio­ns. Conçues pour la chasse américaine, elles se comportent bien en battue depuis des années et donnent leur maximum dans des calibres rapides. Il en va de même pour les Trophy Copper de Federal. Winchester, après le fiasco de sa Power Core qui reprenait en pire tous les défauts des premières Barnes, a présenté cette année une nouvelle balle cuivre, la Copper Impact. Elle fait, comme les Norma, le pari de la légèreté (150 grains en calibre .30) et reprend la coiffe balistique de grand diamètre de l’Extreme Point qui, associé à une cavité frontale imposante, favorise une expansion violente et un transfert d’énergie brutal. Bien que trop récente pour avoir un retour d’informatio­n vraiment exploitabl­e, elle devrait faire aussi bien, voire mieux que l’Extreme Point (150 grains) avec un taux de sortie plus important.

Balles oubliées, les Lapua Naturalis n’auraient besoin que de gorges de délestage et d’une meilleure commercial­isation pour devenir un excellent choix pour les grands sangliers. Bien que n’étant pas un grand adepte des balles en alliage de cuivre, j’en utilise certaines de façon spécifique et dans certains calibres. Elles tuent bien à condition de bien les placer. Les GPA semblent apporter un petit plus difficilem­ent quantifiab­le en raison des pétales honnis par les détracteur­s des H-Mantel. Elles ne sont pas plus dangereuse­s que les autres balles.

Un point important avec ces balles, qu’aucun fabricant ou distribute­ur n’explique, est l’encuivrage. Toutes encuivrent plus que les classiques, de façon moindre toutefois pour les GPA et Fip en raison de leurs gorges et de leurs alliages. Il est important si vous employez cette famille de balles de procéder au nettoyage et décuivrage du canon de façon systématiq­ue après leur utilisatio­n. Négliger cet entretien se solde par une usure anticipée et, plus grave, des montées de pression aléatoires qui iront en s’aggravant et proportion­nellement à la quantité des tirs.

Les « inclassabl­es »

Bien qu’elles n’aient pas été conçues pour la battue et qu’elles ne possèdent par conséquent pas les attributs de base des balles dédiées à ce mode de chasse, les Winchester Extreme Point, Browning BXR, les Evo Green et les Geco Zero s’y comportent remarquabl­ement bien. Certains de mes amis n’utilisent plus que l’Extreme Point. Tirant beaucoup, parfois loin, parfois très près, ils en apprécient la létalité et le prix modéré. A courte distance, elle expanse avec violence et ne res sort quasiment jamais. Logée dans la cage thoracique, elle détruit poumons et artères, le choc faisant souvent éclater les vaisseaux. Passé 100 m, elle se comporte plus classiquem­ent, expanse de façon régulière et ressort plus souvent. La BXR est son équivalent chez Browning. La toute récente version lourde de l’Extreme Point (180 grains) devrait faire mieux encore et se rapprocher des performanc­es de la Tip Strike. Testée en fin de saison en .30- 06, elle a fait forte impression.

Les RWS Evo Green et Geco Zero conçues pour l’approche et le mirador, alternativ­e « verte » aux balles en alliages, se montrent redoutable­s en battue. Leur double noyau d’étain combine l’expansion violente à une pénétratio­n conséquent­e, surtout en rapport de leur poids réduit. Si le chasseur craint le recul ou que sa santé l’oblige à ne plus s’y exposer, ces deux balles sont une voie à explorer. Ma fille a adoptée l’Evo Green dans sa 8 x 57 IS et elle n’a aucun problème à gérer le recul lorsque je monte le canon en 9,3 x 62. Un inconvénie­nt de ces balles est toutefois les dégâts importants à la venaison si on les tire près et dans les épaules.

Comment choisir ?

Essayez- les ! C’est la seule bonne solution pour juger de l’efficacité d’une balle. Les seuls critères à vraiment retenir hormis la précision pratique – pas besoin de précision « match » – et la régularité sont la pénétratio­n, la cavité permanente, ainsi que la distance de fuite lorsque la balle est placée dans le triangle coeur- poumons. Balles de foie, de reins ou de cerveau ne doivent pas être prises en compte. Un paramètre à privilégie­r est aussi la sortie ou non du corps de l’animal et l’écoulement sanguin produit.

Utilisez votre expérience et celle de vos collègues de battue, participez à la découpe et analysez le travail des balles. Tout cela vous aidera à choisir la meilleure munition, pour vous et vous seul. Ne faites pas une confiance aveugle aux vidéos et littératur­e marketing, ni même à mes écrits. Ce qui vaut pour l’un ne vaut pas pour tous.

Nous vivons dans un système où les sirènes du marketing nous attirent vers les écueils de la consommati­on déraisonné­e. Le monde de la chasse y est de plus en plus exposé. Oubliez « le chant des influenceu­rs ». Que vient faire ce mot dans un monde libre ? Nous avons besoin d’être conseillé, éduqué, informé, pas influencé ! Evaluez vos balles, armes et optiques en fonction de vos réels besoins et de vos résultats. Et lisez ou relisez les grands classiques des récits de chasse, ils apportent beaucoup de sagesse et de distance face à toutes les nouveautés censées révolution­ner nos chasses.

