Point rouge
10 critères pour bien le choisir
Comment choisir un point rouge ? Une fois encore dans ce hors-série, c’est une question récurrente de vos courriers qui a motivé cet article. Plutôt que de vous orienter vers une marque ou un modèle précis, nous vous donnons 10 clés pour trouver le bon point rouge à coup sûr.
Le point rouge est l’optique de tir la plus vendue en France et la plus utilisée en battue de grand gibier, notamment de sanglier, désormais première pratique cynégétique du pays. Mais comment choisir son modèle parmi les dizaines proposés et les nombreuses configurations possibles ? Et une fois un modèle sélectionné, comment l’installer et le régler ? Avec ce mémento en 10 critères, vous allez pouvoir déterminer le bon point rouge, le vôtre, celui qui se rapproche le plus ou totalement de vos attentes : celui qui obtient la meilleure note sur 10. Pour affiner encore votre recherche, il n’est pas interdit d’associer à chaque critère un coefficient, proportionnel à l’importance que vous lui accordez. Attention, le point de rouge de vos rêves pointe déjà son nez.
Point rouge tubulaire ou fenêtre ?
Les deux types de points rouges cohabitent depuis longtemps maintenant, mais à l’origine, en 1975 avec le premier modèle du genre signé Aimpoint, il n’y avait que des modèles tubulaires. Les choses changèrent vraiment en 1990 avec l’arrivée du Docter Sight. Le premier collimateur fenêtre, ainsi baptisé parce que le point rouge était généré par une led projetée sur une vitre inclinée, offrant une vision un peu plus claire et dégagée qu’avec un tube et rendant l’acquisition de la cible plus aisée et rapide. Le succès fut immédiat. Le Docter Sight fut aussi le premier point rouge miniature avec un poids proche de zéro – 29 g. Les fabricants les plus réactifs s’engouffrèrent sans tarder dans cette nouvelle voie et lancèrent les premiers clones de ce précurseur, puis des dizaines de modèles suivirent. Le point rouge venait d’entrer dans la modernité et sa course à la miniaturisation. En 1996 un autre type de point rouge vit le jour : l’Holosight de Bushnell, qui recourait à une technique dérivée des viseurs tête haute des avions de chasse et reprise par la suite pour les compteurs de vitesse de certaines voitures, comme la Peugeot 508. Aimpoint se devait de réagir, ce qu’il fit quelques mois plus tard. Avec le H1, le fabricant suédois proposait un mini-point rouge tubulaire de 96 g,
aussi solide et résistant que ses « gros modèles » de l’époque (les 7000 et 9000), plus facile à installer et sans incidence sur le poids de l’arme. La configuration tubulaire et à fenêtre relèvent de « philosophies » quasiment opposées. La première est robuste, proche dans sa conception d’une lunette de tir, mais sans effet tunnel, sans parallaxe et sans grossissements. La seconde est plus légère, sans parallaxe également pour les meilleurs modèles, miniature donc, ce qui l’autorise à se placer au plus près de l’axe du canon, simplifiant la prise de visée ou l’épaulé. Mais du fait de ses faibles dimensions et de l’absence de véritable protection de la fenêtre, elle est plus exposée aux chocs, ainsi qu’aux intempéries. Les gouttes de pluie ou les flocons de neige qui atterrissent sur la fenêtre peuvent venir perturber votre visée ou, avec la réfraction de la led, dérégler provisoirement le point.
Quel diamètre ?
