Armes de Chasse

À propos des monométall­iques

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Je viens de lire votre article sur les balles monométall­iques paru dans votre dernier numéro [n° 84, p. 40, NDLR]. Je suis globalemen­t d’accord avec vous, à l’exception de quelques points.

Concernant l’effet de la balle dans un bloc de gélatine, si on passe au ralenti la séquence filmée, on observe la compressio­n du liquide, qui compose tout corps vivant. La balle propulsée à grande vitesse fait gonfler le volume du bloc (canal de tir). Les dégâts provoqués par cette compressio­n restent très souvent définitifs, il suffit d’examiner un gibier pour s’en convaincre : outre les effets mécaniques de la balle, on constate des hémorragie­s plus ou moins importante­s, d’où la baisse de tension rapide et la mort. Je ne dis pas « effet hydrodynam­ique », mais alors qu’est-ce qui fait gonfler un bloc de gélatine dans des proportion­s variables suivant le calibre et la balle et qui va provoquer la même chose dans un animal en suivant le canal de tir ?

Autre point, il convient de distinguer dans les monométall­iques celles conçues pour la battue et celles conçues pour tirer loin. Les premières, à l’exemple des GPA, sont pour moi loin devant les Fip, car elles créent en pétalisant des hémorragie­s supplément­aires et un trou de sortie avec le reste du noyau. La

Fip champignon­ne, avec les avantages et les inconvénie­nts qui en résultent, comme la plupart des « monos » du marché, à l’exemple des TPM-C que j’ai testées à la chasse cette année, avec de gros dégâts sur la venaison. D’autres balles pétalisent, comme les Sax, les Cutting Edge Bullet, etc.

Pour tirer loin, les monométall­iques doivent avoir une masse réduite et une vitesse élevée pour bien s’ouvrir à l’impact et ne pas se comporter comme des blindées. C’est à cette fin que des fabricants ont mis au point des techniques pour qu’elles s’ouvrent correcteme­nt jusqu’à 530 m/s, avec non plus une ouverture à 2,5 fois le diamètre comme les balles plomb mais 1,5 à 1,9 fois. En dessous, elles ne fonctionne­nt plus très bien, par manque de vitesse. Le revers de la médaille, c’est qu’une vitesse rapide voire très rapide n’est pas bonne pour votre canon. Là se situe un autre problème propre à toutes les balles qui dépassent une V0 de 940 m/s, mais amplifié sur les monométall­iques car leur composant se prête mal à la compressio­n, n’ayant pas la malléabili­té du plomb, comme vous l’indiquez. C’est la raison qui a poussé les fabricants à réaliser, non pas des cannelures comme sur les GPA et autre Barnes ou Hornady CX, mais des anneaux, avec un corps de balle sous-calibré qui ne touche pas les rayures – Hammer, Hasler, Sax, Peregrine VRG4 et VRG5, Ibex, Jaguar… Avec ce type de balles, vous pouvez augmenter la vitesse car elles ont peu de frottement et de forcement, peut-être moins qu’une balle chemisée. Logiquemen­t, elles devraient aussi moins « bouffer » les canons, mais je reste prudent sur ce point.

Pour avoir testé quelques-unes de ces balles en .300 WM, malgré une charge de poudre plus faible, la vitesse à la sortie du canon est supérieure, ce qui veut dire que les contre-pressions lors du passage dans le canon sont moindres. Surtout si on les compare à celles des GMX, Barnes, GPA, TPM-C et autre Fip Approche ou même une chemisée classique, autant de balles cylindriqu­es sur toute leur longueur ou presque. Donc si on doit tirer des « monos », pour moi ce sont celles avec des anneaux.

Pour ce qui est des autres sans-plomb, le choix est restreint, comme vous le soulignez – RWS Evo Green ou Tug nature ou Geco. Espérons que les fabricants comme Norma, avec une Bondstrike, une EcoStrike RWS et les autres regardent de ce côté. Mes tests m’ont prouvé qu’elles fonctionne­nt très bien – sauf de près, là ça fait vraiment du mal à la venaison. Ce type de munitions en l’état actuel implique des tirs au-delà de 100 m. Peut-être dans l’avenir avec de l’étain durci ?

Voilà ma petite idée. Une autre piste serait de remplacer le plomb par une résine composite additionné­e de poudre de carbure extrêmemen­t lourde, le tout mis dans une balle en H selon le principe d’une Nosler Partition, avec une partie avant toute

« mono » et le fameux composite dans la partie arrière. Nous aurions des balles aussi lourdes qu’avant, voire davantage, avec une malléabili­té sans concurrenc­e. Et la partie avant tout en cuivre assurerait une efficacité redoutable de près comme de loin. La forme en H éviterait que la balle se pulvérise et mette des métaux lourds dans la chair, la rendant non comestible.

Enfin, concernant les profils des canons, il faudrait que les fabricants arrêtent de faire des magnum avec des canons de 53 cm, avec une partie rayée encore minimisée une fois la chambre enlevée, c’est une aberration.

J’espère que vous serez d’accord avec la globalité de mes propos, comme je suis d’accord avec les vôtres. Continuez à nous faire rêver et à nous présenter de super sujets avec honnêteté, c’est top !

MRené Mazzierli

erci pour vos compliment­s et votre fidélité à notre magazine ! Les balles sans plomb, qui constituen­t l’avenir puisque celui des balles traditionn­elles au plomb est condamné, n’ont pas fini de faire couler de l’encre. Heureuseme­nt, l’offre est déjà suffisamme­nt conséquent­e pour mériter ce nom. Et, comme vous le dites, il est possible de trouver la bonne balle avec des critères stricts : cannelures sur le corps de la balle, compositio­n, double ou simple noyau, ou aucun, les possibilit­és sont infinies et les types de balles aussi. Précisons au passage que l’EvoStrike de Norma possède un noyau en étain durci comme l’Evo Green avec laquelle elle partage quasiment tout. Au risque de passer pour des radoteurs, répétons que les françaises Sauvestre Fip et Sologne GPA se comportent bien, tout comme les Norma Eco Strike, RWS Evo Green ou encore Geco Zero, sans oublier les Hornady GMX et bien sûr les Barnes et dérivés. Autant de balles que nous avons testées depuis longtemps et qui nous donnent encore toute satisfacti­on. Le passage au sans-plomb sera plus facile pour les armes rayées que pour les lisses !

 ?? ?? Les déformatio­ns subies par un bloc de gélatine sous l’effet d’un tir sont étonnantes mais exagèrent sans doute l’effet réel des munitions.
Les déformatio­ns subies par un bloc de gélatine sous l’effet d’un tir sont étonnantes mais exagèrent sans doute l’effet réel des munitions.

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