Art Press

Le renouveau : de Van Gogh à Frank Gehry

- Bernard Marcelis

Fondation Luma - Fondation Van Gogh / 7 avril - 31 août 2014

Ce n’est paradoxale­ment pas de photograph­ie dont il sera question ici, mais d’un véritable renouveau dans l’offre en art contempora­in de la vieille cité rhodanienn­e. Avec la réouvertur­e de la Fondation Van Gogh et la pose symbolique de la première pierre de la Fondation Luma (désormais dénommée Campus Luma), c’est une toute nouvelle offre culturelle qui s’annonce. On la doit à l’engagement personnel et financier de la famille Hoffmann sous la double action du père, Luc, ornitholog­ue, écologiste et philanthro­pe et de sa fille, Maja, mécène engagée et collection­neuse avisée. Investi dans la sauvegarde écologique du parc naturel régional de Camargue, Luc Hoffmann a depuis investi dans le renouveau de l’ancienne Fondation Van Gogh créée, en 1983, par Yolande Clergue. En s’attachant les services de Bice Curiger, ex-directrice de la Kunsthaus de Zurich, les promoteurs ont visé haut, avec la volonté d’inscrire la Fondation sur la carte européenne des grandes institutio­ns, tout en rendant hommage au peintre hollandais. En effet, jusqu’à présent, aucun tableau de Van Gogh n’avait jamais été exposé à Arles, sa ville d’adoption. Une première exposition introducti­ve Couleurs du Nord, Couleurs du Sud rend hommage à la carrière du peintre en le confrontan­t intelligem­ment à ses contempora­ins dont il aura autant appris que cherché à se démarquer. Outre la dizaine de toiles de Van Gogh ( dont un autoportra­it, la Maison jaune ou le Zouave), on peut y voir Monet, Gauguin, Monticelli ou Pissarro. Le grand public risque cependant de rester sur sa faim devant la brièveté de l’exposition, malgré les chefs-d’oeuvre qu’elle contient, étant donné que la plus grande partie des salles est réservée à l’exposition contempora­ine Van Gogh Life ! montée par Bice Curiger. Il n’est pas sûr qu’il se laissera convaincre par la mise en couleur des cimaises de l’exposition classique due à Gary Hume, censée annoncer la suite, même si l’artiste anglais est l’un des plus convaincan­ts de la sélection avec ses Marbres incrustés. Ce sont heureuseme­nt les oeuvres pérennes réalisées pour le bâtiment – un hôtel particulie­r dont les parties les plus anciennes datent du 15e siècle – qui sont celles qui revisitent Van Gogh avec le plus de pertinence. Référence réfléchie (dans tous les sens du terme) par Raphaël Hefti dans son installati­on sculptural­e colorée sur le toit, référence picturale et signi- fiante de Bertrand Lavier sur les deux faces du portail d’entrée. Quant au reste de l’exposition, elle n’a rien de collectif, chaque artiste occupant une salle de façon plus ou moins convaincan­te : poétique pour Camille Henrot, déjantée pour Guillaume Bruère, environnem­entale pour Fritz Hauser et sans surprise pour Thomas Hirschhorn. Si la Fondation Van Gogh est parfaiteme­nt intégrée dans le tissu urbain (la vue de ses terrasses vaut le coup d’oeil), le futur Campus Luma s’en distingue par son ampleur et son architectu­re beaucoup plus « gestuelle », dans le plus pur style de Frank Gehry, même si celui-ci déclare s’être inspiré de la confi-

guration « circulaire » de la cité romaine. Son bâtiment phare – une tour d’une hauteur de soixante mètres – marquera un véritable signal qui servira de point de repère à l’ancien parc des Ateliers de la SNCF sur lequel va se déployer ce campus qui, à l’horizon 2018, accueiller­a également le siège des éditions Actes Sud et l’École nationale de photograph­ie, tous deux associés à cette aventure. Pour Maja Hoffmann, il s’agira d’édifier là un véritable « centre de ressources sur l’art », à nul autre pareil, un véritable « archipel » tenant à la fois compte des bâtiments industriel­s existants et d’une programmat­ion pluridisci­plinaire, comme le préfigure l’actuelle exposition Solaris Chronicles, autour de Frank Gehry. Elle présente, jusqu’au 26 octobre, des maquettes à grande échelle d’ouvrages déjà réalisés (Guggenheim Museum, Bilbao) ou non (siège de l’entreprise facebook), ainsi que des performanc­es d’artistes, l’ensemble étant mis en scène par Philippe Parreno et Tino Sehgal.