Les premiers points rouges étaient systématiquement dotés d’un point mesurant 2 Moa, soit 6 cm à 100 m. Cette valeur doit en réalité être ramenée aux distances auxquelles le point va être effectivement utilisé : à 50 m par exemple, elle est divisée par deux, soit 3 cm. Comme les tirs en battue – surtout dans les zones où l’on choisit un point rouge précisément parce que l’on tire près – se font à des distances comprises entre 15 et 35 m, le point mesure alors entre 1 et 2 cm, ce qui permet de le trouver aisément et de le positionner au mieux sur un animal lancé. De nombreux fabricants ont d’ailleurs commencé à proposer des points rouges plus gros, de 3 puis de 4 Moa, certaines versions, plutôt destinées au tir de compétition ou aux forces armées, pouvant aller jusqu’à 5. Quatre Moa, soit 12 cm à 100 m et 6 à 50 m, peut être un choix judicieux si vous tirez près et si votre vue n’est plus celle de vos vingt ans.
Quel type de réticule ?
Le premier modèle de l’américain Trijicon était un dérivé des versions militaires : de forme carénée, hybride (sans pile, il fonctionnait par un bain d’huile), offrant une image jaune et, en guise de réticule, une mini-pyramide – ce modèle ne gardait du point rouge que le nom. C’était un avant-goût de toutes les déclinaisons de réticules qui allaient apparaître ensuite, certains modèles, comme le Multidot, allant jusqu’à offrir un choix de huit réticules. Un point plus ou moins gros, trois points alignés, un Circle Dot, une croix, des formes et des couleurs changeant sans autre limite que l’imagination de leur concepteur. Après pas mal de propositions un peu fantaisistes, il semble que le point rouge et rond ressorte gagnant et demeure en toute logique la norme. C’est la forme la plus facile à visualiser et à positionner sans avoir à se poser trop de questions sur un animal lancé au galop qu’il faudra sexer, peser, viser et tirer souvent sur moins d’une dizaine de mètres.
Où installer le point rouge ?
Avec les gros points rouges tubulaires, comme le H34 ou H30, la question de l’emplacement ne se pose pas. Leurs formes et leurs dimensions proches de celles d’une lunette de battue les destinent à se positionner au même endroit que cette dernière : entre les deux ponts du boîtier de culasse pour une carabine à verrou, au-dessus des chambres pour un express et sur la carcasse pour une arme semi-auto. En revanche, pour les mini-points rouges,
qu’il s’agisse des modèles tubulaires ou à fenêtre, la question est légitime. Contrairement à la lunette de battue que l’on doit placer à une distance précise de l’oeil du tireur, définie selon des critères techniques par le fabricant de l’optique, un point rouge n’a pas de distance oculaire prédéfinie et peut se poser où le tireur le décide, en tout cas partout où la forme de l’arme l’autorise.
Le plus simple si vous possédez un modèle qui ne nécessite qu’une seule embase est
Quelle illumination ?
De nombreux modèles vous proposent une illumination automatique, là encore à la suite du Docter Sight qui fut un précurseur en la matière. Aussi pratique soitelle en théorie, cette configuration n’est pas forcément la panacée sur le terrain. Il est rare en effet que l’illumination choisie par le fabricant et reproduite automatiquement par le collimateur soit celle que vous auriez choisie dans la pratique, en fonction certes de la luminosité naturelle, prise en compte par le dispositif, mais aussi d’autres critères qui échappent aux capteurs : zones plus ou moins contrastées du biotope et surtout votre acuité visuelle. Voilà pourquoi de nombreux modèles à fenêtre associent désormais à l’illumination automatique trois ou quatre paliers d’intensité lumineuse différents que vous pouvez choisir manuellement. Ce type de réglage est à préférer. Les modèles tubulaires disposent souvent de molettes de réglage traditionnelles qui vous offrent, en une rotation, de 5 à 8, voire 11 paliers. de fixer le mini-point sur le pont avant du boîtier ou sur les pré-équipements optiques les plus éloignés de votre oeil. Avec certaines armes rayées, dotées de bande de battue, il est possible, et souhaitable, de l’éloigner encore un peu, un collimateur positionné à 25 ou 30 cm de votre oeil étant plus facile à utiliser qu’à une quinzaine de centimètres. C’est d’ailleurs la leçon retenue par Browning avec le kit Reflex qu’il vient de lancer. Il s’agit d’un ensemble composé d’une carabine (à choisir parmi trois modèles, deux Bar MK3 et une Maral) et du nouveau point rouge Kite qui s’installe au plus près du canon et à 45 cm de l’oeil du tireur. Les différents essais que nous avons pu mener avec l’un de ces packs Reflex sont très convaincants. La visée est plus simple, rapide, elle se passe de busc amovible, puisque le collimateur est placé très bas, les tirs sont enchaînés et précis.
