Une victime de la « fracture sociale » !
Dès sa sortie, le Robust-Idéal est une arme de chasse aboutie, tant sur le plan pratique que balistique. Sa vocation est d’équiper une classe moyenne de chasseurs qui ne veut pas (ou ne peut pas) investir dans un fusil du prix de l’Idéal mais souhaite cependant une arme supérieure au « basique » Robust. La Seconde Guerre mondiale porte un coup d’arrêt à la carrière de l’arme et surtout à toute l’économie française, suivi bientôt d’une dévaluation catastrophique. Selon un phénomène de balancier bien connu, les classes moyennes s’effondrent et leur pouvoir d’achat suit. À la reprise des activités après- guerre, les chasseurs disposant encore de quelques moyens pour s’offrir une arme neuve optent pour le classique Robust, ou son équivalent dans d’autres manufactures – comme le MAT 47 (cf. Armes de Chasse n° 15, 4e trimestre 2004). L’Idéal reste l’arme de chasse d’une classe privilégiée, alors que le Robust- Idéal peine à t rouver sa place dans ce contexte en dépit de toutes ses qualités. On aurait pu s’attendre à le voir repartir dans la décennie suivante, mais le marché est désormais saturé par beaucoup d’armes étrangères, pas toujours de qualité mais tape-à-l’oeil et d’un prix abordable. Le Robust-Idéal est victime de la conjugaison de tous ces facteurs et connaît au final un échec commercial, qui entraîne l’arrêt de sa fabrication en 1961. Et aujourd’hui ? Pour le chasseur, i l reste un excellent fusil qui ne lui apportera que des satisfactions. Et pour le collectionneur, il représente une pièce de valeur en raison d’une production relativement limitée, surtout dans les modèles de haut de gamme à éjecteurs automatiques aux bascules joliment ciselées. Les modèles Costo- Super ( cf. « La parenthèse “Manumodèle” », p. 26), encore plus rares, surtout là aussi dans les modèles luxe à éjecteurs automatiques, présentent un intérêt tout particulier pour le collectionneur averti qui saura ne pas se laisser influencer par le mépris qui a pu leur être réservé.