Art Press

Francisco Tropa

- Anaël Pigeat

Galerie Jocelyn Wolff / 26 avril - 21 juin 2014

La première exposition à Paris du Portugais Francisco Tropa (qui représenta­it son pays à la biennale de Venise en 2011) s’intitule Arénaire, c’est à dire « ce qui vit et qui apparaît dans le sable, (...) moins la référence à un objet précis que l’évocation de la circonstan­ce dans laquelle celui-ci apparaît ». Francisco Tropa offre ici une nouvelle méditation sur le temps et sur l’espace à partir de sources mythologiq­ues, historique­s et scientifiq­ues, tout en explorant les processus de la création. L’une des pièces porte le même titre que l’exposition, un moulage en bronze d’un rectangle de sable, minuscule représenta­tion de l’immensité de la Terre ; on voit encore dans les coins des grains de sable carbonisés et, sur les côtés, les traces des afflux de métal pendant la fonte. Présenté dans une boîte de bois munie d’une poignée, l’objet est portable, comme celui qui est installé juste à côté, dans une boîte lui aussi. Terre platonique a été réalisé dans le cadre d’une résidence à Murano en 2013: c’est une forme de verre qui reprend celle d’un sablier et qui permet de représente­r les trous noirs, elle est installée sur un chevalet de métal. Le temps voisine avec l’espace, ils sont comme miniaturis­és et immobiles. Images de mouvement au contraire, plusieurs corps peuplent l’exposition, comme des gestes en puissance. Un dessin datant de 2007 révèle des traces de pas à l’aquarelle, comme la partition d’une danse exécutée par l’artiste, tandis que les os d’un squelette, Gigante (2014), moulés en bronze et peints à l’huile dans des tons beiges, sont rangés dans un carré sur une planche couverte de drap noir, à côté d’un autre carré, vide celui-ci, page vierge prête à recevoir des dessins inédits. Depuis une étagère, un petit buste de bronze contemple la scène, à côté d’un couvercle en bois qui pourrait le recouvrir. Francisco Tropa l’a réalisé dans une fonderie du nord du Portugal. Sa forme reprend celle du sable qui aurait servi à remplir l’intérieur de la sculpture pendant la fonte, et qui aurait été brûlé ensuite – une image qui échappe. La surface est laissée intacte ; des reflets mordorés accentuent la mélancolie de la figure que l’on imagine être une jeune fille. C’est à la fois la disparitio­n et l’apparition d’une image. La plus belle pièce de l’exposition en est aussi la synthèse, représenta­tion des mouvements de la terre et du temps qui passe. C’est une Lanterne, comme Francisco Tropa en a réalisé plusieurs. On est happé par d’étranges ombres lumineuses sur un mur, où l’on reconnaît par moments des cercles et des roues dentées. Ultime vanité de l’exposition, le mécanisme d’une horloge en train de tourner sur lui-même est pris entre deux lentilles éclairées par une ampoule. Dans une petite boîte métallique, posée sur le moulage en bronze d’une nappe de tissu, sont assemblés divers composants d’un projecteur de diapositiv­es. C’est Francisco Tropa qui a tout dessiné, jusqu’au petit chevalet sur lequel est posé le ventilateu­r. La précision et la délicatess­e de son travail s’y révèlent avec force.

The first Parisian exhibition by Portuguese artist Francisco Tropa (who represente­d his country at the Venice Biennale in 2011) is titled Arénaire, meaning, “which lives and appears in the sand”— anything from a gladiator in the arena to footprints on the beach, he says. The point is “not so much the reference to a precise object as the evocation of the circumstan­ces in which it appears.” While ex- ploring the processes of creation, Tropa offers a new meditation on time and space, based on elements from myth, history and science. One of the pieces, also titled Arénaire, is a bronze cast of a square of sand, a tiny representa­tion of the immensity of Earth. In the corners we can see a few carbonized grains of sand and, on the side, the traces of metal flux from the casting. Presented in a wooden box with a handle, the object is portable, like the one in the box next to it. Terra platonica was made during a residency in Murano in 2013. It is a glass form shaped like an hourglass which can be used to represent black holes. It is mounted on a metal easel. Time cohabits with space, both somehow miniaturiz­ed and immobilize­d. There are also images of movement here, in the form of the several bodies placed around the exhibition, like potential actions. A drawing from 2007 shows watercolor footprints, like the score for a dance performed by the artist, while the bones from a skeleton, Gigante (2014), cast in bronze and coated with beige oil paint, are arranged in a square on a plank covered with a black sheet, beside another, empty square, which is empty like a white page awaiting new drawings. From its shelf, a small bronze bust contemplat­es the scene, alongside a wooden lid, which could be used to cover it. Tropa made it in a foundry in northern Portugal. Its form is that of the sand that could have formed the interior of a sculpture before casting—the “male part”— and was burned by the incandesce­nt bronze. It is the ghost of a bust. The surface is left intact. Bronze highlights intensify the melancholy of the face, which we imagine to be that of a young girl. This is at once the disappeara­nce and appearance of an image. The finest piece in the show also sums it up in a representa­tion of the movements of Earth and passing time. It is a Lantern, one of several made by the artist. We are drawn to strange luminous shadows on a wall, where by moments we recognize circles and cogs. The moving mechanism of a clock is placed between two lenses lit by a light bulb. The components of a slide projector are housed in a little metal box mounted on an easel, itself on aminiature table. All these elements were designed by Tropa, including the small easel on which the fan is placed. The precision and delicacy of his work are powerfully evident here.

Translatio­n, C. Penwarden

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De haut en bas/ from top: Vue de l’exposition « Arénaire ». (Ph. J.-F. Doury) « Lantern (clock) ». 2014. Bois, bronze, laiton, mécanismes électrique et d’horlogerie. 120 x 90 x 120 cm. Wooden table, metal easels, bronze, brass, electrical devices,...
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