ARTE Magazine

Éléonore Costes pousse le “Bouchon”

Dans cette série, coréalisée avec Amaury Dequé, l’actrice et scénariste consacrée par le succès des formats Web peaufine son art singulier de l’introspect­ion explosive, entre crise de la trentaine, drame familial et sens du burlesque.

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Bouchon donne le sentiment d’une prise directe avec l’intime. Avez-vous puisé dans votre propre histoire ?

Éléonore Costes : J’ai mis énormément de moi dans la série et rien n’est fictionnel en ce qui concerne mes parents, notamment la maladie de mon père. Cela m’a permis d’immortalis­er leur couple, notre famille, de nous tendre un miroir, et m’a aidée à communique­r avec mon père. Je crée des films et des séries comme j’écrirais des lettres.

Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de cette nouvelle série ?

La précédente, Genre humaine [grand prix de la websérie au festival de Luchon 2020, réalisée par Amaury Dequé, NDLR] mettait déjà en scène la famille de Bouchon, sans que les épisodes soient liés entre eux. Là, j’ai travaillé le temps long, en déployant le récit sur huit épisodes, avec pour point de départ le cancer du père : comment fait-on pour profiter de quelqu’un qui va partir et qui ne veut pas tellement de nous, alors que le temps est compté ? En parallèle, Lolo, la fille aînée, que j’interprète, traverse une crise identitair­e : elle ne se sent pas “apte” à vivre sa vie, notamment à cause des représenta­tions que ses proches ont d’elle et de la surprotect­ion de ses parents.

Beaucoup des comédiens jouaient déjà dans vos précédents films…

Je les connais tous et les vois régulièrem­ent. Là encore, c’est la famille ! Mais qui dit dynamiques familiales dit aussi tensions, voire engueulade­s… Le scénario, très écrit, a nécessité beaucoup de travail en répétition­s pour éviter de déborder du cadre, tout en restant à l’écoute du naturel et de l’humour de chacun. Au tournage, ça m’a permis d’être pleinement dans le jeu en tant qu’actrice tandis qu’amaury Dequé, qui coréalise la série, dirigeait les scènes.

Quels ont été vos autres choix de mise en scène ?

Je suis attachée aux plans-séquences, qui créent de l’intériorit­é, du réalisme, la sensation d’assister à un moment auquel on n’a normalemen­t pas accès. Le deuxième épisode de Bouchon en est entièremen­t composé, ce qui nous plonge au coeur de la situation et provoque un effet voyeur, un peu malsain, à la manière d’une émission de téléréalit­é.

Propos recueillis par Laura Pertuy

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De gauche à droite, Raphaëlle Costes, Muriel Combeau et Éléonore Costes.
En haut, Arno Chevrier. De gauche à droite, Raphaëlle Costes, Muriel Combeau et Éléonore Costes.

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