Pour autant, n’existe-t-il aucune limite dans le rapprochement à opérer entre le point et la bouche du canon ? C’était le postulat dont était parti Patrick Arachequesne, un armurier d’Evreux, avec son Infaillible, un montage qui permettait de placer un Docter Sight au niveau du guidon d’une arme rayée. A cet endroit, le collimateur subissait les fortes vibrations du canon qui s’exercent sur cette zone et le retour des gaz brûlants. En outre, le point rouge ainsi positionné était plus exposé aux chocs et aux chutes, mieux valait ne pas laisser la carabine debout en appui contre un arbre ou tout autre support comme on en a l’habitude, au risque de dérégler la visée. Malgré tout, les premiers utilisateurs du montage en furent satisfaits et virent leurs résultats en battue s’améliorer. Un juste compromis aurait été de réduire l’éloignement du point, en le plaçant sur la hausse à mi-canon.
La pile et son positionnement
Un point rouge, c’est une led rouge alimentée par une source d’énergie. A part quelques rares modèles qui proposent un fonctionnement solaire ou hybride, la plupart fonctionnent avec une pile. Vous n’aurez aucun mal à vous en constituer un petit stock, puisqu’il s’agit de la CR 2032, une pile au lithium de 3 volts couramment disponible dans le commerce et assez bon marché. Il convient en revanche d’être attentif au logement aménagé pour cette pile. Celui des premiers mini-points rouges était logé sous le socle de l’appareil, là où il était le moins gênant et encombrant. Seulement, lorsque la pile rendait l’âme, il fallait retourner le collimateur. C’était simple lorsque l’appareil était encore dans sa boîte, plus problématique lorsqu’il était vissé sur son embase, laquelle était fixée à la carabine. Le changement de pile imposait une dépose complète du collimateur, ce qui n’était pas forcément simple selon l’endroit où on se trouvait, et surtout un nouveau réglage. Autant d’opérations impossibles à réaliser sur le terrain, en cours de chasse. Plus d’une sortie s’est trouvée considérablement écourtée pour cause de collimateur à court de jus. Cette configuration a désormais quasiment disparu des nouveaux modèles, remplacée par un logement à tiroir sur le côté ou à molette vissée, accessible par le haut.
Quel système de réglage ?
Les modèles tubulaires sont souvent pratiques à régler, reprenant peu ou prou le principe éprouvé des tourelles des lunettes de battue. Les collimateurs fenêtre font appel à un système voisin, mais pas forcément plus simple car miniaturisé. A l’arrière du collimateur et sur son côté droit, on trouve généralement un petit puits qui abrite une vis. C’est elle qui va permettre de déplacer légèrement la led, de haut en bas ou de gauche à droite. Il arrive souvent que cette vis soit verrouillée par une autre qu’il faut desserrer avant tout réglage et resserrer ensuite une fois l’opération terminée. Ce processus est long et un peu fastidieux, source d’erreurs également. Dans le cas où la vis de réglage n’est pas crantée, l’opération devient vraiment compliquée, même pour un armurier expérimenté. Pensez par conséquent à être vigilant sur ce point au moment de choisir votre modèle. Privilégiez le système le plus simple, et en tout cas muni d’une vis de réglage crantée ou disposant de repères qui permettront de placer facilement les impacts en cible.
A quelle distance régler un point rouge ?
