Sako 85 Finnlight II
Test grandeur nature en Pologne au brame et à l’approche
Test grandeur nature en Pologne au brame et à l’approche
Elle vient du nord, elle est légère et plus moderne que sa devancière : la Finnlight II de Sako a le redoutable privilège de remplacer une star, la première Finnlight du nom, pionnière des armes synthétiques, inox et techniques, allégée et endurante. Nous sommes allés la tester en Pologne, fin septembre, au brame du cerf et à l’approche du chevreuil et du sanglier.
Lundi 23 septembre. Nous arrivons dans la région de Drawno, en Poméranie occidentale, au palais de Borowiec précisément. Ce sera notre camp de base pour trois jours de chasse au cerf, au sanglier et au brocard. Les carabines qui nous accompagneront, trois Sako Finnlight, nous sont présentées.
La Finnlight fête cette année ses 16 ans. Seize ans déjà que Sako a fait naître cette carabine inox et synthétique et en même temps haut de gamme, allégée au maximum et néanmoins dotée des qualités légendaires des armes de Riihimäki, précises,
fiables et endurantes. endurantes Le suc- suc cès de la Finnlight allait prouver que la promesse du fabricant était tenue : malgré le poids light, les vertus Sako n’avaient pas été galvaudées.
Nouvelle dans toutes ses lignes
La Finnlight que nous sommes venus tester est d’une nouvelle génération, en rupture avec le modèle initial né en 2003, sous le label 75, et le modèle 85 arrivé en 2006. La Finnlight II, un modèle 85 également, ne partage avec ses aînées que le nom, le canon inox et la crosse synthétique. Tous ses éléments, ces deux derniers com
pris, ont considérablement évolué. En découvrant cette métamorphose radicale, on se que dit que Sako fait un pari risqué en revisitant de la sorte un de ses best-sellers, qui plus est pour un prix plus élevé, avec un supplément de 730 € par rapport au
modèle précédent, la Finnlight I. La silhouette est transformée, la robe autrefois grise est désormais toute noire et un busc ajustable a été ajouté à la crosse. Effet de mode peut-être, la finition se fait contemporaine, avec un Cerakote gris anthracite sur les parties métalliques en acier inox – canon et boîtier de culasse. Cette finition est une protection tout aussi efficace contre les rayures et la corrosion que ne l’étaient les précédents traitements, mais elle est plus discrète au regard, d’autant que sa surface a été microbillée, et elle rend l’arme plus fluide à manipuler, avec des pièces qui glissent davantage. Le canon est flûté et fileté, ce qui est indispensable pour le montage d’un silencieux ou d’un frein de bouche.
Du moelleux et des nervures
Mais c’est au niveau de la crosse que se trouvent les changements immédiatement repérables. Les larges inserts gris clair surmoulés sur la poignée et le devant ont disparu pour laisser place à une généreuse surface recouverte d’un élastomère noir brillant, nervuré et moelleux au toucher, comme du gel silicone. Cela peut faire craindre un matériau glissant, c’est tout le contraire ; même sous la pluie, comme je le vérifierai, la prise en main est bonne et les zones de préhension accrochent bien. Outre ces inserts, c’est tout le matériau de la crosse qui est nouveau. D’une apparence faussement classique, il consiste en un mélange ultra-technique de fibres de verre et de carbone utilisé dans l’industrie automobile et aéronautique – léger, résistant et insensible aux variations de température.
Cette crosse reçoit en outre un nouvel élément, un busc amovible entièrement intégré, dont la présence est attestée par une découpe trapézoïdale et, inséré côté droit, un carré de plastique : le bouton poussoir permettant de déverrouiller le busc. Sa manipulation est pratique et il affleure la crosse, qui ne possède pas de joue. Un gaucher pourra vous emprunter votre arme, ce qui n’est pas possible avec la large mollette crantée qui maintient beaucoup de buscs amovibles. Et si vous êtes vous-même gaucher, vous choisirez sans doute le modèle « intégral gaucher » proposé pour 240 € de plus, avec les mêmes calibres que le modèle droitier, à l’exception du .270 WSM.