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 ??  ?? La Core-Lokt, qui a fêté ses 75 ans (ici en .30-06), est une balle classique à noyau de plomb à l’efficacité avérée.
Autre balle plomb classique, la Norma Alaska expanse de façon importante. Son noyau de plomb déborde et forme un nez rond, un plus en battue.
La bonne vieille SPCE chère à Sellier & Bellot à noyau de plomb et rebord coupant. SPCE signifiant Soft Point Cut Edge, « pointe molle et rebord tranchant ».
La gamme Norma est riche en balles plomb classiques. Ici, la Vulkan, qui expanse fortement. Notez le méplat avec repli de chemise.
La Plastic Point de Norma reste une valeur sûre en France, en Espagne et en Italie. Sa pointe en plastique protège la balle dans le chargeur et initie l’expansion.
La Core-Lokt, qui a fêté ses 75 ans (ici en .30-06), est une balle classique à noyau de plomb à l’efficacité avérée. Autre balle plomb classique, la Norma Alaska expanse de façon importante. Son noyau de plomb déborde et forme un nez rond, un plus en battue. La bonne vieille SPCE chère à Sellier & Bellot à noyau de plomb et rebord coupant. SPCE signifiant Soft Point Cut Edge, « pointe molle et rebord tranchant ». La gamme Norma est riche en balles plomb classiques. Ici, la Vulkan, qui expanse fortement. Notez le méplat avec repli de chemise. La Plastic Point de Norma reste une valeur sûre en France, en Espagne et en Italie. Sa pointe en plastique protège la balle dans le chargeur et initie l’expansion.
 ??  ?? Cette balle, séduisante du fait de sa forme pointue, de sa coiffe balistique, de son arrière fuyant ( est une balle de tir ou match, impropre à la chasse. boat tail),
Cette balle, séduisante du fait de sa forme pointue, de sa coiffe balistique, de son arrière fuyant ( est une balle de tir ou match, impropre à la chasse. boat tail),
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 ??  ?? Non, une balle n’est pas une ogive et oui, il existe plusieurs types d’ogives. Ici une tangente et une sécante.
Non, une balle n’est pas une ogive et oui, il existe plusieurs types d’ogives. Ici une tangente et une sécante.
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 ??  ?? L’Interlock d’Hornady évite la fragmentat­ion ou la désintégra­tion du noyau grâce à un artifice caché, un redan interne à la chemise.
L’Interlock d’Hornady évite la fragmentat­ion ou la désintégra­tion du noyau grâce à un artifice caché, un redan interne à la chemise.
 ??  ?? La Nosler Partition est une balle ancienne en perte de vitesse, mais toujours prisée des chasseurs éclectique­s.
La Nosler Partition est une balle ancienne en perte de vitesse, mais toujours prisée des chasseurs éclectique­s.
 ??  ?? La Tig Brenneke, devenue ID Classic chez RWS, n’a rien perdu de ses qualités malgré son âge. Elle reste une star de la firme allemande.
La Tig Brenneke, devenue ID Classic chez RWS, n’a rien perdu de ses qualités malgré son âge. Elle reste une star de la firme allemande.
 ??  ?? La Tip Strike est littéralem­ent plébiscité­e par ses utilisateu­rs, nous ne faisons pas exception.
La Tip Strike est littéralem­ent plébiscité­e par ses utilisateu­rs, nous ne faisons pas exception.
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 ??  ?? Voilà ce qu’il reste d’une balle Tig-ID Classic, après expansion, la perte de masse peut être importante.
Voilà ce qu’il reste d’une balle Tig-ID Classic, après expansion, la perte de masse peut être importante.
 ??  ?? RWS a fait évoluer l’Uni, la grande soeur de l’ID Classic, dans une version Uni Pro plus effilée.
RWS a fait évoluer l’Uni, la grande soeur de l’ID Classic, dans une version Uni Pro plus effilée.
 ??  ?? L’Oryx de Norma est sans doute la plus connue des balles à noyau soudé. Elle fut la deuxième du genre en Europe, mais celle que tout le monde garde en mémoire.
L’Oryx de Norma est sans doute la plus connue des balles à noyau soudé. Elle fut la deuxième du genre en Europe, mais celle que tout le monde garde en mémoire.
 ??  ?? Les Evo standard en 8 x 57 JS sont recommandé­es en battue, même face à de gros animaux.
Les Evo standard en 8 x 57 JS sont recommandé­es en battue, même face à de gros animaux.
 ??  ?? La Sako Hammerhead, première balle à noyau soudé du Vieux Continent, souffre d’un déficit d’image.
La Sako Hammerhead, première balle à noyau soudé du Vieux Continent, souffre d’un déficit d’image.
 ??  ?? L’Evo, qui fut la première balle à noyau soudé de RWS, expanse progressiv­ement selon le gibier et perd très peu de masse.
L’Evo, qui fut la première balle à noyau soudé de RWS, expanse progressiv­ement selon le gibier et perd très peu de masse.
 ??  ?? Avec la Power Max, proche de l’Oryx, Winchester s’est lancé dans les balles à noyau soudé.
Avec la Power Max, proche de l’Oryx, Winchester s’est lancé dans les balles à noyau soudé.
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 ??  ?? Précises, régulières, les Norma Eco Strike sont des sans plomb légères, mais tout à fait recommanda­bles en battue.
Précises, régulières, les Norma Eco Strike sont des sans plomb légères, mais tout à fait recommanda­bles en battue.
 ??  ?? Les Evo Green sont la version light et sans plomb des
Evo. Les BXR expansent de manière violente pour un résultat souvent spectacula­ire.
Les Evo Green sont la version light et sans plomb des Evo. Les BXR expansent de manière violente pour un résultat souvent spectacula­ire.
 ??  ?? La balle sans plomb GPA pétalise pour une meilleure efficacité lorsque le placement de la balle n’est pas optimal.
La balle sans plomb GPA pétalise pour une meilleure efficacité lorsque le placement de la balle n’est pas optimal.
 ??  ?? La Fip Battue, une balle sans plomb française aussi à l’aise à courte distance en battue qu’à plus longue distance à l’approche.
La Fip Battue, une balle sans plomb française aussi à l’aise à courte distance en battue qu’à plus longue distance à l’approche.

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