AVIGNON Djamel Tatah
Collection Lambert / 3 décembre 2017- 20 mai 2018 Avec la complicité d’Éric Mézil, directeur de la Collection Lambert, Djamel Tatah a imaginé une exposition à la fois personnelle et collective, dans laquelle ses oeuvres (dont la majorité a été réalisée entre 2016 et 2017) conversent en quelque sorte avec une sélection d’oeuvres issues de la collection Lambert, de celle des Beaux-Arts de Paris, ainsi qu’avec d’autres collections privées. Ces oeuvres attestent d’une appartenance à une famille esthétique qui traverse le temps et la géographie. Les visiteurs découvrent ainsi une superbe huile sur panneau de bois de Corneille de Lyon, des peintures de Robert Ryman, de Robert Mangold ou de Richard Serra, des dessins d’Eugène Delacroix, d’Henri Matisse, des oeuvres anonymes, telles qu’une Ariane endormie (un bronze daté du 19e siècle) ou encore une couverture kabyle en laine tissée. Au fil des différentes salles, des dialogues s’instaurent entre les figures (les attitudes, les regards, les vêtements), mais aussi dans des relations lumineuses et colorées entre les oeuvres. L’absurde comparaison entre l’art abstrait et l’art figuratif est totalement évacuée au profit d’une réflexion généreuse sur la peinture et ses enjeux. La réflexion est étendue à la sculpture, car les peintures de Djamel Tatah sont présentées selon un accrochage assez près du sol, impliquant un corps-àcorps auquel s’ajoutent la dimension sculpturale de figures définies par un trait, le traitement de la couleur et des vêtements. De la peinture classique à l’art minimal en passant par des formes plus artisanales, l’artiste dévoile ses sources d’inspiration, mais aussi son regard sur une histoire de l’art envisagée sans borne temporelle ou culturelle. À la fin de l’exposition, trois diaporamas montrent des oeuvres qui se font écho: les siennes et celles empruntées à l’histoire de l’art, celle-ci apparaissant comme une matière qu’il n’a cessé d’observer et de travailler. La conversation se poursuit d’une autre manière au sein d’une seconde exposition présentée simultanément. Djamel Tatah a invité trois de ses collègues de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris à présenter les oeuvres d’anciens étudiants : Joël Degbo, Mathilde Denize et Woojung Hoh. Trois artistes pratiquant la peinture, qui, comme leur professeur, développent une réflexion sur l’image, le temps et la modernité. Les notions d’héritage, de traduction et de transmission sont ainsi placées au coeur des deux expositions qui dévoilent la densité et la subtilité d’un oeuvre dont l’exercice de recherche est inépuisable.
Julie Crenn ——— With the collaboration of Éric Mézil, director of the Collection Lambert, Djamel Tatah has conceived an exhibition that is at once personal and collective, in which his works (most of them made in 2016 and 2017) converse with a selection from the Collection Lambert, and from the collection at the Beauxarts in Paris, as well as with others from various private holdings. These works visibly belong to an aesthetic family that transcends time and geography. Visitors will thus come across a superb oil on panel by Corneille de Lyon, paintings by Robert Ryman, Robert Mangold and Richard Serra, drawings by Eugène Delacroix and Henri Matisse, as well as works by unidentified artists such as a sleeping Ariadne in bronze (nineteenth century) and a Kabyle woolen blanket. Walking through the rooms, one observes dialogues between the figures (postures, gazes, clothes) but also between the lighting and color of the different pieces. The eternal and absurd opposition of abstract and figurative art totally disappears in favor of a generous reflection on painting and its issues, and this reflection also extends to sculpture, for Tatah’s paintings are hung close to the floor, implying a corporeal relation, complemented by the sculptural dimension of the artist’s figures with their outlining and blocks of color and his handling of the clothes. From classical painting to Minimal Art, via more artisanal forms, the artist reveals the sources of his inspiration, but also his vision of art, transcending temporal and cultural divisions. At the end of the exhibition, three slide shows present mutually echoing corpuses: his own work and selections from art history, the latter emerging as the material thatTatah is endlessly pondering and reworking to make his art. The conversation continues in a different mode in a second exhibition organized in parallel, in which Tatah has invited three colleagues from the École Nationale Supérieure des Beaux-arts in Paris to show works by former students: Joël Degbo, Mathilde Denize and Woojung Hoh. Three of these artists are painters, like their teacher, and explore questions of imagery, time and modernity.The notions of heritage, translation and transmission are thus placed at the heart of these two exhibitions which reveal the density and subtlety of a body of work impelled by an inexhaustible appetite for discovery.
Translation, C. Penwarden