Le busc s’ajuste manuellement, sans ressort de rappel ou repère mémorisé, et offre six crans, pour 5 mm de surélévation chacun. Quels que soient votre taille, la longueur de votre cou
et la hauteur de votre lunette, vous trouverez la bonne position de visée et de tir. Le busc est maintenu en place au moyen d’une tige centrale crantée et gardé en ligne par deux petits guides disposés à chaque extrémité. C’est basique, mais efficace et surtout suffisamment simple pour ne pas tomber en panne au milieu de nulle part. Attention toutefois, si vous pressez le bouton tout en tirant le busc, ce dernier finit par se déloger.
Une plaque de couche de 25 mm noire et absorbante vient terminer la crosse.
Un coeur de système inchangé
Après ce train de métamorphoses extérieures, les choses se calment quand on pénètre au coeur du système de l’arme. Le boîtier de culasse et la culasse mobile sont ceux du modèle 85 apparu en 2006. L’arme se verrouille par trois tenons en tête taillés dans la masse de la culasse. L’extraction est assurée par une griffe logée dans le tenon droit. L’éjection est à lame : comme sur la Mauser 98, une lame d’éjecteur fixe logée dans le fond du pont arrière s’engage dans un usinage de la tête de culasse, qui va pousser l’étui vers la sortie, la fenêtre d’éjection. Cette culasse autorise une alimentation contrôlée grâce à la découpe des bords inférieurs de la cuvette. De ce fait, lorsqu’elle quitte le chargeur, la cartouche glisse contre la tête de culasse pour être aussitôt saisie par la griffe d’extracteur. Dès lors, la cartouche ne sera plus lâchée jusqu’à l’éjection.
Le canon mesure 51, 57 ou 62 cm selon les calibres. C’est court mais sans excès, puisque les longueurs sont adaptées aux cartouches – les magnum bénéficient de 62 cm, ce qui est parfait.
Huit calibres sont proposés, cinq standards et trois magnum, avec quatre longueurs de boîtier : S pour les .243 et .308 Winchester et le 6,5 Creedmoor, M pour le .270 Winchester, le .30-06 et le 6,5 Creedmoor encore, L pour le .300 Winchester Magnum et le 7 Remington Magnum et SM pour le .270 WSM.
Pour ce séjour polonais, j’ai opté pour le 6,5 Creedmoor et je dispose de cartouches Sako Deerhead, des balles à noyau soudé de 10,1 g. Une Steiner Ranger 2,5-10 x 56 a été installée avec les colliers Sako Optilock fournis, ainsi qu’un silencieux ASE Utra. Ainsi équipée, la carabine pèse 4,7 kg, ce qui reste honorable.
Une arme bien née et bien conçue
La découverte de l’arme se déroule avec cette sérénité qui caractérise les armes bien nées et bien conçues. La carabine est armée, un indicateur à l’arrière de la noix – sous la forme d’une languette dont une partie est peinte en rouge – déborde, preuve que le percuteur est bandé. Lorsque l’arme est désarmée, le percuteur avancé, la languette est invisible.
J’efface la sûreté caractéristique des modèles 85, avec son curseur à deux positions logé derrière la racine du levier d’armement. La culasse est soit libre – l’arme est prête à tirer –, soit en sûreté – la détente et la culasse sont bloquées. Une astucieuse petite pédale, logée entre cette sûreté à deux positions et le levier d’armement, permet de libérer la culasse sans ôter la sûreté. C’est pratique et instinctif, bien pensé.
