Fin du plomb : l’exemple tchèque
Merci pour votre revue, dont la lecture de la première à la dernière page est toujours un plaisir pour moi. Vous exprimez un certain fatalisme devant la « nécessité » d’en finir avec le plomb dans les cartouches. Si le choix de ne pas répandre les bourres en plastique dans la nature est tout à fait justifié, c’est moins évident pour le plomb. Pour preuve : certain pays sont revenus au plomb dans les zones humides après l’avoir banni. C’est le cas de la République tchèque, où 250 000 canards sont tirés tous les ans sur les vastes étangs de Bohème du Sud. Voici les motifs qui ont présidé à cette décision :
Dans des études rétrospectives, aucun cas d’empoisonnement au plomb n’a été constaté que ce soit chez l’homme, la sauvagine ou les poissons.
La grenaille de fer fichée dans la chair des canards est en revanche préjudiciable à la qualité alimentaire. Après une courte période de faisandage ou un stockage prolongé dans le congélateur, le fer oxydé provoque des taches de rouille dans la chair, la rendant impropre à la consommation. Sont évoqués également les dégâts dentaires causés par la dureté de cette grenaille.
Enfin et surtout, un grand nombre d’oiseaux blessés par la grenaille de substitution, et finalement morts sans être retrouvés, a été constaté. Le phénomène important chez le canard devient désastreux chez l’oie qui continue de voler avec « du fer dans l’aile ».
Devant ces constats, le gouvernement tchèque a eu la sagesse de revenir sur l’interdiction de la grenaille de plomb.
VPeter Görner, Nancy
otre exemple concerne un pays où les débats ont certainement été menés de manière pragmatique et sans pression de toutes sortes et mauvaise foi écologique. Le même constat ne peut pas être fait en France qui connaît, outre les offensives menées contre le plomb à l’intérieur de ses frontières, une attaque au niveau européen sur quatre fronts, comme nous le rapportons dans l’article auquel vous faites référence (Armes de Chasse n° 78, p. 12, « La fin des années de plomb ? ») . Plusieurs grosses industries (hydrocarbures, peinture) ont déjà renoncé, et depuis longtemps, à l’emploi de plomb. La chasse, marché de niche face à ces mastodontes, ne saurait soutenir la comparaison. Mais la fin du plomb comme munition de chasse semble pourtant acquise en France et en Europe à l’horizon 2030, voire avant, et cela en dépit de tous les arguments, preuves irréfutables à l’appui, que nous pouvons y opposer. La question du plomb est devenue politique et, sur ce terrain, la logique a peu de place.