Il faut sauver le Rapid
Je suis abonné à votre revue depuis longtemps et je souhaite vous soumettre une réflexion à propos d’un fusil qui a été mon premier « outil » et pour lequel j’ai toujours beaucoup de souvenirs et une certaine bienveillance. Vous jugerez de l’intérêt des lignes qui vont suivre…
Il faut sauver le Rapid de Manufrance. Dans la création de l’industrie armurière, il y a des bons et des mauvais numéros et donc le fusil Rapid, qui a une conception intéressante et beaucoup de qualités, a eu une vie particulièrement agitée. En effet, c’est un fusil qui bat tous les records de maltraitance de la part de notre administration, qui nous a poussé à plusieurs interventions :
- réduction de la capacité du magasin (coût : environ 300 euros) ;
- obligation de rayer le canon pour une utilisation à la chasse (coût : à nouveau 300 euros).
Rappelons que ce fusil n’est ni plus ni moins dangereux que ses cousins juxtaposés, superposés ou semiautomatiques, quand on veut bien les comparer avec objectivité. Financièrement, pour les propriétaires de Rapid, le coût financier n’est pas neutre d’autant qu’il n’y a pas de recours. On peut s’interroger aussi sur la pertinence des changements législatifs et réglementaires et sur les réponses mécaniques apportées. Dernière question : à quand la prochaine modification ? Vous l’avez compris, il s’agit d’une situation ubuesque. Que faire pour en sortir ? Jean-Luc Sarrazin
Les fusils à pompe souffrent depuis longtemps d’un délit de faciès; le Rapid n’échappe pas à cette règle, en dépit de ses qualités et de sa haute valeur patrimoniale en tant qu’arme de Manufrance. Leur forte capacité de cartouches, la possibilité de les raccourcir en sciant crosse et canon, leur réarmement facile et rapide et, aussi, avouonsle, l’usage qui en a été fait par certains truands – usageamplifié par les films de série noire–, tout conforte le législateur dans le fait qu’il s’agit là d’une arme de délinquant contre laquelle il faut lutter. Une modification de la réglementation les avait bannis du monde cynégétique. Certains avaient alors été tentés de les modifier et avaient fait changé le système de réarmement et limité la contenance du tube magasin. Mais ce ne fut pas suffisant. De manière inespérée, lors d’un énième changement de réglementation, à la surprise des défenseurs des armes, un «vide juridique» permettait de leur redonner un peu d’angélisme en faisant rayer leur canon afin de les passer en catégorie C et de leur éviter ainsi d’être définitivement rejetés. Une solution à laquelle beaucoup d’entre vous ont eu recours, alors qu’elle nous paraissait coûteuse et risquée, car le fusil à pompe était miraculeusement passé entre les gouttes de la loi et, comme chacun sait, les miracles ont la fâcheuse propension à ne pas se reproduire… Effectivement, rayés ou pas, les fusils à pompe furent ensuite à nouveau rejetés.
Nous en sommes là aujourd’hui et il est peu probable, au moment où les services de l’État, via l’intermédiaire du Scae, mettent en place le Sia, qu’une marche arrière soit du domaine du possible.
Il semble bel et bien acté que les fusils à pompe fassent désormais partis d’une caste d’armes encore plus mal vues que les autres, des armes qui n’ont plus vocation à être utilisées, ailleurs que dans un stand de tir…