La précision a été vérifiée avant le départ. Pas de surprises, en bonne Sako, cette carabine tire droit et groupe bien les divers projectiles qu’on lui présente. La légèreté ne remet pas en cause une des qualités premières des Sako : la précision. La régularité de la visée et du tir que procure un canon bien réalisé a toutefois tôt fait d’être mise à mal par une crosse mal dessinée ou un bloc détente trop lourd. Mais ici, la détente est remarquable, par son poids, son absence de course mais aussi sa forme. Directe, sans stecher, elle possède une netteté étonnante et est réellement sans course. Elle est réglable de 1 à 2 kg comme toutes les Sako 85. Et elle est striée, c’est pratique lorsqu’il pleut, et surtout ses bords ont été biseautés. Le positionnement de l’index est confortable, naturel et efficace.
La culasse est fluide, une autre règle chez Sako, encore améliorée par la finition Cerakote. L’éjection, par lame fixe comme sur la Mauser 98, est puissante et sera d’autant plus rapide que vous manipulerez votre culasse avec célérité ; le débattement réduit sur ce boîtier S y contribue aussi. L’alimentation contrôlée n’est pas prise en défaut et le chargement se fait sans accrocher.
La mise en place et la dépose du chargeur, pour peu que l’on pense à le déverrouiller en appuyant dessus,
ne posent aucun problème. Grâce à la large fenêtre d’éjection, les cartouches peuvent être chargées par le haut, sans dépose du chargeur. Le dessous du devant possède une forme plate, très pratique pour les essais au stand et qui s’avèrera également bien utile lors de nos affûts au mirador. Elle permet de prendre facilement appui sur la barre de section carrée du promontoire, la carabine ne tangue pas, la visée est à la fois plus sûre et facile. Pour autant, cette forme ne gêne pas les tirs à bras francs ou ceux effectués sur une canne de pirsch. Le levier d’armement est court, mais il se manoeuvre facilement et rapidement. Et comme nous le disions, l’ensemble de la manipulation de la carabine se trouve facilité par la finition Cerakote.
Précise, robuste et très bien équilibrée
Le premier soir, il ne me sera pas donné de tirer alors que j’aurai vu trois cerfs, huit biches et surtout un énorme sanglier, un keiler de quelque deux cents kilos. Mais la consigne était de ne pas tirer de gros sangliers. Pour autant, lorsque l’animal est sorti de la roselière qu’il traversait bruyamment à 20 m devant nous, le réticule lumineux est venu immédiatement se placer au niveau de son oreille. La carabine s’est montrée vive et surtout la visée est restée figée longtemps, sans procurer de fatigue grâce au poids contenu de l’ensemble. Soixante heures plus tard, un brocard a fait les frais de la petite Sako. Atteint au cou, il s’est effondré sur place. La veille, c’est un cerf, approché à 70 m et tiré de trois quarts face qui avait succombé à la Deerhead, après une fuite d’une soixantaine de mètres. Comme avec le brocard, le point visé, cette fois le défaut de l’épaule, fut le point atteint.
Au fil de ces trois jours d’essais et de déambulations arme sur l’épaule, la Sako Finnlight II s’est révélée précise mais surtout très bien équilibrée. Elle n’est plus la plus légère des carabines Sako – la Carbonlight est passée par là – mais elle l’est encore assez pour être classée dans la catégorie light. Surtout, ses inserts de préhension en élastomère offrent un surcroît de confort et d’efficacité. Cette carabine renouvelle les qualités de la Finnlight I tout en apportant des améliorations techniques notables. Elle est séduisante et possède toutes les qualités d’une arme réellement tout terrain. Toutes ces vertus, ainsi que le filetage et l’emploi de carbone et de céramique, ont un coût. A 3 517 €, la Finnlight II est notablement plus chère que sa devancière et coûte 800 € de plus que la Sako Synthetic Black. De quoi freiner les ardeurs à l’achat de certains candidats. Pour ma part, au terme de l’essai de cette seconde version, j’avoue que la Finnlight garde mon suffrage. Et quand on aime…