No, not the annual photograph­y festival, but the increasing­ly rich developmen­ts in contempora­ry art are the subject of this short piece about Arles. After the reopening of the Fondation Van Gogh and the laying of the first stone of the Luma Foundation (now known as Campus Luma), this old Roman city on the Rhône has a whole new cultural infrastruc­ture coming. To thank is Luc Hoffmann, an ornitholog­ist, ecologist and philanthro­pist, and his daughter, Maja, a committed patron and discerning collector of art. Having put time and money into preserving the natural park of the Camargue, Hoffmann has since committed himself to reviving the old Van Gogh Foundation set up in 1983 by Yolande Clergue. He has aimed high, placing former Parkett editor and ex- director of the Kunsthaus Zurich Bice Curiger at its head, with a mission to establish the Foundation on the European institutio­nal map. And also, of course to pay homage to Van Gogh: bear in mind that no Van Gogh painting has ever been exhibited in Arles, where he so memorably sojourned. The Foundation’s first show, Couleurs du Nord, Couleurs du Sud, features some ten of his paintings (including a self-portrait, the Yellow House and the Zouave), alongside works by Monet, Gauguin, Monticelli and Pissarro. There are some genuine masterpiec­es, but this small-scale exhibition may leave the general public unsatisfie­d. Most of the rooms, in fact, are reserved for Curiger’s Van Gogh Life ! show, which is all contempora­ry art. Will visitors be convinced by Gary Hume’s coloring of the picture walls, even if this English artist has also created some very convincing “Inlaid Marbles” as permanent works for the building, a mansion of which parts date back to the fifteenth century? Their evocation of Van Gogh is telling. Raphaël Hefti offers a reflective response (in both senses of that adjective) in his colored sculptural installati­on on the roof, while Bertrand Lavier has a strong painted work on the two sides of the entrance portal. As for the rest, the spirit is hardly that of a group show. Each artist has their own room, which they occupy in more or less convincing fashion: poetic for Camille Henrot, wacky for Guillaume Bruère, environmen­t-wise for Fritz Hauser, and predictabl­y for Thomas Hirschhorn. If the Fondation Van Gogh is fully integrated into the old urban fabric (and there’s a great view from the terraces), the future Campus Luma is a much more sweeping, contempora­ry gesture, in trademark Frank Gehry style, even if he admits to taking inspiratio­n from the “circular” configurat­ion of the Roman urban layout. His sixtymeter tower will serve as a beacon signaling the old SNCF yards, site of a campus slated to open in around 2018, when it will be home to publishing company Actes Sud and the École Nationale de Photograph­ie. For Maja Hoffmann, the idea is to create a genuine “art resources center,” a unique “archipelag­o” that makes the most of the existing industrial buildings and can accommodat­e the kind of multidisci­plinary program announced by the current exhibition, Solaris Chronicles (thru October 26), around Frank Gehry, featuring large-scale models of his earlier projects, both realized (Guggenheim, Bilbao) and not (Facebook headquarte­rs), as well as artists’ performanc­es, in a staging by Philippe Parreno and Tino Sehgal.

Translatio­n, C. Penwarden

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Ci-dessus, de gauche à droite / above, from left: Maquette du bâtimentre­ssource de LUMA, Arles. Maquette of the LUMA resource building Vue de l’entrée du bâtiment-ressource de LUMA Arles, avenue Victor-Hugo. (Court. Gehry Partners, LLP) Entrance of the...
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