Une carabine munie d’une lunette de tir se règle généralement à 100 m, soit pleine mouche, soit 4 cm au-dessus de cette dernière pour bénéficier d’un réglage DRO et de plus d’allonge. Qu’en est-il avec un point rouge ? Il n’est pas question de le régler à 100 m, ce ne serait pas très aisé. Certains préconisent un réglage à 50 m, en vertu du fait que c’est une distance proche de celle des tirs de battue. C’est vrai, mais là encore régler un point rouge à cette distance peut s’avérer compliqué. Vous ne voyez pas ce que je veux dire ? Placez une cible à 50 m réels et regardez-la ensuite au travers de votre point rouge en vous imaginant devoir le régler ! Vous avez vu ? Pas bien… La meilleure solution est par conséquent de régler votre point rouge à 30 m, pas un mètre de plus ou de moins. D’abord parce qu’à cette distance, quelle que soit votre acuité visuelle, vous pourrez parfaitement contrôler votre visée et régler votre point rouge. Mais surtout parce qu’avec une optique installée sur une carabine, la trajectoire d’une balle est parabolique. Avec un réglage à la DRO, la balle va passer 4 cm au-dessus de la ligne de visée à 100 m et couper à deux reprises cette dernière, à la DRO justement, soit entre 160 et 190 m le plus souvent, et à 30 m. Eh oui, en réglant votre point rouge à zéro à 30 m, vous obtenez un réglage vous permettant de chasser et de tirer à toutes les distances ou presque. Cela vaut d’ailleurs aussi pour une lunette de tir, même s’il est bon dans ce cas de tirer à 100 m, ne serait-ce que pour vous familiariser avec cette distance.
Quelle m marque et quel m modèle ?
Ce n’est pas à nous de répondre à cette question, mais à vous, en fonction de vos attentes, de votre expérience et de votre budget. Quelques questions préalables peuvent cependant vous aider à trouver la bonne réponse finale. Le modèle que vous avez repéré est-il connu, fiable, solide, protégé par une garantie suffisante et fabriqué par une firme dont le savoir-faire est attesté ? Va-t-il résister aux conditions climatiques des zones où vous chassez ? Est-il facile à installer, à régler ? La pile est-elle accessible ? La taille du point suffisante ? Quels modèles entrent dans votre budget ? Et avec quelques dizaines d’euros supplémentaires ?
Limiter votre sélection aux modèles que nous vous avons présentés ces dernières années peut être une bonne idée, puisqu’ils sont passés à travers une première sélection, dont sont exclus les optiques que nous jugeons de trop piètre qualité. Reprenez donc notre recensement des douze points rouges arrivés sur le marché en 2018 ( Armes de Chasse n° 72, 1er trimestre 2019). Avec ce dossier dans une main, la présente check-list dans l’autre, vous êtes équipé pour faire une sélection redoutable et surtout sur mesure pour votre pratique !
Quel montage pour quel prix ?
La plupart des points rouges du marché peuvent être installé avec un montage Weaver. Les différences se situent en fait au niveau de l’embase, qui est intégrée sur certains modèles quand d’autres nécessitent de l’ajouter. Dans ce dernier cas, celle-ci peut être fournie avec le collimateur ou bien rester à acquérir, ce qui représente un supplément de 100 à 350 € pour peu que vous optiez pour un autre montage. De quoi faire passer un collimateur bon marché dans la catégorie des prohibitifs. Votre armurier pourra vous renseigner sur les modèles proposés avec des montages ou ceux qu’il est possible d’installer à moindre coût. Dès à présent, souvenez-vous que dans le cas où le montage n’est pas fourni avec l’optique, mieux vaut opter pour un système Picatinny-Weaver, un montage amovible pivotant, par exemple, pouvant vite imposer des dépenses excédentaires. Là encore, nous vous invitons à consulter le dossier que nous avons réalisé en début d’année, il répertorie, détaille et compare l’ensemble des modèles actuels, vous apportant toutes les réponses dont vous avez besoin, sur ce critère et tous les autres.